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"Juifs et Chrétiens sous l'Islam : Face au danger intégriste" a été publié par Bat Ye'or en janvier 2005 aux éditions Berg International dans la collection Pensee politique et sciences
420 pages, ISBN : 2911289706
Cette étude éclaire les types de relations que l'islam a développés au cours des siècles avec les juifs et les chrétiens. La connaissance de relations complexes, inscrites dans l'histoire, constitue la base d'un travail de mémoire indispensable pour anticiper les éventuels conflits futur et les désamorcer, pour comprendre aussi la véritable teneur du danger intégriste. l'auteur :
Bat Ye'or, née en Egypte, de nationalité britannique est spécialiste des minorités religieuses dans les pays d'islam. Elle a publié en français Le Dhimmi, profil de l'opprimé en Orient et en Afrique du Nord depuis la conquête arabe (Paris, Anthropos, 1980) et Les chrétientés d'Orient entre Jihâd et dhimminitude (Paris, Cerf, 1991).
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TABLE DES MATIERES
Avant-propos ..... 9
PREMIÈRE PARTIE
I. L'ORIENT À LA VEILLE DE L'ISLAM ..... 11
LE CONTEXTE RELIGIEUX AU VIIe SIÈCLE ..... 11
NAISSANCE DE L'ÉTAT ISLAMIQUE ..... 14
LES CONQUÊTES ..... 21
LEJIHÂD ..... 23
Dogme ..... 25
Institutions ..... 30
Le Jihâd historique ..... 31
II. ASPECTS POLITIQUES ET ÉCONOMIQUES ..... 33
LE DOMAINE POLITIQUE ..... 38
Protection ..... 39
Désarmement ..... 42
Déportations ..... 43
Dépossession territoriale..... 45
Démographie ..... 48
Rébellions ..... 51
LE DOMAINE ÉCONOMIQUE ..... 56
Kharaj ..... 56
Jizya ..... 61
Taxes additionnelles ..... 64
LE DOMAINE JURIDIQUE ..... 67
RAPPORT PROTECTION-RANÇON ..... 72
III. ASPECTS RELIGIEUX ET SOCIAUX ..... 77
RELIGION ..... 78
Culte ..... 84
Conversion ..... 85
DÉGRADATION ..... 86
LES ÉLÉMENTS CLASSIQUES ..... 89
Vêtements ..... 90
Montures ..... 97
Comportements envers les dhimmis ..... 100
Habitations et déplacements ..... 102
Corvées ..... 105
Eléments régionaux .....'..... 106
COMPORTEMENTS DES DHIMMIS ..... 107
RELATIONS ENTRE COMMUNAUTÉS ..... 113
RELATIONS ENTRE L'ÉGLISE ET LA SYNAGOGUE ..... 115
IV. LA MODERNITÉ :
TEMPS D'ESPOIR, TEMPS DE CENDRES ..... 131
CONCLUSION..... 138
DEUXIÈME PARTIE
V. LA PÉRIODE DES MANDATS (1921-1956)..... 145
LES NATIONALISMES CHRÉTIENS
Les Arméniens ..... 147
Les Assyro-chaldéens ..... 148
Les Syro-libanais ..... 150
LE NATIONALISME JUIF : LE SIONISME ..... 153
L'ENTRE-DEUX-GUERRES..... 157
LA SÉCURITÉ AMBIGUË ..... 165
L'ANTISIONISME ISLAMO-CHRÉTIEN ..... 169
IV. DE L'EXODE DES JUIFS À L'EXODE DES CHRÉTIENS 175
« APRÈS SAMEDI, C'EST DIMANCHE » ..... 180
LE COMBAT CHRÉTIEN CONTRE LA DHIMMITUDE ..... 181
Egypte ..... 181
Liban ..... 184
DU MILLET À LA CITOYENNETÉ ..... 190
VII. JIHÂD ETDHIMMA : FORMULATIONS MODERNES ... 201
LES THÈMES ..... 201
L'HISTOIRE REFOULÉE ..... 208
LE JIHÂD MODERNE : LE CAS DE L'ANTISIONISME ..... 213
DU TIERS-MONDISME À L'ISLAMISME ..... 219
LE COURANT TIERS-MONDISTE MISSIONNAIRE ..... 223
VIiï. LE RETOURS DE LA DHIMMITUDE..... 229
PAYS APPLIQUANT LA CHARI'A
Arabie Saoudite ..... 230
Iran ..... 231
Soudan ..... 233
Pakistan ..... 234
PAYS S'INSPIRANT DE LA CHARI'A
Egypte..... 235
Judée-Samarie (Cisjordanie) ..... 237
CAUSES DE L'EXODE DES CHRÉTIENS ..... 240
LES STRATÉGIES ADOPTÉES ..... 242
Les stratégies de la dhimmitude :
Le silence ..... 242
L'interdiction du témoignage ..... 242
L'inculpation de boucs émissaires ..... 243
Les stratégies de la liberté :
Les Coptes ..... 247
Les Libanais chrétiens ..... 249
Les Soudanais ..... 250
LE CONSENSUS DU SILENCE ..... 250
LE DÉSARROI : RÉALITÉ ET IDÉOLOGIE ..... 257
IX. PROLONGEMENTS DES CONFLITS INTER-DHIMMIS
A L'EPOQUE MODERNE ..... 263
LE DOMAINE POLITIQUE :
DHIMMITUDE CHRÉTIENNE ET ANTISIONISME..... 263
LE DOMAINE THÉOLOGIQUE :
PALESTINOLATRIE ET INIQUITÉ D'ISRAËL ..... 269
LE DOMAINE INTERNATIONAL :
LA MONDIALISATION DE LA HAINE ..... 276
La délégitimisation ..... 279
L'isolement ..... 281
La tactique de substitution historique ..... 281
La satanisation..... 287
LA CULPABILISATION DE L'OCCIDENT ET SON INSTRUMENTALISATION ..... 291
X. LES MYTHES :
ANDALOUSIE ET COEXISTENCE PACIFIQUE ..... 297
LES AVATARS POLITIQUES DU MYTHE ANDALOU ..... 300
SYMPTOMES DE DHIMMITUDE EN OCCIDENT ..... 303
Terrorisme et insécurité ..... 303
Thématiques de la dhimmitude ..... 304
TACTIQUES ET RÉSEAUX..... 311
Récupération de la Choa ..... 311
Les buts ..... 313
CONSÉQUENCES DU DOGME DE VICTIMISATION ..... 315
CONCLUSION..... 316
DOCUMENTS ..... 329
DE LA DHIMMITUDE A L'ÈRE DE L'ÉMANCIPATION
Juifs et Chrétiens dans les provinces ottomanes syro-palestiniennes au xix siècle ..... 331
La dhimma en Algérie, au Maroc et en Tunisie, début xix siècle ..... 354
PERSE
Edits gouvernementaux-protégeant les dhimmis juifs et réactions des Mollahs ..... 359
LE XXe SIÈCLE
Chiraz (Perse) en 1910 ..... 361
Décret de l'imam Yahya du Yémen en 1905 ..... 363
Lettre de l'archevêque Ignace Mobarat de Beyrouth au président de la Commission d'Enquête de 1'U.N.S.C.O.P.
