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Les quatre piliers de l’islam(isme...)
Mars 1987
Revue « Arabies »
mensuel du monde arabe et de la francophonie
édité par la « Société de conseil en communication » - 4, rue de la Cure - Paris 16e

Soucieuses «du bien-être temporel des croyants et de leur développement spirituel», ces organisations étendent leurs réseaux aux quatre coins du monde musulman

Maati Bouabid, premier ministre du Maroc, préside un colloque sur Jérusalem organisé en collaboration avec l'UNESCO en 1980.
Maati Bouabid, premier ministre du Maroc,
préside un colloque sur Jérusalem
organisé en collaboration avec l'UNESCO en 1980.

La population musulmane est estimée à plus de 800 millions d'âmes. Elle dépasserait même le milliard, selon les statistiques des Nations unies. Pour beaucoup de musulmans, les valeurs religieuses sont inséparables des valeurs socio-politiques : liberté, dignité, souveraineté de la communauté islamique (Oumma). Spirituel et temporel coexistent toujours en terre d'islam, et il est parfois difficile d'apprécier la part de l'un et de l'autre. Il ne faut cependant pas confondre monde musulman et monde arabe : les trois quarts des musulmans ne sont pas arabes ; et tout Arabe n'est pas nécessairement musulman.
Les musulmans sont majoritaires dans 46 pays. Dans le passé, par-delà les frontières étatiques, l'unité de la communauté musulmane (Oumma) était symbolisée par l'autorité des successeurs du Prophète Mohamed, les califes. Le califat a été supprimé le 3 mars 1924 par les kémalistes turcs laïcisants. Cependant, l'unité est demeurée une revendication constante de l'Oumma. L'un des signes de sa vitalité apparaît dans le foisonnement des institutions qui tentent de restaurer la solidarité islamique. La diversité des régimes politiques rend cette tentative malaisée, mais les ressources économiques de certains pays - notamment le pétrole - contribuent à financer la quasi-totalité de ces institutions, parmi lesquelles se distinguent le Congrès du monde musulman, la Ligue islamique mondiale, l'Organisation de ta conférence islamique et la World Federation of Islamic Missions.

CONGRÈS DU MONDE MUSULMAN

C'est une organisation non-gouvernementale, fondée en 1926, lors de la réunion de la conférence islamique mondiale de La Mecque, Son premier président est le Grand Mufti de Palestine. L'Egypte, quelques mois auparavant, avait échoué dans sa tentative d'imposer l'autorité des responsables de l'institut théologique d'Al-Azhar (Le Caire).
Cependant, la conférence de La Mecque ne réussit pas à rétablir le califat, et les divisions constatées au sein de l'assemblée ne permettent de reprendre les réunions qu'en décembre 1931, lorsque les liens de solidarité entre les pays arabes et musulmans se resserrent, à la suite des incidents d'août 1929, à Jérusalem, entre musulmans et juifs.
Le congrès panislamique de Jérusalem décide, en particulier, la création d'une université islamique, à Jérusalem, ainsi que d'une commission de prédication et de direction spirituelle. Cependant le Congrès du monde musulman doit cesser ses activités après le partage de la Palestine (1947-1948).
A la suite de la seconde guerre mondiale, en 1945, Ïa Ligue arabe est fondée. De par ses objectifs, elle prend partiellement le relais du Congrès. Les musulmans du sous-continent indien organise de leur côté la conférence de Karachi en 1949. Le siège du Congrès du monde musulman est fixé à Karachi, en 1951. Un secrétariat est créé et les objectifs sont clairement définis. La conférence de Mogadisciô (1965) institue un sommet périodique des chefs d'Etat musulmans.
Le Congrès se propose de populariser le concept idéologique d'une communauté islamique mondiale ; d'établir entre les membres de celle-ci des liens «de bonne volonté, de compréhension et d'amitié» ; d'améliorer le niveau socio-économique et culturel des musulmans ; de promouvoir un marché commun islamique ; de se doter de moyens autonomes pour rassembler et redistribuer des informations objectives sur le monde islamique ; de contribuer à réaliser les conditions permettant de respecter la dignité et la valeur de la personne humaine ; de rassembler les musulmans pour le maintien de la paix et de la sécurité internationale ; de soutenir les mouvements de libération et de progrès dans le monde entier, et particulièrement parmi les peuples musulmans ; de travailler à la solidarité intellectuelle et morale de l'Humanité.

