Le coran et l'islam, Etude historique et géo-politique > Communauté page 4
A PROPOS DE LA TURQUIE
Lexemple de la Turquie illustre le réflexe rétrograde populaire qui découle de l'incitation à l'osmose politico-religieuse prônée par la religion musulmane.
Pour tous ceux et celles qui connaissent le monde arabo-musulman, lattitude modérée et démocratique des ex-néo-islamistes turcs est une manuvre grossière dictée par les impératifs politiques du moment. Recep Tayyip Erdogan, et ses complices, sefforcent dintégrer lappareil étatique et dy placer leurs pions en attendant « leur heure », celle de la grande offensive islamique contre lOccident.
Comme tous les régimes fascistes, le nouveau pouvoir turc va, dans un premier temps, démontrer quil « lave plus blanc » que le précédent (le régime turc étant passablement corrompu). Cest une manuvre populiste classique qui vise à attirer la sympathie des « petites gens ». Mais nous savons comment ces régimes évoluent par la suite : vers la dictature la plus implacable avec abolition des libertés fondamentales. Cest ce qui attend la Turquie si les « crypto islamistes » se maintiennent au pouvoir dans ce pays et c'est ce qui attend l'Europe si on laisse entrer la turquie et l'islam dans l'union européenne.
La Turquie avait pourtant été le seul grand pays musulman à sêtre démarqué dans le sens dune réelle modernisation. Les Turcs devaient ce mouvement démancipation à Mustapha « Kemal » (surnom signifiant « Parfait »), un brillant officier formé au sein de lacadémie militaire de Constantinople. Son opposition au despotisme des sultans-califes lavait amené à adhérer au mouvement « Jeune Turc » Union et Progrès (dirigé par le général Enver Pacha) qui renversa le calife Abdul Hamid II en 1909.
Le général Mustapha Kemal réunira une assemblée républicaine à Erzeroum et sera nommé président du nouvel état indépendant. Il forme alors un gouvernement révolutionnaire à Angora (qui devient Ankara). Il obtiendra de la France la rétrocession de le Cilicie et chassera les Grecs dAsie mineure. Par le traité de Lausanne (23 août 1923), la république turque est instaurée officiellement.
Avec lappui de son parti unique, le général Kemal transforme lancien empire ottoman en une nation moderne. Il rompt catégoriquement avec les traditions musulmanes et fait abolir le califat en 1924. Il se tourne vers lEurope en faisant adopter le code civil suisse par son pays. En 1935, il fait promulguer une loi imposant le nom de famille (patronyme), se nommant lui-même « Ataturk » (père des Turcs). Le calendrier grégorien sera adopté ainsi que lalphabet latin.
Ataturk émancipa les femmes turques en leur octroyant le droit de vote et ce, bien avant la France.
Il fut un « dictateur éclairé » et, par ailleurs, un « dictateur malgré lui ». A sa mort, en 1938, cest le président du conseil Ismet Inonu, son compagnon de lutte et son seul véritable ami qui lui succède.
Ataturk avait montré lexemple de ce que pouvait être une véritable tentative de modernisation et de laïcisation dune société musulmane. Mais il na pas vécu assez longtemps pour mener son uvre à terme. Mort à lâge de 58 ans, il a laissé une uvre politique inachevée que ses successeurs ne parviendront pas (ou ne voudront pas) à parachever. Petit à petit, le régime politique turc sera gangrené par la corruption et le travail de sape des autorités musulmanes. Luvre dAtaturk est à présent sur le point de disparaître.
Cet exemple démontre par ailleurs quune société musulmane ne peut se débarrasser de ses tares ancestrales que par la volonté dun régime « fort » capable de se maintenir longuement au pouvoir. Vouloir laïciser un régime musulman sans passer par une phase transitoire de dictature militaire relève de lutopie. Les Américains commencent à sen rendre compte dans les pays où ils prétendaient installer des systèmes « à lOccidentale » (Afghanistan, ,Iraq, ) sans tenir compte de lénorme inertie et de lanachronisme qui est propre aux sociétés musulmanes, sociétés où la religion est beaucoup trop imbriquée dans les mécanismes socio-politiques.
