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"Musulmane mais libre" a été publié par Irshad Manji (traduction de l'anglais : Pierre Guglielmina) en octobre 2004 aux éditions Grasset dans la collection Essais Etranger.
354 pages
Code EAN : 9782246666219
Code ISBN : 224666621X
N° Hachette : 3773322
Ce livre est une lettre ouverte aux Musulmans et non-Musulmans du monde entier où, avec vigueur et clairvoyance, l'auteur appelle chacun à s'interroger sur l'Islam traditionnel. En termes crus, provocateurs et très personnels, l'auteur déterre les inquiétants fondements de l'Islam pratiqué actuellement : clivages tribaux, antisémitisme, et acceptation aveugle du Coran. Irshad Manji explique comment, concrètement, l'Islam pourrait
être réformé pour revaloriser les femmes et garantir le respect des minorités religieuses et encourager le débat d'idées. Musulmane mais libre se veut un cri de ralliement pour un avenir sans fatwa. « II faut considérer Irshad Manji comme une terminaison nerveuse qui rattache [l'Islam] à l'Occident. Elle choque, elle est crue, mais par bonheur,
elle est toujours vivante. » « La musulmane lesbienne féministe la plus intelligente, la plus tendance, et la plus éloquente qu'on puisse espérer rencontrer. » « Très émouvant... [une] vision d'un Islam moderne, vitale d'un point de vue communautaire, mais qui refuse l'exclusion. » « Irshad Manji est une voix nouvelle, impertinente et fascinante pour une réforme de l'Islam. Avec ce livre fabuleusement bien écrit, vous serez surpris, instruit, et même diverti. » « Attachant et plein de vie. »
Née en Ouganda, Irshad Manji a quatre ans lorsqu'elle fuit, avec sa famille musulmane d'origine indienne, le régime d'Amin Dada, et émigre au Canada, près de Vancouver. Après de brillantes études, elle entre à la télévision où elle produit et anime aujourd'hui des
émissions de débats qui connaissent un énorme succès.
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Sur ce site, les versions en Arabe et en Urdu du livre son téléchargeables gratuitement.
TABLE DES MATIERES
Mes chers Musulmans..... 9
1. Comment je suis devenue une
refuznik musulmane..... 15
2. Soixante-dix vierges ?..... 51
3. Quand avons-nous cessé de penser ?..... 83
4. Barrières et ceintures..... 119
5. Qui trahit qui ?..... 155
6. Le ventre mou et caché de l'Islam.... 217
7. Opération Ijtihad..... 255
8. Éloge de l'honnêteté ..... 299
9. Que Dieu soit loué pour l'Occident .. 325
Bibliographie..... 347
Remerciements..... 353
Extraits :
(pages 64-65)
Loin d'être parfait, le Coran est à un point tel en guerre contre le Coran que les Musulmans qui « vivent selon le Livre » n'ont pas d'autre choix que celui de souligner ou d'effacer. C'est peut-être la partie la plus facile - chacun est capable de rationaliser ses partis pris en mettant en avant tel verset et en ignorant tel autre. Ce que font, soit dit en passant, les libéraux autant que les radicaux, gonflant les aspects négatifs du Coran, au moins autant que nos adversaires qui rayent ses traits positifs. Nous avons tous nos priorités, certaines plus égalitaires que d'autres.
Mais tant que nous restons pris dans cette fin de partie consistant à prouver que « notre » dogme bat le « leur », nous perdons de vue le défi le plus important. A savoir : mettre ouvertement en cause la perfection du Coran afin de freiner la ruée vers une conclusion définitive sur ce que dit « vraiment » le Coran et, avec le temps, d'en faire un exercice de compréhension de l'esprit plutôt que de la lettre. Au point où nous en sommes, la réforme ne consiste pas à dire aux Musulmans ordinaires ce qu'il ne faut pas penser, mais de donner au milliard de croyants de l'Islam la permission de penser. Dans la mesure où le Coran est une liasse de contradictions, du moins lorsqu'il s'agit des femmes, nous avons toutes les raisons de penser.