Pour finir, quelques repères concernant le Congrès du monde musulman...
Président : Maarouf al-Da-walibi, ancien président du Conseil de Syrie.
Siège: 224 Sharafabad, 0511 Karachi-Pakistan.
Tél. : 4197 15 et 41 7665.
Secrétariat : In'amullah Khan (depuis 1951).
Publications : The Muslim World (hebdomadaire), TAe Muslim Minorities (annuel), World Muslim Gazette.

LIGUE ISLAMIQUE MONDIALE (LIM)

C'est une organisation non-gouvernementale, créée à la suite de l'assemblée des Ulémas réunie à La Mecque durant le pèlerinage de 1962.
La création de la Ligue correspond à une Renaissance spirituelle et culturelle de l'Oum-ma. En principe, tous les pays musulmans y sont représentés ainsi que les minorités musulmanes dans les pays non-musulmans.
La Ligue se propose de propager le message de l'islam ;de donner une information correcte sur l'islam et les musulmans ; d'aider les musulmans, particulièrement ceux qui sont opprimés ou en situation minoritaire, à défendre leur religion, leur éducation et leur culture ; de préserver l'unité de croyance, en s'efforçant de faciliter la cohésion entre musulmans de diverses tendances ; de contribuer à la paix, à l'harmonie et à la coopération internationales, fondées sur la justice et l'égalité. Ouverte aux possibilités de rencontres avec les chrétiens, la Ligue joue un rôle important dans la réalisation de projets intéressant l'islam. A Paris, par exemple, c'est la Ligue qui anime l'émission religieuse du dimanche, sur Antenne 2.
Le Conseil constituant est l'organe suprême de la LIM. Il comprend 53 membres qui représentent les musulmans du monde entier et se réunit une fois par an à La Mecque.
En 1974, la LIM a réuni à La Mecque la conférence internationale des organisations islamiques. Cent cinquante de ces dernières y ont participé. Cette conférence a eu pour résultat la création de deux organismes étroitement liés à la LIM :
• Les conseils régionaux des organisations islamiques, organes consultatifs implantés dans les cinq continents (1974).
Ils sont subventionnés par la LIM, qui dépend surtout, financièrement, de l'Arabie Saoudite.
• Le conseil mondial des mosquées (1975), dont les services organisent des stages de formation pour les imams et les prédicateurs. La construction de nouvelles mosquées, particulièrement en Europe, relève de leur compétence. Un institut pour la propagation de l'islam a été créé à Fès, en 1983. La Ligue comporte également un conseil de la jurisprudence islamique. organe consultatif chargé d'examiner les problèmes posés par l'application de la Chari'a (Droit canon).

Voici les principales coordonnées de la LIM...
Secrétariat général : Abdal-lah Omar Nassif (1983), professeur d'université (chaire de géologie).
Siège : La Mecque, avenue Al-Mansour, P.O.Box 537 ou 538
Tel.5364477.
Bureau parisien : 22, rue François-Bonvin, 75015 Paris.
Responsable : M. Kinani, ancien représentant de la Syrie à l'Unesco.
Publications : Akhbar aî-Aîam al-islami (hebdomadaire), Rabitat aî-Alam aî-isîami (mensuel), The Journal (mensuel), Da'wat al-Haqq (mensuel).