sur la question palestinienne (5 août 1947) ..... 365
L'autorité d'un non-musulman est-elle permise ? FATWA du 5 février 1993 (Arabie Saoudite) ..... 367
GLOSSAIRE ..... 369
BIBLIOGRAPHIE DES OUVRAGES CITÉS ..... 371
HISTORIENS ET THÉOLOGIENS MUSULMANS CITÉS ..... 399
HISTORIENS ET AUTEURS NON MUSULMANS CITÉS ..... 400
INDEX DES NOMS ..... 403
INDEX DES LIEUX ..... 411
Extrait (pages 172-173) :
LA PÉRIODE DES MANDATS (1921-1956)
Les sermons enflammés dans les mosquées, les manifestations massives aux cris de « Mort aux Juifs » encourageaient la violence. Des Juifs furent poignardés dans les rues ou dans leurs magasins à Bagdad (sept. 1936), Basra (1936), Aden (1933), Damas (1938). Des bombes jetées dans les synagogues firent plusieurs victimes à Beyrouth (7 août et 24 juillet 1938), Bagdad (septembre 1936), le Caire, Mansourah, Mahalla, Assiout (juillet 1939). Les succès nazis amplifièrent cette campagne ; enthousiasmées, les foules annonçaient le grand massacre des Juifs 70.
Durant l'année 1941, les contacts aux plus hauts niveaux se maintinrent entre les nazis, les nationalistes arabes et les officiers égyptiens et irakiens. En avril, l'Irakien Rachid Ali al-Kaylani, allié aux forces de l'Axe, s'empara du pouvoir. La présence à Bagdad du mufti de Jérusalem, fervent allié d'Hitler, favorisa une campagne de provocations, d'arrestations et de violences judéophobes. Malgré la fuite, le 29 mai, de Rachid Ali à l'approche des forces britanniques, les soldats irakiens, les policiers et les membres des groupes de jeunesse s'emparèrent, le 1er juin, de piétons juifs, les ligotèrent et les jetèrent sous les roues des tramways ; d'autres furent poignardés. Le massacre, les pillages, les viols, les incendies de magasins et de maisons juives, durèrent deux jours. Bilan : 170 à 180 Juifs tués et plusieurs centaines blessés 71.
Le 28 novembre 1941 à Berlin, le mufti de Jérusalem, accompagné de von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères, rencontra Hitler pour discuter du processus d'extermination des Juifs et de l'alliance arabo-nazie. Fin décembre, Rachid Ali, fort du support des nationalistes arabes, soumit aux Allemands un projet de traité entre l'Allemagne, l'Irak, la Syrie, le Liban, la Transjordanie et les Arabes palestiniens.
La révolte pro-nazie en Irak souleva en Egypte un immense enthousiasme. Pour l'armée, impatiente de rejeter la tutelle anglaise : « C'était le premier signe de la libération du monde arabe, et nous [les officiers] suivions le cours de la révolte avec admiration »72. Méfiantes envers l'armée égyptienne, les autorités britanniques la contraignirent à évacuer la région de Mersa Matruh (novembre 1941). A l'arrivée de l'Afrika Korps à El Alamein (1942), la foule hurlait dans les rues : Rommel ! Rommel !73.
De fait, avec au nord de la Méditerranée l'Europe occupée par l'Axe et au sud, l'hystérie pro-nazie des masses arabes, les Juifs du Levant étaient pris dans une nasse. En Afrique du Nord, au Liban et en Syrie, Vichy gouvernait les colonies arabes ; les fascistes italiens contrôlaient la Tripolitaine et Rommel siégeait aux portes d'Alexandrie. A l'est les nationalistes arabes irakiens avaient démontré leurs intentions dans un massacre de Juifs stoppé tardivement par les troupes britanniques. Quant à la Palestine, Londres en verrouillait les portes pour les Juifs. C'est à cette même époque que se constituèrent à Bagdad, au Caire et ailleurs, des groupes de jeunesse d'auto-défense juive, certes courageux mais dont les moyens n'en étaient pas moins dérisoires dans un tel contexte.