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Les Juifs considèrent lalphabet hébreu ancien comme sacré. Il est la clef de la kabbale hébraïque. De tous temps, lhébreu fut regardé par les Juifs comma la « langue de dieu ». Les Arabes, lorsquils tentèrent de supplanter la religion juive en inventant lislam, reprirent le même credo. Cette fois, ce fut lArabe qui fut présenté comme la « langue de dieu ». Car si le dieu des musulmans est « immatériel » (comme celui des Juifs), il parle une langue comme un simple mortel ! Et, paradoxalement, il ne parle pas toutes les langues parlées par ses « créatures » mais seulement des langues très minoritaires. Dans un article paru dans la revue « Arabies » (mensuel du monde arabe et de la francophonie, n°7/8 Juillet-août 1987), Malek Chebel (mentionné par ailleurs) se fait le chantre de la langue arabe et du coran. On peut y lire des phrases telles que celles-ci : « le monde arabe, le Maghreb, le Machrek, le Sahara des bédouins et des targuis, avec leur fameux « ahâl » (soirée de chants et déloquence chez les Touaregs, ndla), sont une odyssée vivante, actuelle, encore investie dune grosse partie de la parole sociale Convaincu que lArabe est une langue privilégiée, l Arabe sest identifié à un modèle de perfection au centre duquel se trouve le coran. Seules les conditions épiphaniques de la révélation, tanzîl, permettent à la langue du coran dêtre la plus achevée de toutes, Allah ne pouvant sexprimer que dans une langue belle, claire, pure. Ce que le coran a apporté, cest bel et bien cette consécration sans pareille de la langue du Hedjaz et de tout ce qui la concerne. Ainsi le texte divin est-il appris dans sa langue natale (celle du « prophète », ndla), que ce soit à Karachi, à Istanbul, à Java ou à Samarkand. Ni les distinctions sociales, ni les latitudes, ni les codes linguistiques, ni à fortiori les régimes politiques ne peuvent influer sur cette réalité intrinsèque de lislam. De là une sorte duniformisation (et peut-être même dégalité spirituelle) réservée aux peuples de lislam où quils soient et quels quils soient. Mieux encore, les traditions arabo-musulmanes orthodoxes considèrent comme nulles et non avenues toutes les traductions du coran en langue étrangère, étant entendu, en vertu du principe roman qui stipule quune traduction est une trahison (traduttore, traditore) quil ne pouvait sagir que dune falsification. Nous voyons bien à quel niveau se situent les susceptibilités du musulman lorsquil se trouve en présence de traductions qui noffrent du texte sacré quune musicalité frelatée et une matière amplement grevée dinterprétations annexes. Enfin, lun des reproches les plus décisifs est certainement le fait que, en passant dans une autre langue, le coran subit une incontestable déperdition symbolique puisque toutes les nuances de la langue, et sa coloration spécifique, sont comme aplaties, aplanies Rappelons quau IXe s.après J.-C. (Iie H.), le grammairien arabe IbnUbeïda (828-891), considérant que le coran était inimitable,Ijâz, avait décrété que la langue arabe, dont on sait quelle est musicalité pure, fut glorifiée et avantagée entre toutes ». Tout individu à la droit dêtre fier de sa langue, certes, mais ce que lon vient de lire cest autre chose, cest de la propagande islamique ! Le discours prétentieux de Chebel permet cependant de mettre en évidence quelques clef du système arabo-musulmans et notamment la volonté dimposer lislam en usant de méthodes qui relèvent du bourrage de crâne et du lavage de cerveau. Par le fait du coran et de lislam, la langue arabe langue de bédouins - sest trouvée «sanctifiée » et sest imposée à quantité de peuples qui nétaient pas arabisants. Quant à ceux qui nont pas encore adopté la langue arabe tout en étant musulmans, ils sont forcés dapprendre par cur un texte quils ne peuvent pas comprendre et daccepter, sans pouvoir les contester, les interprétations fallacieuses quen font les « docteurs de la foi » (on devrait dire « dictateurs de la foi ». Il est cependant amusant de constater que Chebel, grand zélateur de la langue arabe, se réfère au latin pour justifier cette fumisterie selon laquelle une traduction serait inévita-blement une trahison (il ne sagit là, en fait que dun jeu de mots qui avait cours à Rome). Quant à son opinion selon laquelle la langue du coran serait la « plus achevée de toutes », elle est dun ridicule consommé. La langue du coran est, rappelons-le au passage, une forme archaïque de la langue arabe, aussi différente de lArabe moderne que ne lest lHébreu ancien de lHébreu moderne. La forme actuelle du coran en Arabe moderne nest dailleurs rien dautre quune traduction (parmi dautres puisque que le calife Othman a fait disparaître toutes les autres versions). Si, comme le prétend Chebel, lArabe est le « prince de léloquence », il est aussi et surtout le prince de lembrouille. Il sait se servir habillement des traductions pour mystifier les lecteurs. Mais au départ de tout cela, il y avait la vieille rivalité qui existait entre les « gens du livre » (essentiellement les Juifs) et les « gens sans livre » (les Arabes). Toujours ces querelles de chefs de tente qui, de nos jours, sont devenues insupportables et intolérables ! |