La crise du milieu de la vie
La crise du milieu de la vie, recto La crise du milieu de la vie, verso

"La crise du milieu de la vie" a été publié par Lucien Millet en 1993 (et réédité en 2003) aux éditions Masson
ISBN 2-294-01263-1

Extraits :

BOUFFÉES DÉLIRANTES aiguës
Fréquents chez l'adolescent, où ils sont le plus souvent décrits, les épisodes de psychose délirante aiguë peuvent se rencontrer comme manifestation majeure de la Crise du Milieu de la Vie. Comme chez le sujet plus jeune, les bouffées délirantes aiguës peuvent survenir en l'absence de tout état psychopathologique apparent antérieur. Nous en avons rencontré un certain nombre et en rapportons ici deux observations.
Raoul, 39 ans, nous est amené en urgence par un entourage très inquiété par une « crise mystique ». Il est effectivement en pleine bouffée délirante : cadre dans un bureau d'études appliquées à l'espace [note du webmaster : le coran contient des chapitres intitulés "l'étoile", "la lune", "Les signes célestes", "L'étoile nocturne", de plus Mahomet jure souvent par la lune, les étoiles, le ciel etc… sans oublier que la pierre noire de la Ka'aba est une météorite...], il nous explique avec une gentillesse souriante et naïve comment une « inspiration surnaturelle » va l'aider à « mettre l'Espace au service de l'Humanité ». Aucun antécédent psychiatrique n'est retrouvé à l'anamnèse sinon deux épisodes dépressifs discrets, lors du Service National, et de la première prise de fonction professionnelle. C'est d'ailleurs la perspective de promotions incertaines dans son travail qui semble être le facteur déclenchant de sa psychose délirante aiguë. Mais au fur et à mesure des entretiens et de son amélioration clinique, des éléments nouveaux apparaissent et s'ordonnent dans un contexte cohérent et caractéristique de Crise du Milieu de la Vie.
Raoul est issu d'un milieu de commerçants aisés, où « la vie de famille était inexistante » en raison des horaires de travail des parents ; son père, « très âgé, un patriarche », décède alors qu'il a 14 ans, après de longues années d'amoindrissement physique. Raoul, en fait, évolue lors de son enfance dans un milieu féminin : sa mère et ses deux sœurs aînées. Après de « longues années de solitude » (pensionnat, études supérieures) il se marie à 27 ans ; ses 3 enfants seront 3 filles, et il se retrouve à nouveau « entouré de femmes ». Ce qui, après l'avoir comblé un temps, finit par lui peser de plus en plus :
« cette vie familiale lente me crispe ». Sans se l'avouer, il étouffe entre son épouse et ses filles d'une part, et son travail de l'autre, d'autant que sa timidité le gêne pour établir des liens sociaux et amicaux. Il aspire confusément à quelque chose d'autre, que ses activités de chrétien militant ne peuvent suffire à lui apporter.
Tout est en place pour qu'une crise survienne ; l'introspection défaillante et les barrières morales contribueront à lui donner les caractères d'une psychose délirante aiguë. La résolution du délire sera favorable sous chimiothérapie.