Pour pousser cette idée un peu plus loin, il me fallait voir s'il existait un motif récurrent dans ces incohérences flagrantes du Coran. Pour le dire simplement, le livre saint de l'Islam est-il aussi vague et contradictoire sur les questions des droits de l'homme qu'il peut l'être à propos de l'esclavage? Et dans ce cas, les Musulmans du XXIe siècle ont-ils les moyens de faire des choix du XXIe siècle? J'ai pensé au Soudan et j'ai lu quelle importance prenait là-bas le commerce des esclaves. A Khartoum, « un régime musulman comparable à celui des Talibans mène une Jihad auto-proclamée » contre les Chrétiens, les Animistes et les Arabes non musulmans. Si j'en crois Charles Jacobs - président de l'American Anti-Slavery Group et directeur de la Campagne pour le Soudan -, on observe que « l'attaque de Khartoum a ranimé le commerce des esclaves noirs, interrompu (ou presque) par les abolitionnistes britanniques, il y a un siècle... Après le massacre des hommes, les femmes, les filles et les garçons sont violés en groupes - on leur coupe la gorge s'ils résistent. Les survivants terrorisés sont envoyés dans le Nord et distribués à des maîtres arabes, les femmes pour devenir des concubines, les filles des domestiques et les garçons des bergers. »
J'ai repensé au nord du Nigeria, un autre endroit où les gouvernements islamiques encouragent la réduction à l'esclavage des Chrétiens. Certes, j'accepte le fait que la guerre civile au Nigeria ait plus à voir avec la politique qu'avec la religion. Cependant, ces politiques primitives ne pourraient être menées sans l'aide du Coran.
(pages 163-168)
Est-ce que le nom d'Haj Amin el-Husseini vous dit quelque chose? Il devint Mufti de Jérusalem en 1921 et président du Conseil Suprême Musulman en 1922. Bien qu'Haj Amin ait été élu régulièrement au Conseil, plus jamais il n'y aurait d'élections au cours des quinze années de sa présidence. Farouchement déterminé à débarrasser la Palestine des Juifs, le Mufti manifesta une parfaite indifférence, d'un point de vue moral, à la série de meurtres d'Arabes qu'il autorisa. Ceux qui se mettaient en travers de son chemin se mettaient en travers du chemin de Dieu. La menace nazie se répandant dans toute l'Europe, l'immigration juive augmenta et la tyrannie d'Haj Amin en proportion. « Pour un Arabe, être suspecté d'une adhésion tiède à la cause nationaliste, c'est inviter une escouade d'assassins », notait le rapport de la Commission Peel du gouvernement britannique en 1937 à propos des troubles en Palestine. Le rapport ajoutait qu'« un certain nombre d'Arabes avaient demandé la protection du gouvernement britannique ». Un autre mensonge allait consister à accuser les Juifs de la « terreur subie » par les Arabes.
Ce qui s'est passé ensuite fait partie d'une histoire dont on n'entend guère parler de nos jours. En 1939, épuisée par les troubles croissants du Moyen-Orient et soucieuse d'affronter Hitler, la Grande-Bretagne offrit aux Palestiniens un projet d'accès à la pleine souveraineté. Les termes étaient les suivants : Arabes et Juifs coexisteraient au sein d'un unique Etat qui passerait sous contrôle palestinien dans les dix ans à venir. Entre-temps, les ventes de terres aux Juifs et l'immigration juive seraient réduites de manière draconienne. Au moment de l'indépendance, les Palestiniens pourraient décider de leur politique en matière d'immigration. Quel que soit le critère retenu, c'est ce qu'on appelle l'autonomie. Pas assez bien pour nous, déclarèrent les représentants arabes. Manipulés par le Mufti de Jérusalem, avec lequel la Grande-Bretagne refusait de négocier directement, les négociateurs arabes exigeaient un délai d'accès à l'indépendance réduit de moitié. Faute de quoi, Londres pouvait aller se faire voir ailleurs.
Mais ce furent les pauvres types qui se firent royalement avoir. Avant de repousser la main tendue des Britanniques, les hommes du Mufti n'avaient jamais consulté les fermiers et les marchands de la Palestine. Le peuple fut en profond désaccord, semble-t-il, avec les objectifs politiques de l'élite. Selon un article d'un journal anglais en 1938, la plupart des villageois « n'ont pas beaucoup de sympathie pour les rebelles arabes qui tentent de renverser la marée de l'immigration juive et exigent un gouvernement arabe pour la Palestine. Ils veulent seulement qu'on les laisse tranquilles pour semer et récolter ; pour se marier et trouver les moyens, en ces temps difficiles, d'élever leur famille. » Politiquement appauvris par leurs propres chefs, les Palestiniens se trouvaient aussi dans un profond dénuement économique. Huit anciens commandos palestiniens publièrent un manifeste accusant le Mufti de Jérusalem de détourner « des sommes d'argent inestimables, reçues des puissances étrangères. Il s'agit de millions de livres, mais Haj Amin peut-il désigner ne serait-ce qu'une mosquée, une école ou un hôpital érigé par lui au cours de cette période ? A-t-il même fait construire un abri ou un asile ou une fontaine de charité où les vagabonds pourraient venir boire ? »
Soyons clairs sur ce qui s'est passé pendant la période nazie : la complicité des Musulmans dans l'Holocauste. Haj Amin, cet homme pieux qui manifestait un grand talent pour l'assassinat des Arabes, fit pression sur la Grande-Bretagne pour que soient détournés des bateaux entiers de Juifs qui se dirigeaient vers la Palestine. Certains furent coulés en Méditerranée; d'autres renvoyés vers l'Europe et donc vers les chambres à gaz et les crématoriums. Le Mufti continua de faire pression, empêchant des enfants croates - pour la plupart orphelins - d'atteindre la Terre Promise. Il estima aussi que la réduction de l'afflux de population juive ne suffirait pas à garantir une Palestine arabe après la guerre. Pour cela, il fallait que le Mufti soit connu, apprécié et accepté dans le cercle des vainqueurs. Pariant sur la victoire d'Hitler, Haj Amin rendit visite au Fuhrer. Les cheveux blonds et les yeux bleus du Mufti furent le baromètre de sa crédibilité. Selon les propres termes d'Hitler, Haj Amin « pouvait très bien descendre de la meilleure race romaine ». Le Mufti fut un invité d'honneur d'Hitler à Berlin, inaugurant l'Institut Central Islamique en décembre 1942.
