Article Sud Presse 26 juin 2003
BRUXELLES PROCÈS DES RÉSEAUX ISLAMISTES
Tuer Massoud: Un geste noble
Malika EA, invitée à s'exprimer une dernière fois à l'issue des répliques de son avocat, a déclaré mercredi devant le tribunal correctionnel de Bruxelles qui juge 23 présumés terroristes qu'elle ne désapprouve pas le geste de son mari, qui a commis en Afghanistan le 9 septembre 2001 un attentat suicide contre le commandant Massoud.
Elle a pleuré le roi Baudouin
Sept des défenses ont répondu mercredi matin aux répliques du procureur fédéral avant que leurs clients ne s'expriment une dernière fois. Les 10 autres défenses, dont les clients ne font pas défaut au procès, s'exprimeront à leur tour jeudi avant que l'affaire ne soit mise en délibéré. Malika EA. dont le procureur fédéral pense qu'elle reste radicale, a répété son credo. "Si je ne pleure pas Massoud. c'est à cause des atrocités que j 'ai découvertes sur lui et ses hommes en Afghanistan. J'ai pleuré le roi Baudouin et pas le roi Massoud", a déclaré cette Belge d'origine marocaine. Et d'ajouter au sujet de son mari qu'elle avait "trouvé très noble le geste qu'il a fait : laisser tout tomber malgré un avenir brillant et accourir au service d'un peuple. Tendre la main vers les autres, où est la faute ?", a-t-elle souligné. Son avocate. Alexandra Tempels, a précisé que ses opinions ne la rendaient pas membre d'une association de malfaiteurs ayant aidé des personnes à gagner l'Afghanistan pour y suivre des entraînements militaires.
Un argument similaire a été développé par Me Arne Verdoodt et Carine Couquelet, pour Amor Sliti, impliqué dans le même dossier et qui, selon le ministère public, aurait été au courant de l'arrivée en Belgique de Nizar Trabeli pour commettre un attentat. Sa défense le conteste. Ce n'est pas parce qu'il a des convictions antidémocratiques et qu'il pense que le pouvoir est dans les mains de Dieu qu'il doit être condamné. "La morale ne doit pas prendre le pas sur le droit", a conclu Me Couquelet. Les autres défenses ont répliqué que certaines des accusations ne reposent parfois que sur des témoignages à la crédibilité douteuse. Tous ont fortement minimisé l'implication de leur client, allant souvent jusqu'à replaider l'acquittement.
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