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Source : http://gallica.bnf.fr/Catalogue/noticesInd/FRBNF33989145.htm

Titre : Histoire des differens peuples du monde contenant les ceremonies religieuses et civiles l origine des religions leurs sectes et superstitions et les moeurs et usages de chaque nation

Auteur : Contant d'Orville, André-Guillaume (1730?-....)

Editeur : Paris : Hérissant fils, 1770-1771

CHAPITRE VII
(Tome 6)

L'alcoran

Les mots Arabes Al'coran, signifient à la lettre livre ou collection : ce livre de la loi musulmane est le livre par excellence, qui contient les révélations & la fausse doctrine du prophète Mahomet. Les Musulmans croient comme un article de foi, que Mahomet, qu'ils disent avoir été un homme simple & sans lettres, a reçu ce livre de Dieu, par le ministère de l'ange Gabriel, écrit sur un parchemin fait de la peau du bélier qu'Abraham immola à la place de son fils Isaac, & qui ne lui fut communiqué que verset a verset , pendant l'espace de vingt-trois ans. Ce long espace de temps offre une merveilleuse ressource aux commentateurs pour concilier les contradictions dont ce livre fourmille. Lorsqu'on leur en fait remarquer, ils répondent aussitôt ; « Dieu a réformé tel passage par tel autre qu'ils citent ».

Tout l'alcoran est divisé en chapitres, quî eux-mêmes font sous-divisés en versets sans aucune suite, La plupart de ces chapitres ont des titres, comme de la vache, de l'éléphant, des fourmis, des mouches, qui d'abord paraissent ridicules , d'autant qu'ils ne contiennent souvent rien de ce que les titres annoncent. Mais M. Sale, auteur d'une excellente traduction de l'alcoran, nous apprend que cela vient de ce que le verset ou le passage dans lequel ce mot se rencontre, a été écrit ou révélé avant d'autres qui l'ont dû précéder ensuite, & que d'ordinaire le titre du chapitre a été pris du premier mot qui a paru digne de remarque à ceux qui ont rassemblé les versets .

Il y a sept éditions principales de l'alcoran. La première contient six mille lignes ; les autres en contiennent deux cents ou deux cents trente-six de plus, mais dans tous le nombre des mots & des lettres est égal ; celui des mots est de soixante-dix-sept mille six cents trente-neuf, & celui des lettres de trois cents vingt-trois mille quinze. On sait que les Juifs ont scrupuleusement suputé les versets, les lignes & les lettres de l'ancien testament, & il s'est trouvé de minutieux Chrétiens qui les ont imités, en faisant le calcul des paroles du nouveau. Chaque chapitre de l'alcoran, excepté le neuvième, commence par ces mots : « Au nom de Dieu très-miséricordieux »; & les Musulmans emploient cette formule dans tous leurs écrits publics & particuliers, que peut-être Mahomet a emprunté des Mages, ainsi que beaucoup d'autres choses.

L'alcoran est écrit avec beaucoup d'élégance, quoiqu'on y trouve fréquemment des expressions & des mots pris de toutes les différentes dialectes Arabes, ce qui semble choquant à ceux qui font particulièrement versés dans les langues orientales. Ils avouent cependant que, quoique écrit en prose, cette prose est cadencée & tout-à fait harmonieuse. Il est plein de figures hardies, d'expressions sentencieuses & de tours prophétiques imités des livres de l'ancien testament, & spécialement des prophètes. Les sonnites ou orthodoxes soutiennent avec enthousiasme que ce livre est éternel & incréé, existant en Dieu même, & qu'il est l'essence du grand livre des décrets divins. Pour appuyer cette singulière opinion, ils citent le passage suivant : « En vérité, nous avons envoyé le Coram dans la nuit d'Alkadr, & qu'est-ce qui pourra te faire comprendre combien est excellente la nuit d'Alkadr ? La nuit d'Alkadr est meilleure que mille mois : dans cette nuit descendent du ciel les anges & aussi l'esprit de Gabriel, par la permission de leur Seigneur, avec ses décrets concernant toutes choses. C'est la paix jusqu'a la visite du matin ». Le grand embarras des Musulmans est de savoir quand & quelle nuit est cet Alkadr.

Pour donner une idée de l'éloquence mâle du style de l'alcoran, il ne faut que transcrire les passages suivants. Mahomet en parlant de la cessation du déluge , s'exprime ainsi : « Dieu dit, terre engloutis tes eaux : ciel puises les eaux que tu as versées : le ciel & la terre obéirent ». On demande au prophète , quel est cet allah qu'il annonce ; il répond : « C'est celui qui tient l'être de toi-même , & de qui les autres le tiennent, qui n'engendre point & qui n'est point engendré, & à qui rien n'est semblable dans toute l'étendue des êtres ». A l'égard des grands préceptes de morale contenus dans ce livre, on peut citer ce passage du septième chapitre : « Soyez indugent, ou plutôt, pardonnez volontiers à qui vous offense, ne commandez jamais que ce qui est juste, recherchez qui vous chasse, donnez à qui vous ôte, faites du bien à tous , ne contestez pas avec les ignorants ; car Dieu veut que vous jettiez dans vos âmes les racines des plus grandes perfections ».