TROUBLES D'ALLURE PARANOÏAQUE

Ils nous paraissent moins fréquents que les manifestations hypochondriaques, mais peuvent être rencontrés sous la forme de psychoses hallucinatoires chroniques, de décompensations de type sensitif, ou de délires de jalousie. Nous en rapporterons trois observations :
Jean a comblé à 42 ans, le vide de sa vie par le délire. De mystérieuses voix sont devenues ses compagnes secrètes. « C'est un type formidable... Il est fantastique... Quel type chouette ! » s'entend-il adresser parfois dans les circonstances les plus variées de sa vie, « il est sacrement musclé », entend-il lorsqu'il est sous la douche, « il conduit prudemment pour n'écraser personne », entend-il au volant de sa voiture. De l'admiration à la critique, la polarité s'inverse parfois et il se voit vilipendé par les voix qui, censeurs impitoyables, lui attribuaient des propos lénifiants : « II est toujours tout seul, il n'a que ce qu'il mérite, qui voudrait vivre avec lui... Il fait partie de la pédale... Il ferait mieux de se cacher. »
Jean était né de parents modestes. Le père exploitait une petite propriété qu'il arrosait de sa sueur pour pouvoir en retirer les maigres ressources nourrissant sa famille. Sa mère secondait le père dans ses travaux et élevait ses trois enfants. Jean était le plus jeune. Il se révéla de santé plus fragile que ses frères. Il était sensible, émotif, vulnérable. A l'école, ses frères lui servaient d'anges gardiens. Solitaire, manquant d'assurance, plutôt renfermé, ses petits camarades l'avaient baptisé « la coquille ». Il fit un cursus scolaire marqué par l'irrégularité, alors que ses capacités intellectuelles auraient permis de formuler de meilleurs auspices. La timidité silencieuse parlait souvent plus fort que son intelligence. Ayant obtenu un brevet d'ajusteur, il entra dans la vie active.
Son père tomba malade ; il pensa le perdre. Il eut transitoirement le projet d'abandonner son métier pour reprendre en main la petite exploitation familiale ; le père l'en dissuada. Jean continuerait son métier d'ouvrier.
Sur les conseils de sa famille il prit épouse et choisit pour partenaire, une cousine éloignée. Les parents qui avaient encouragé ce choix furent ravis de le voir se concrétiser. Propre, économe, volontaire, dynamique, elle était l'épouse « qu'il fallait » pour Jean, il pourait s'abriter derrière cette forte personnalité. De la personnalité, elle en avait, la cousine. Un peu trop. Son caractère autoritaire n'admettait pas la contradiction. Sa tendance économe virait à l'avarice, son esprit volontaire prenait des accents d'autoritarisme ; ayant pensé qu'il serait protégé, Jean se retrouva meurtri. Meurtri dans son âme et dans son honneur, car elle le ridiculisa impunément. Jean souffrait en silence. Sa femme le narguait avec arrogance. Il ne se départit pas de la résignation qu'il affichait. Il perdit dans le même temps son père et son épouse. La maladie ravit le premier. Un amant indélicat donna des ailes à la seconde. Affecté par la disparition de son père, il fut soulagé par le départ de sa femme.
Jean avait 41 ans. Il n'hésita pas à apporter de radicales modifications à sa vie. Il entreprit une procédure de divorce, louant la stérilité du couple. Il abandonna le bleu de l'ouvrier pour le coutil du paysan et retourna près de sa mère. Il s'adonna au dur labeur de la vie paysanne. C'est dans la solitude glacée de l'hiver que les premières voix s'adressèrent à lui. D'abord surpris, il s'habitua vite à ces courts commentaires sur lui-même. Il n'en parla tout d'abord à personne. Puis, ses compagnes sonores lui délivrant un contenu de plus en plus péjoratif, il se résolut à consulter son médecin. La crise du milieu de la vie de Jean fut précipitée par les événements traumatisants qu'il vécut. Les certitudes douloureuses engendrèrent le doute, les interrogations, les hésitations. Il passa, avoua-t-il, de mauvais moments, à ruminer son infortune, à tenter de former des perspectives d'avenir sécurisantes. Il pensa partir très loin, mais se résolut à un retour vers ses racines. Depuis son émergence psychotique, la sentence hallucinatoire comblait et scotomisait l'espace affectif du doute et du malaise.

Adriana, 42 ans, sans profession, mère de 3 enfants, entend depuis quelques mois, des paroles diverses que les gens profèrent dans la rue quand elle passe ; le plus souvent, on parle mal d'elle : « elle a une mauvaise vie, elle se tient mal, elle s'habille avec mauvais goût, elle doit tromper son mari ». Mais, quelquefois, au contraire « elle est sympathique... on fera tout pour l'aider... ». Elle est persuadée qu'il s'agit d'une réalité objective et sa conviction est absolue même si elle accepte d'en discuter en raison de la confiance qu'elle nous porte pour avoir déjà soigné sa mère dans le cadre d'un grave conflit conjugal.

