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"Mahomet, la parole d'Allah" a été publié en 1987 par Anne-Marie delcambre aux éditions Gallimard dans la collection Découvertes-philosophies et religions. Régulièrement réédité.
ISBN 2.07.053030.2
Docteur d’Etat en
droit, docteur en civilisation islamique, Anne-Marie
Delcambre a publié L’islam (La Découverte), L'Islam des interdits et Mahomet (Desclée de Brouwer). Elle est
conférencière islamologue et professeur d’arabe au lycée
Louis-le-Grand à Paris.
Extrait :
A l'issue de la « bataille du
fossé », a lieu un
épouvantable
massacre de juifs. Depuis
trois ans, le feu couve entre
juifs et musulmans de
Médine.
Pendant le siège, la tribu juive
des Qorayza a pris le parti
des Mecquois. Le Prophète
décide alors que les hommes
de cette tribu seront décapités,
les femmes et les enfants
vendus, et leurs biens partagés pour les punir d'avoir
souhaité la victoire des Infidèles. Dès le lendemain de
la bataille, on fait creuser de grandes fosses dans le
marché de Médine. On y mène les juifs ligotés, on les
décapite un à un au bord des fosses, et on les y jette.
Ils sont presque un millier.
En fait, les hostilités avec les juifs ont commencé
dès le retour de la bataille de Badr. Le Prophète a
d'abord pris pour cible la tribu juive des Qaynoqà',
sans doute le plus faible des groupes juifs de Médine,
composée essentiellement d'artisans orfèvres. Un banal
incident a servi de prétexte. Une Bédouine mariée à
un Médinois et convertie à l'islam, était allée au souk
des Qaynoqà* vendre quelques produits de son jardin
et de son élevage. Elle s'était assise près de l'atelier
d'un orfèvre. De jeunes juifs se moquèrent d'elle et
voulurent la pousser à lever son voile. Elle s'y refusa
énergiquement ; alors l'orfèvre, muni d'une épingle,
réussit, sans se faire voir, à fixer ses jupes de telle sorte
que, en se levant, elle découvrit toute la partie
inférieure de son anatomie. L'honneur des musulmans
était en jeu. L'orfèvre juif fut abattu par un
musulman, lui-même abattu par des juifs.
Les hostilités sont ouvertes. Mahomet réagit
aussitôt en assiégeant la tribu coupable et en la
contraignant à abandonner tous ses biens. Plus encore
que la victoire de Badr, cette confiscation apporte la
richesse aux Émigrés. Les deux autres groupes juifs
également - les Nadhir et les Qorayza - affichent
ouvertement leur hostilité à l'égard du Prophète de
l'islam. Un poète, nommé Ka'b ibn al-Achraf, n'a-t-il
pas eu l'audace de se rendre à La Mecque aux
lendemains de Badr, afin d'inciter les Quraychites à la
vengeance ? Mahomet ne peut le tolérer et fait égorger
le poète.
A la vérité, Mahomet a déjà décidé d'en finir avec
les juifs, qui se moquent de lui et refusent de se
soumettre. C'est pourquoi, au mois de février 624, il
exhorte ses disciples à prier, non plus en direction de
Jérusalem, mais de La Mecque. En août ou septembre
625, il ordonne aux Nadhîr de quitter Médine. Les
juifs, encouragés par les Hypocrites, décident de
résister. Les musulmans les bloquent alors dans leurs
fortins et dévastent leurs palmeraies. Les assiégés se
rendent et leurs biens sont confisqués. L'épuration se
poursuivra jusqu'à l'ultime massacre qui suit, en 627,
la « bataille du fossé ».