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"La 3e guerre mondiale a commencé" a été publié par Jean-Cyrille Godefroy en 1982 aux éditions Seld-Jean Cyrille Godefroy, 12, rue Chabanais, 75002 Paris.
ISBN 2.86553.158.9
Extrait :
Qui est habilité à déclencher le djihad ? Ce sont les docteurs de la loi islamique, les oulémas. Ils le déclenchent par une fatoua, c'est-à-dire un avis juridique basé sur les textes sacrés de l'islam. Contrairement à l'Eglise catholique, l'islam n'est pas hiérarchisé sous la houlette d'un chef suprême. Chaque ouléma est responsable devant Allah et la communauté : il est en droit de proclamer le djihad en fonction d'intérêts politiques lui tenant à cœur. Ses ouailles sont libres de le suivre ou non.
Il y a un esprit des religions, comme il y a un esprit des lois. Celui de l'islam, c'est la violence. Prétendre que l'islam est une religion pacifique, c'est ne pas regarder la réalité en face ou manier la langue de bois : le Coran recèle une centaine de versets qui sont un appel au meurtre. Et l'histoire de l'islam est celle de ses armes.
Certes, le christianisme lui aussi a du sang sur les mains : des massacres à grande échelle infligés par Charlemagne aux païens saxons pour les convertir, jusqu'aux inhumaines guerres entre catholiques et protestants, en passant par les croisades (analogues au djihad) pour reconquérir le Saint-Sépulcre, sans oublier les persécutions religieuses infligées par les conquistadores espagnols aux Amérindiens.
Mais c'était des dérives par rapport aux textes fondateurs, la Bible et plus encore les Evangiles, qui ne préconisaient pas la violence comme méthode de propagation de la foi. « Si on te frappe sur la joue droite, tends la joue gauche», dit Jésus-Christ. De même, les Pères de l'Eglise ne prônent pas la guerre sainte. Aussi le christianisme des premiers temps se répandit-il pacifiquement, par le bouche à oreille et le prestige spirituel de ses martyres (on ne peut plus pacifiques, ceux-là), non par l'épée.
Sur la question de la violence, le Coran est aux antipodes des Évangiles : il préconise la guerre sainte, et lui donne les pleins pouvoirs si nécessaire. Dans l'islam, c'est le pacifisme systématique qui est une déviation par rapport aux textes fondateurs.
A coté de cet islam pur et dur des premiers temps, il y a un Islam bienveillant, un islam paisible, qui lui, s'est engagé dans les voies de la souplesse et de la tolérance. L'islam des millions de musulmans d'aujourd'hui qui aspirent à l'émancipation de la femme, à une religiosité sereine, à une existence paisible, à une ouverture sur le monde. L'islam bienveillant des hommes et des femmes de bonne volonté, épris de paix et de savoir. Cet islam-là a besoin d'une réforme de ses dogmes religieux, d'une modernisation théologale. Il aspire plus ou moins consciemment au développement de la laïcité, des libertés, de la séparation des pouvoirs religieux et temporel.
Ce courant s'exprime dans la vie de tous les jours, à travers une partie des classes moyennes et des femmes : des millions d'entre elles refusent le joug de leur mari et de leur belle-famille, et le port du voile. Elles veulent faire des études poussées et envoyer leurs propres filles à l'école. Elles aspirent à un style de vie plus libre, où la mode et le glamour auraient leur place. Bravant la menace intégriste, elles multiplient les initiatives courageuses. Elles se montrent sans tchadors et avec des tenues vestimentaires à la mode occidentale dans tel quartier où les intégristes sont puissants. Elles s'expriment dans les médias au péril de leur vie, comme en Algérie, où durant les dix dernières années nombre d'entre elles furent égorgées, ou emmenées en captivité pour servir de bêtes à plaisir aux rebelles intégristes. Elles participent à des défilés de mannequin ou des concours de beauté. Ainsi, quatorze mille jeunes marocaines se sont portées candidates au concours de la Gazelle de l'Atlas, pour l'élection de miss Maroc 2002, malgré les pressions exercées par les groupes islamistes : ceux-ci abominent le concours de miss, qu'ils considèrent comme un outrage à l'islam, issu des œuvres de Satan.
Mais tous ces élans spontanés vers un assouplissement des modes de vie ne se traduisent pas par une modernisation des dogmes religieux de l'islam.