ORGANISATION DE LA CONFÉRENCE ISLAMIQUE (OCI)

C'est au premier sommet des chefs d'Etat et de gouvernement islamiques réunis à Rabat en septembre 1969 (22 pays musulmans y étaient présents) qu'est décidé la création de rOCI- Au lendemain de la tentative d'incendie de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, l'islam mondial témoigne ainsi de sa solidarité. Le roi Fayçal joue un rôle important dans la fondation de l'OCI. Une fédération islamique mondiale des organisations étudiantes est parallèlement créée.
La première conférence des ministres des Affaires étrangères, prévue dans le communiqué final de Rabat, se tient à Djeddah en mars 1970. Elle décide de se retrouver chaque année et de constituer un secrétariat permanent.
La charte de la solidarité islamique est adoptée en 1972. Deux ans plus tard, FOCI défend le point de vue selon lequel «les musulmans seuls peuvent être les gardiens fidèles et impartiaux de Jérusalem, pour la simple raison qu'ils sont tes seuls à croire, en même temps, au trois religions révélées qui ont leurs racines à Jérusalem (sommet islamique de Lahore, février 1974). Un séminaire international sur Jérusalem, organisé par l'OCI en décembre 1981, au siège de FUnesco à Paris, confirme cette prise de position. L'organisation obtient le statut d'observateur à l'ONU (1975).
Le sort de la ville de Jérusalem inquiète encore en 1980 tous les musulmans. L'OCI se concerte avec le groupe islamique de l'ONU et le Conseil de sécurité est convoqué pour statuer sur la politique de judaïsation appliquée par Israël à Jérusalem. Celle-ci est condamnée et le Conseil réaffirme le caractère international de la ville, défini par l'Assemblée générale des Nations unies en 1947. Fin 1980, se tient à Rabat une réunion destinée à élaborer un programme d'action pour libérer Jérusalem et les territoires occupés. Programme qui est présenté en janvier 1981 au sommet de Taef (près de La Mecque).
Ce sommet revêt une importance considérable. Il se termine par une déclaration solennelle : l'Appel de La Mecque. On y trouve l'exposé des objectifs de l'OCI Celle-ci, lit-on. s'intéresse aux problèmes politiques et aux problèmes de développement social, économique et culturel. Elle s'emploie, en outre, à défendre l'islam en tant que religion de progrès et en tant que civilisation «ouverte et constructive». Le secrétaire général de l'OCI est Chari-fuddin Pirzada, ancien ministre pakistanais de la Justice (1984). Il est élu pour deux ans par la conférence des ministres des Affaires étrangères.

WORLD FEDERATION 0F ISLAMIC MISSIONS (WFIM)

Cette organisation est fondée en 1958 à Karachi, dans le but d'exposer, de propager et d'appliquer les enseignements et les idéaux de l'islam ; de fonder et d'entretenir des missions islamiques et d'autres institutions humanitaires ; de créer et de développer des institutions destinées à former des théologiens, des missionnaires, des professeurs et des travailleurs sociaux ; de développer des institutions éducatives au sens large, notamment celles qui travaillent à la cause de l'islam et des musulmans, ou qui se consacrent à des recherches sur l'islam, l'histoire comparée des religions, les idéologies modernes. La WFIM se préoccupe en outre de fonder et d'entretenir mosquées, salles de conférences, bibliothèques, auberges de jeunesse, clubs islamiques et centres de culture physique ; d'organiser des filiales pour les jeunes, de coordonner son action avec d'autres organisations ; de travailler à l'unité et à la solidarité islamique ; enfin de coopérer «sans compromission», conformément aux principes de l'islam, avec les adeptes d'autres religions ou idéologies, afin de combattre ensemble «les forces de l'athéisme et de l'immoralité».

Ci-dessous les principaux repères de la WFIM, aujourd'hui...
Secrétariat général : Mohamed Ja'far.
Siège : Islamic Center, B Block, North Nazimabad, Karachi 33 Pakistan-Tel. 6141 56.
Publications : The Minaret International (mensuel).

GHASSAN ABOU-RICHÉ