On peut rapporter en général toute la doctrine de l'alcoran aux points historiques & dogmatiques; les premiers, fondés sur quelques vérités, sont mêlés d'une infinité de fables & d'extravagances : on y trouve, par exemple, qu'après le châtiment de la première postérité des enfants d'Adam, que Mahomet appelle le premier des prophètes, Noë avait réparé ce que les premiers avaient perdu, qu'Abraham avait succédé à ce second Josephe au troisième; qu'un miracle avait produit & conservé Moïse ; qu'enfin saint Jean était venu prêcher l'évangile ; que Jésus-Christ, conçu sans corruption dans le sein d'une vierge exempte des tentations du démon, créé du souffle de Dieu, & animé de son Saint-Esprit, était venu l'établir, & que Mahomet l'avait confirmé. Quant au dogme, Mahomet enseigne que des peines & des récompenses attendent les hommes dans la vie future, mais il attache la félicité éternelle à une facilité sans bornes de contenter leurs désirs à cet égard, & les châtiments, principalement à la privation de ces plaisirs, accompagné de peines moins terribles par leur durée que par leur rigueur ; car il est dit dans l'alcoran que des tourments de l'enfer césseront un jour par la bonté de Mahomet, qui lavera les réprouvés dans une fontaine, & les admettra à un feslin composé des restes de celui qu'il aura fait aux bienheureux.

A la mort du prophète, Abubéker son successeur, fit rechercher tous les passages de l'alcoran qui étaient écrits sur des feuilles volantes ; il en composa un volume, auquel il donna le nom de Moshàf, c'est-à-dire, le livre ou le code par excellence, & il en confia la garde a Hapsha ou Aischa, veuve de Mahomet, comme l'original auquel on devait avoir recours en cas de dispute. Ce fut sur ce fameux original qu'Othman, qui succéda à Abubéker dans le califat, fit faire plusieurs copies de ce livre de la loi musulmane, & il supprima toutes les copies infidèles qui étaient déjà répandues dans l'Asie. On croit que Mohavia, calife de Babylone, ayant fait rassembler ces nouvelles copies de l'alcoran, les donna à examiner à six docteurs, qui conservèrent tous les passages qu'ils reconnurent être du prophète, & Jettèrent les autres dans la rivière; quelle que fût l'attention de ces tommes savants pour établir un seul & même fondement de leur doctrine, ils n'en devinrent pas moins les chefs de quatre sectes différentes. La première & la plus superstieuse est celle du docteur Mélik, suivie par les Maures & par les Arabes. La seconde , qu'on nomme l'Iméniane , conforme à la tradition d'Ali, est suivie par les Persans. Les Turcs onc embrassé celle d'Omar qui est la plus libre ; & celle d Odman, qu'on regarde comme la plus simple, est adoptée par les Tartares.

Nous terminerons ce chapitre par une remarque assez importante. Quelqu'absolu & quelqu'habile imposteur que fût Mahomet, il n'osa cependant jamais établir sa fausse mission par des miracles. On lui demanda plusieurs fois des signes, on le pressa d'en opérer, & ce fut inutilement. Lorsqu'on lui demande des miracles pour manifester sa vocation, il se tire d'affaire en faisant parler Dieu : « Les incrédules ( dit-il, chap. VI, intitulé le bétail) ont juré par le nom de Dieu, par le serment le plus solennel, que si un signe leur est donnée ils y croiront certainement : en vérité les signes sont au pouvoir de Dieu seul, & il permet que vous ne conceviez pas que, quand il viendrait des miracles, les incrédules n'y croiraient pas ; aussi nous écarterons la vérité de leurs yeux & de leurs coeurs, parce qu'ils n'ont pas cru dès le commencement, & nous les laisserons s'égarer dans leur erreur ». Le fourbe dit dans un autre endroit : « Les incrédules, à moins qu'un signe ne soit envoyé à Mahomet par ton Seigneur, ne croiront point. Voici la réponse du Seigneur :

« Je t'ai chargé seulement de prêcher, & non de faire des miracles, chaque nation a eu un législateur. Dieu sait ce que chaque femelle porte dans son sein, il sait de combien elle est en deçà ou en delà de son terme & le nombre de ses petits ». Ensuite faisant une brusque digression sur le sein de la femelle, il a l'adresse de faire perdre de vue les miracles dont il était d'abord question.