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Le Sepher Yetsirah fut imprimé en hébreu, à Mantoue, en 1562 et à Amsterdam en 1642. Ces deux éditions étaient généralement accompagnées des commentaires imputés à un rabbin ayant vécu au Xve siècle, le faux Abraham ben Dior ou ben David. L’auteur du Sepher Yetsirah demeure inconnu, tout comme la date à laquelle fut rédigé le texte original. On sait toutefois que ce document existait déjà au Xe siècle, époque où il fut traduit en langue arabe et commenté par Rabbi Saadiah. Ce livre semble avoir été à l’origine de la tradition kabbalistique - y compris celle de Siméon bar Yochaï – et le « Zohar » - qui passe pour être la bible des kabbalistes – ne serait qu’un ouvrage de vulgarisation découlant du Sepher Yetsirah. Selon certains historiens du judaïsme, l’ouvrage aurait été rédigé entre le Vie et le VIIe siècle de notre ère, à peu près au moment où Mahomet se fera le zélateur du dieu unique. D’aucuns prétendent même que le Sepher Yetsirah existait déjà plusieurs siècles avant notre ère et aurait d’abord été transmis oralement, d’initié en initié. Il pourrait alors s’agir de la version juive de la tradition nubienne, telle qu’elle fut enseignée par les prêtres d’Aton sous le règne d’Akhenaton et de Nefertiti (et au tout début du règne de leur fils). Cette tradition, transmise oralement à quelques initiés, aurait été portée à la connaissance du jeune prince Moïse qui l’aurait lui-même transmise aux prêtres de la nouvelle religion des Hébreux. Cette filiation est parfaitement cohérente et fait de la Nubie, le berceau de la kabbale.

Le Sepher Yetsirah est cité par les deux Thalmud et il ne fait guère de doute qu’il existait, du moins dans sa forme orale, avant le premier siècle de notre ère. Ce « livre de la création » est, en outre, souvent considéré comme « magique » car on prétend que celui qui en a percé les mystères devient lui-même un « créateur », dans la limite où se situe nécessairement toute action humaine. Dans le Thalmud de Babylone, on nous dit que Rabi Chanina et Rabi Oschaia s’asseyaient, à chaque veille de sabbat, pour méditer sur le livre de la création.. Et cela leur permettait de « créer » une génisse de trois ans qui leur serait ensuite de nourriture (Traité de Sanhédrin, fol. 67 verso). Selon le Thalmud de Jérusalem, un autre rabbin, Jehoschoua ben Chanania se vantait également de pouvoir réaliser des « miracles » du même ordre grâce au Sepher Yetsirah.

Notons encore que pour certains kabbalistes, le « père » du Sepher Yetsirah ne serait autre que le patriarche Abraham, celui auquel se réfèrent les trois religions monothéistes. Dans l’Antiquité, on attribuait à Abraham la paternité du système cosmogonique exposé dans ce livre et il était considéré – par les juifs, les chrétiens et les païens - comme un « savant astrologue » qui, par ses seules réflexions, avait déduit de la marche des astres que le monde n’avait eu qu’un seul créateur. Et au Moyen-Age, on croyait encore qu’Abraham était l’auteur du « Livre de la création ». Et si l’on sait que ce même Abraham joue un rôle essentiel dans les rites musulmans, on n’est pas loin de penser que le Sepher Yetsirah a influencé la pensée arabo-musulmane. Ce ne serait donc pas « pur hasard » si cet ouvrage ésotérique fut traduit en arabe aux environs des VIe-VIIe siècles. On relève, par ailleurs que dans le « Sepher ha-Gematria », il est dit « Ben Sira voulant étudier le Sepher Yetsirah entendit une vois venant du ciel qui disait   - Prends un compagnon... ». C’est aussi ce que dira Mahomet à ses premiers disciples.

Quoi qu’il en soit, le Sepher Yetsirah demeure un ouvrage dont l’étude et l’analyse est délicate, même pour les spécialistes. Le style est concis, didactique, sans accumulation de synonyme et de redites. En cela, il est très différent du coran, ouvrage confus par excellence. C’est le langage que l’on retrouve dans la « Mishna » et on ne le retrouve plus dans la littérature rabbinique postérieure. Le Sepher Yetsirah présente son système cosmogonique comme une vérité absolue mais non comme une « révélation ». Ce système est le fruit des réflexions de l’auteur (donc d’un simple mortel). Il ne s’agit pas, comme dans le coran, de prétendues révélations divines. D’ailleurs, l’ouvrage ne se présente pas comme ayant une vocation strictement religieuse. L’une des difficultés de compréhension de ce livre tient des différentes traductions qui en ont été données. Comme l’Arabe primitif, l’hébreu ancien peut être traduit de différentes façons, ce qui ne facilite pas la lecture des textes les plus archaïques. L’ouvrage est, d’autre part, truffé de « clefs » numériques que l’on peut interpréter très diversement.

Le tableau reproduit ci-dessous nous donne l’un des schémas interprétatifs du système des Sephiroth.

Sephiroth (tableau)
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Sepher Yetsirah
Première page d’un exemplaire du Sepher Yetsirah ou « Livre de la Création » des Kabbalistes juifs.
Cette édition a été imprimée au XVIIe siècle.