Il fit aussi des visites dans les Balkans afin de recruter des volontaires musulmans pour les puissances de l'Axe. Des Musulmans de Bosnie résistèrent non seulement à son charme, mais se démenèrent aussi pour cacher des Juifs. Lorsque Israël honora une de ces familles bosniaques au cours d'une cérémonie à Jérusalem dans les années 60, la famille en question décida de rester et de demander la nationalité israélienne. Toutefois, de nombreux Musulmans attachèrent leur avenir à celui d'Hitler. En 1943, Haj Amin envoya des imams dans la SS de Bosnie, les assurant que l'Islam et le Nazisme partageaient un même attachement pour l'ordre public, les valeurs familiales, le travail et la lutte contre les Américains, les Anglais et les Juifs notamment. Depuis la capitale du Reich, Haj Amin fit de la propagande pour les Nazis, destinée au monde arabe. « Tuez les Juifs partout où vous les trouverez », siffla-t-il dans un micro de Radio Berlin, le 1er mars 1944. « Cela plaît à Dieu, à l'histoire et à la religion. Cela sauve votre honneur. Dieu est avec vous. » Des lettres d'auditeurs arabes adressées aux diplomates allemands en poste à Bagdad et à Beyrouth laissent penser que le message du Mufti eut un certain impact.
Bien qu'il perdît son pari concernant Hitler, le Mufti échappa à la condamnation comme criminel de guerre. Arrêté en France après les hostilités, il s'évada d'un camp allié et finit par revenir en Egypte. La Ligue Arabe, nouvellement créée, accueillit chaleureusement Haj Amin. Est-ce que ce tapis rouge était une façon de légitimer l'approche autocratique du problème palestinien par le Mufti? Cela vaut la peine d'y réfléchir. Un ingénieur du nom d'Arafat allait bien vite apprendre le b-a-ba du gouvernement. Où a-t-il trouvé ses trucs capables de passer sous silence le rejet de la paix avec les Juifs, la terreur exercée contre son propre peuple et la disparition des fonds destinés à son développement ?
(page 343)
Souvenez-vous que le calife Al-Ma'mun
proclamait le libre arbitre et faisait fouetter tous
ceux qui étaient en désaccord avec son interprétation de l'Islam. Peu de chose a changé de ce point
de vue, n'est-ce pas ?
Alors je vais secouer une dernière fois le palmier de l'Islam. Savoir si j'en aurai fini ou pas ne
regarde que moi. Toutefois, cela nous regarde
tous, en un autre sens. Ce qu'il me faut sentir, c'est
un véritable appétit de réforme.
Répondez-moi à l'adresse suivante : www.muslim-refusenik.com. Je suis impatiente d'avoir une conversation honnête avec vous.
(Remerciements)
Je porte deux alliances : l'une est le symbole de mon amour pour Dieu et l'autre est l'expression de mon engagement vis-à-vis de Michelle Douglas, ma compagne. Je commence donc par remercier Dieu et pour ce dont je Lui suis le plus reconnaissante, Michelle. Parmi tant d'autres choses, elle m'a donné la passion de courir. Grâce à cette passion, dans les premiers temps de la rédaction de ce livre, j'ai pu terminer un demi-marathon. Pendant ces deux heures de suspension de jugement, j'ai vu des arbres sur ma gauche, une cascade sur ma droite, des bâtiments devant moi, et j'ai ressenti viscéralement le tawhid-l'unité de la Création divine, qui s'avère être le premier pilier de l'Islam. Michelle est la page de remerciements, à plus de titres que je ne pourrais énumérer.