Pour agrandir, cliquer dans le portrait
Lun des portraits officiels du président Mustapha Kemal Ataturk, fondateur de la Turquie moderne (1880-1938). Sil avait vécu vingt années de plus, il aurait peut-être réussi à parachever son uvre et à débarrasser définitivement son pays de linfluence délétère de lislam.
Dune certaine manière, le despotisme islamique na fait que sinscrire dans un contexte historique que les spécialistes désignent sous le nom de « despotisme oriental ». Cest le nom que lon donne aux gouvernements autoritaires qui furent observés et que lon observe encore dans les pays de l « Orient traditionnel », cette partie du monde qui va de lAfrique du Nord jusquaux confins de la Chine.
Dans le despotisme oriental, lEtat sincarne dans un monarque ou dans un « chef » dont les pouvoirs sont justifiés par un support religieux. Cétait le cas pour les Pharaons égyptiens, tout comme cest encore le cas pour les roitelets du pétrole (entre autres exemples). Le monarque oriental est maître de la vie et des biens de ses sujets. Sauf en ce qui concerne la classe sacerdotale (celle des religieux), la notion de privilège est à peu près ignorée : tous les sujets sont soumis de façon à peu près égale à lautorité du «chef suprême ». Cest le « service du prince » qui établit les distinctions sociales, non la naissance ou la richesse, et lindividu qui tient sa fortune et sa situation de la faveur du maître est toujours à la merci dune disgrâce qui le renverra dans le néant (au propre ou au figuré).
Le fait que lEtat se résume dans le « prince » a de grandes conséquences : la personnalité du despote en place est un élément majeur de lévolution politique, laquelle se caractérise généralement par la succession de «grands règnes » séparés par des périodes dinstabilité. Lhistoire de la Mésopotamie - des temps les plus lointains à nos jours est une parfaite illustration de ce mécanisme politique. En Irak, le dernier « grand règne » fut celui de Saddam Hussein. LOrient dit « traditionnel » est, par excellence, la terre des révolutions de palais, des querelles de clans et des crises dynastiques. La prochaine de ces crises devrait affecter lArabie Saoudite et les émirats arabes.
![]() |
Le
pouvoir royal irakien fut renversé en 1958, à lissue
dune révolution sanglante. Cest alors le général
Kassem qui sinstalle à la tête de la
nouvelle république. |
Le plus déroutant, pour un Occidental, cest sans nul doute le fait que cette instabilité politique chronique est associée à un parfait immobilisme structurel. Les empires se font et se défont sans que la structure sociale en soit affectée. Cela est dû au fondement religieux qui empêche lévolution des règles économiques et sociales. Cest particulièrement vrai dans les pays qui subissent une forte influence islamique.
Dans ces sociétés héréditairement figées, lindividu nest quun rouage sans grande importance de la machine collective. Hérodote notait déjà, non sans étonnement, que : « Jamais un Perse ne prie pour lui mais pour toute la nation et pour le roi, il se regarde comme compris dans le vu général ». Cette attitude de négation du « moi » se retrouve encore aujourdhui chez les musulmans. Cette fusion de lindividu dans la collectivité incarnée par un roi ou par une communauté religieuse est caractéristique de la société orientale. Elle soppose radicalement à la vision « individualiste » des Occidentaux. Ce clivage remonte à lantiquité. Chez les Grecs anciens, le « cordon ombilical de la communauté » avait déjà été rompu. Cette rupture fut transmise aux Romains puis au reste de lEurope.
Le « despotisme oriental » est donc propre à certaines régions du monde. Daucuns ont fait remarquer quil sagissait dune aire géographique où se pose en permanence le problème de leau. Cest ainsi que Wittfogel parle de « sociétés hydrauliques » où lagriculture de subsistance, conditionnée par lirrigation, suppose lexistence dun régime autoritaire, organisateur et dirigiste. Pour Karl Marx, il sagit de sociétés rurales à très faible niveau technique, vivant en vase clos et pour lesquelles la cellule de base est demeurée la communauté villageoise ou la « tribu ». Dans ces microcosmes sociaux, la division du travail nexiste guère quentre lhomme et la femme, ce qui empêche lapparition de classes sociales telles quelles existent en Occident. On ny rencontre guère que trois castes : celle des religieux, celle des hommes et, tout en bas, celle des femmes et des enfants.