La plupart des cas de « crise de la quarantaine » avec hallucinations auditives et/ou visuelles restent confinés dans la sphère médicale : on n'en entend pas parler SAUF SI...

peinture d'augustin lesage - la crise déclenche la révélation de talents artistiques cachés, comme ce fut le cas avec les tableaux résultants des hallucinations d'Augustin Lesage.

article - la crise est aigüe avec, comme dans le cas de Mahomet, visions et voix particulièrement réalistes et que cette crise, détectée trop tard et non soignée, pousse la personne en crise à s'en prendre à une vedette de la télévision.
C'est la mésaventure dont a été victime Nicolas Hulot, l'animateur de l'émission TV "Ushaïa", en septembre 2003.

Les psychiatres , et autres spécialistes des maladies mentales, parlent aussi de « crise de la quarantaine » ou encore de « mysticisme aberrant » pour désigner le comportement qui affecte certaines personnes aux environs de la quarantaine. Voici la définition du « mysticisme aberrant », telle qu’on peut la trouver dans le « Sexologia Lexikon » (Editions J-J. Pauvert et Gonthier – 1962).

fac-similé définition « mysticisme aberrant » du Sexologia Lexikon, editions J-J. Pauvert et Gonthier – 1962)

MYSTICISME ABERRANT. Locution définissant les excès pathologiques du mysticisme, d'où découlent les cas de manie collective ou de schizophrénie individuelle. La première forme aboutit parfois à la vie conventuelle et à l'extase de l'esprit, mais conduit aussi à Jeanne des Anges (v.). La seconde forme aboutit parfois à la sainteté, mais conduit aussi à la schizoïdie et même à une véritable démence. Le syndrome essentiel du mysticisme aberrant est la rupture du contact avec la réalité, le malade ne vivant plus que dans un monde intérieur qu'il s'est donné; le malade est entraîné à se désintéresser de tout ce qui n'est pas son rêve et à se comporter en aliéné. Les plus extraordinaires manies érotiques sont issues du mysticisme initial.

Cette définition - extraite d’un dictionnaire de sexologie – nous éclaire sur le comportement de Muhammad. On retrouve bien chez lui la rupture du contact avec la réalité qui se manifestera aux environs de 40 ans. Il va ensuite s’enfermer dans le « monde intérieur qu’il s’est donné », se désintéressant de tout ce qui ne se rapporte pas à ses délires. Il va ensuite être affecté de « manies érotiques » qui sont sans doute la conséquence de son mysticisme morbide.

L’analyse psychanalytique permet de comprendre le cheminement de Mahomet, ses errements et les incohérences de son comportement. Mais il ne faut jamais perdre de vue ses origines bédouines et l’influence de son entourage (voir ce qui est dit au chapitre 2).

La très sérieuse « Encyclopédia Universalis » (édition multimédia – 2002) trace comme suit le portrait de Mahomet :

« …On peut le créditer d’une grande intelligence, d’une habileté et d’une ténacité remarquables… Au début, une flamme ardente l’emporte, l’indignation le brûle et s’exprime par une véhémente poésie. Certes, le succès le gâta quelque peu. Il en vint à croire un peu trop facilement à des inspirations qui satisfaisaient ses penchants naturels. Mais il n’y a pas de raison majeure de mettre sa sincérité en doute jusqu’au bout. Il faut tenir compte des mœurs du temps et de son pays pour juger certains de ses actes, atroces ou quelque peu hypocrites (encore qu’ils semblent avoir suscité quelque réprobation à l’époque même). On voit là surtout la dégradation habituelle de la mystique…

…Sa vie privée influa sur ses déterminations et même sur ses idées. Après la mort de Khadidja, il épousa une veuve, bonne ménagère, Sawda, et aussi la petite A’ïsha, fille d’Abu Bakr, qui avait à peine une dizaine d’années. Ses penchants érotiques, longtemps contenus, devaient lui faire contracter concurremment une dizaine de mariages. Cela n’alla pas sans jalousie, intrigues et parfois scandales, avec d’opportunes interventions d’Allah. Le groupe constitué par sa fille Fatima et Ali, qui épousa celle-ci (ils lui donnèrent deux petits-fils, Hassan et Hussein), était hostile à celui que formaient deux des coépouses du prophète et leurs pères, Abu Bakr et ‘Umar, conseillers de celui-ci. Cette rivalité devait avoir de graves conséquences plus tard ».

