Vérité et poésie de la Bible

Vérité et poésie de la Bible
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« Vérité et poésie de la Bible », a été publiée en 1969 aux éditions Hatier, Paris.

Depuis bien longtemps, il est clair tant pour les juifs que pour les chrétiens (du moins ceux capables de lire autre chose que la Bible...), que la Bible n'est PAS la parole intangible de Dieu mais un livre écrit par des hommes et racontant l'histoire du peuple Juif.
L'histoire telle que relatée dans la Bible est parfois totalement historique, parfois totalement inventée, et parfois elle mélange le vrai et le faux.
Les musulmans n'ont pas encore été capables de faire vis à vis du coran ce que les juifs et les chrétiens ont été capables de faire vis à vis de la Bible : s'affranchir d'une superstition dogmatique archaïque (la parole intangible d'un Dieu) héritée d'une époque révolue.
Au 21ème siècle, les mahométans persistent encore, contre toutes les évidences, à vouloir entendre dans l'Al Coran le son des mots de Dieu tels que soit-disant prononcés par l'ange Gabriel et soit-disant entendus par Mahomet, alors que celui-çi ne fut que la victime d'un banal cas de crise de la quarantaine.

Extrait
page 17, le message universel de la bible, par jean bottéro

extrait page 17

C'est le 3 décembre 1872 que la Bible a perdu à jamais sa prérogative immémoriale d'être "le plus ancien livre connu", "un livre pas comme les autres", "écrit ou dicté par Dieu en personne".
Ce jour-là, devant la débonnaire Society of Biblical Archaeo-logy de Londres, G. Smith, l'un des premiers assyriologues, lesquels, après cinquante années d'acharnement et de génie à déchiffrer l'écriture cunéiforme, commençaient à inventorier le trésor des tablettes sorties du sol de l'antique Mésopotamie, annonça une extraordinaire découverte qu'il venait d'y effectuer : il y avait trouvé une histoire fort proche, même par les détails les plus significatifs, du récit biblique du Déluge, mais qui lui était antérieure et l'avait manifestement inspiré.
Du coup, la Bible rentrait dans le courant de la littérature universelle et prenait place parmi la chaîne sans fin des œuvres rédigées par les hommes, avec cet enchevêtrement de création originale et de dépendance à l'égard de sources préalables, de fâillibilité et de clairvoyance, qui marque tout l'avancement de la pensée humaine.
Il devenait alors non moins manifeste que, comme tout ce qu'ont jamais produit les hommes, la Bible détenait donc une valeur commune à tous et un message universel.
Certes, ses origines d'ici-bas avérées ne sauraient sans témérité ni déraison être invoquées contre la vénérable croyance qui, au regard de millions d'hommes, la présentait et la présente encore comme le Livre de Dieu. Le propre de la Foi, c'est d'ajouter, au monde et aux choses tels qu'ils sont, une dimension surnaturelle perceptible aux seuls croyants; de raccorder l'univers à un univers superposé dont elle seule assure la vision et la certitude. Si le lignage et le comportement humains de Jésus n'ont jamais - au contraire ! - empêché ses fidèles de voir en lui aussi une nature et un pouvoir divins, en quoi l'humanité de la Bible les découragerait-elle d'y percevoir la parole de Dieu ? Seulement, cette parole, eux seuls peuvent l'entendre.