Cette courte analyse permet de comprendre la relation qui existe entre les structures sociales traditionnelles elles mêmes conditionnées par le contexte géographique et certains systèmes socio-politiques. Dans un tel cadre, la religion constitue le ciment qui maintient lédifice social debout, quels que soient les évènements.
Le Coran a été spécifiquement rédigé dans cette optique, comme lavaient été auparavant les textes hébraïques qui avaient permis de rassembler des tribus disparates en une véritable « nation juive ». Sans le Coran, les tribus arabes qui navaient de cesse de se faire la guerre nauraient jamais pu sunir et partir à la conquête des territoires environnants puis du reste du monde. Le Coran est donc, bel et bien, un instrument de pouvoir.
Les notions de « pouvoir » et de « conquête » sont indissociables de lislam. Cest une réalité qui est évidente pour tous les historiens sérieux. Par voie de conséquence, la notion de « despotisme » est également inhérente à la religion musulmane. Dans le cas de la Turquie, le « despotisme oriental » des sultans a fait place, pendant près dun trois quart de siècle, au « despotisme éclairé » dAtaturk et de ses disciples. Ce fut lun des « grands règnes » de lhistoire ottomane et, selon la loi cyclique qui vient dêtre évoquée, la Turquie devrait entrer à présent dans une période dinstabilité plus ou moins longue. Cest lune des raisons qui soppose à son entrée dans lUnion européenne.
Cest en 1921 que le général Riza sinstalla au pouvoir à Téhéran après avoir renversé la dynastie qadjar qui régnait sur lIran depuis 1787. Riza prend alors le nom de Pahlavi et se proclame chah (empereur) en 1925. Sinspirant des réformes dAtaturk, il travaille à faire sortir lIran de son anachronisme. Pour en faire un Etat moderne, il le dote dune administration régulière. Lenseignement est laïcisé et les communications améliorées par une politique de grands travaux publics. Sétant rapproché de laxe « Allemagne-Italie-Japon », il doit abdiquer en 1941 à la suite dune intervention anglo-soviétique.
Son fils, Muhammad Riza Pahlavi, lui succède et obtient, en 1942, que soient garanties lintégrité et la souveraineté iraniennes. Après la guerre, il devra lutter contre la sécession des Azéris (favorisée par lURSS) et contre la subversion communiste interne du parti Tudeh.
A partir de 1953, après avoir mis fin aux tentatives de nationalisation des pétroles iraniens du premier ministre Mossadegh, le chah sengage de plus en plus ouvertement aux côtés des Etats-Unis. En 1959, lIran se lie aux USA par un pacte de défense mutuelle. Mais lIran avance peu sur le plan du développement et les religieux chiites profitent du mécontentement populaire pour fomenter une « révolution islamique ». La France gaulienne, peu favorable aux Etats-Unis, donnera asile à layatollah Khomeyni et favorisera ainsi le renversement du régime en place et l instauration dun fascisme islamique.
Les Occidentaux, qui nentendent pas grand chose aux réalités du monde arabo-musulman, sont en grande partie responsables de linstabilité qui règne au Proche-Orient et de la montée en puissance de lintégrisme musulman. Après la bourde française en Iran, les Anglo-américains viennent daggraver encore la situation par leur intervention hasardeuse en Iraq.
Le comble, cest que, ni lIran des Pahlavi, ni lIraq de Saddam Hussein, ne constituaient une menace pour lOccident. Bien au contraire, ces régimes autoritaires offraient des garanties de stabilité à défaut dêtre des exemples de démocratie. La véritable menace, dans cette région du monde, vient de lArabie Saoudite et des émirats sous influence wahhabite.
![]() |
![]() |