Si l’on recoupe le texte extrait de l’Encyclopédia Unversalis avec la définition du Sexologia Lexikon, la personnalité profonde de Mahomet devient presque limpide.

Mahomet fut très certainement affecté par ce que les spécialistes nomment « crise mystique de la quarantaine », laquelle peut prendre un caractère « aberrant » chez certains sujets. Ce type de comportement est aujourd’hui bien connu des psychiatres mais, autrefois, il passait pour une preuve de « sainteté ». C’est celui qui incite des personnes dont le comportement avait été « normal », à rompre subitement avec leur milieu social, familial, professionnel ou culturel et ce, pour adhérer à une culture différente, à une religion ou à une secte.

Pour Mahomet, il faut – comme le précise l’encyclopédie – tenir compte de l’environnement social et familial typiquement arabe et des mœurs du temps. Chez lui, la crise mystique va entraîner des comportements violents, voire sadiques, qui alterneront avec des phases de grande piété. Elle va aussi amplifier certains penchants érotiques car le prétendu « prophète » va se permettre des « dérogations » sous prétexte de « permission divine ».

Le clan familial jouera un rôle central dans le développement de l’islam puisque les deux premiers « califes » ne seront autres que deux des beaux-pères de Mahomet (Abou Bakr et Omar), le suivant étant son genre Ali. Les rivalités familiales et conjugales seront à l’origine du premier schisme de l’islam, celui qui donnera naissance au chiisme. Fatima, l’unique enfant de Khadidja ayant survécu à la mort de son père, reprochait à plusieurs épouses – et notamment à la jeune A’ïcha – d’avoir commis l’acte d’adultère. On sait que Mahomet avait eu la malignité de faire intervenir Allah pour mettre fin aux ragots qui circulaient à ce propos. C’est ce qu’insinuent les rédacteurs de l’Universalis lorsqu’ils parlent des « opportunes interventions d’Allah ».

Mahomet était sans nul doute intelligent mais il était retord. Il savait manier le double langage et duper son entourage. Sa crise mystique n’a fait qu’amplifier ses défauts naturels.

Comme tous les malades de ce type, il pouvait apparaître sincère puisqu’il était imbibé du monde intérieur qu’il s’était forgé lors de ses retraites. En lui-même, il pouvait être convaincu d’avoir entendu des voix, comme dans les cas cités en extraits, et cette sincérité était de nature à tromper son entourage en cette époque lointaine où la médecine de l’esprit était inexistante.

Beaucoup de malades affectés par des crises de mysticisme aberrant sont dotés d’une bonne intelligence. Selon les circonstances et le milieu dans lequel ils vivent, leur maladie évoluera vers l’une ou l’autre des deux formes principales de cette pathologie. Chez Mahomet, le caractère sémite et l’environnement particulier de l’Arabie fera apparaître des traits évidents de schizoïdie (ou schizophrènie), non de sainteté.

Il est de plus démontré expérimentalement qu'une personne sujette à des hallucinations, peut à la longue, arriver à controler, guider, voire provoquer volontairement ces hallucinations, sous certaines conditions, conditions parfaitement réunis dans le cas de Mahomet.

Le cas de Mahomet eut été très banal s’il n’avait été à l’origine d’un phénomène religieux qui, par sa nature particulière, aura des répercussions socio-politiques considérables et durables. Aujourd’hui encore, près d’un milliard d’hommes et de femmes sont assujettis aux délires de ce malade mental !