
Les négriers en terres d'islam
La première traite des Noirs VIIe-XVIe siècle
ISBN : 2-262-01850-2
Editions Perrin
- Auteur(s) : Jacques HEERS
L'histoire s'est généralement limitée, d'une part à la Rome antique et, de l'autre à la période "coloniale" et à la traite atlantique des Français et des Anglais aux XVIIe et XVIIIe siècles, ignorant ainsi de longs siècles du passé.
Nos livres et nos manuels n'évoquent pas souvent les traites musulmanes des Noirs d'Afrique, par caravanes à travers le Sahara ou par mer à partir des comptoirs de l'Afrique orientale.
Ces trafics, certainement tout aussi cruels que les autres, mis en place par les musulmans dès le VIIe siècle pour ne cesser que très tard, dans les dernières décennies du XIXe siècle, demeurent très mal connus. En tenant compte des travaux récents des historiens africains, notamment de Côte d'Ivoire et du Nigeria, qui ont permis une réelle avancée de la recherche et des connaissances, nous découvrons ce que furent ces traites et la condition des esclaves dans les pays musulmans, principalement en Orient, en Egypte et dans les royaumes islamisés du "Soudan".
Avec son talent d'historien qui n'est plus à démontrer, Jacques Heers aborde de nombreux sujets : les chasses à l'homme, les trafics, les esclaves dans la société (à la cour, dans l'armée, au travail dans les mines ou dans les champs de canne à sucre), la grande révolte des Noirs au IXe siècle... Pendant près de mille ans, les Noirs ont payé un lourd tribut à L'islam. Il était temps que l'Histoire s'intéresse à cette période trouble.
Voir aussi :

Vous pouvez rechercher cet ouvrage sur 
Maghrébins, Arabes et esclavagisme
Source : http://www.racismeantiblanc.bizland.com/livre/ch_04_escl.htm
Les pays
d'Afrique du Nord et du proche et orient, c'est à dire
l'ensemble des pays musulmans, au même titre que les sociétés
d'Afrique noire, étaient des sociétés esclavagistes. La
pratique de l'esclavage y était d'autant plus répandue qu'elle
était reconnue légale par le Chariah, et que le prophète
Mahomet était un esclavagiste. Pendant des siècles ont existé
deux sources de ravitaillement en esclaves pour les pays
musulmans : d'une part l'Afrique noire, d'autre part
l'Europe.
Durant le
haut moyen âge, trois routes principales permettaient
l'acheminement des esclaves blancs : par la France et
l'Espagne, par la Crimée et par la Méditerranée. Avec
l'apparition d'états puissants en Europe de l'ouest, et
l'arrêt de l'expansion musulmane aux Pyrénées, la traite des
blancs par l'Europe de l'Ouest se tarit rapidement, mais les
populations méditerranéennes de ces états restèrent longtemps
exposées aux razzias des maghrébins. A la menace des
Sarrasins, dans le midi de la France, vers le IXème siècle,
succéda " la course " des barbaresques.
Les
barbaresques étaient des corsaires maghrébins qui, jusqu'au
XIXème siècle, pillaient les navires européens en
Méditerranée, menaient des raids sur la terre ferme en Corse,
en Sardaigne, sur les cotes d'Espagne, de France, d'Italie et
de Grèce, capturaient des européens et les rendaient à leurs
familles contre rançon, où les réduisaient en servitude. La "
course " était essentiellement pratiquée par les pays du
Maghreb. Il faut dire que, si on en parle peu, l'esclavagisme
fut longtemps pratiqué par tous les peuples méditerranéens,
d'une rive comme de l'autre, et cela jusque longtemps après la
chute de l'empire romain. Ce fait historique est rarement
mentionné, et pour cause : le mérite d'avoir mis fin à cette
pratique dans le bassin méditerranéen revient essentiellement
aux européens…
Au 14ème
siècle, l'expansion de l'empire ottoman fournit à nouveau de
larges contingents d'esclaves blancs. Les Turcs imposèrent aux
populations de Grèce et des Balkans un impôt particulier. Si,
dans tous les pays où l'islam domine, les personnes
appartenant à d'autres religions se voient attribué le statut
de " protégés " (dhimmi) et donc l'obligation de payer un
impôt spécifique, les Turcs en avaient une vision particulière
: Ils imposèrent le Devsirme, un impôt qui se payait en vies
humaines : les villages Chrétiens devaient livrer un tribut de
garçons. Le devsirme ne fut abandonné qu'au début du XVIIéme
siècle, à mesure que les Ottomans furent refoulés hors
d'Europe. Le trafic d'esclaves blancs, à la fin du XVIIeme
siècle, en fut considérablement amoindri, mais il subsistait
encore à une moindre échelle dans tout le monde arabe :
Slaves, Ukrainiens, Circassiens et Géorgiens continuèrent à
être capturés puis vendus sur les marchés aux esclaves du
monde musulman jusqu'au début du XIXéme siècle, lorsque trois
facteurs déterminants mirent fin à la traite des blancs
:
- La
Russie, en soumettant les Tatars et en contrôlant la Crimée,
empêcha la poursuite de la traite.
- Les
Européens, par la force, en colonisant le monde musulman,
luttèrent activement contre l'esclavagisme.
- La
Turquie, sous la pression des européens, abandonna la traite
des blancs.
Les
difficultés rencontrées par les Turcs, les Arabes et les
Maghrébins pour s'approvisionner en esclaves blancs à partir
du 17ème siècle fut rapidement compensée par un
approvisionnement accru en esclaves noirs. La servitude des
noirs dans le monde musulman était telle que, graduellement,
le terme utilisé pour désigné un noir et le terme utilisé pour
désigner un esclave ne firent plus qu'un : " Abid ". En
théorie, l'Islam ne permettait pas l'asservissement d'un autre
musulman mais souvent, lorsqu'il s'agissait d'un musulman noir
de peau, ses coreligionnaires arabes ou maghrébins ne
s'embarrassaient pas de scrupules pour le réduire quand même
en servitude.
La traite
des noirs, qui étaient acheminés par des réseaux qu'avaient
établis les négriers musulmans en Afrique noire, était
effroyable et ne le cédait en rien à la traversée de
l'atlantique en bateau, comme le montre ce témoignage d'un
anglais, en1875.
" la caravane était arrivée cinq
jours avant moi… j'en ai vu plus qu'assez pour me convaincre
de l'importance et de l'atrocité du trafic d'esclave à cet
endroit…
Deux
heures avant d'entrer dans l'oasis, nous avons rencontré
quatre esclaves menés par un arabe en route vers Ozla, et, en
entrant dans la palmeraie, nous avons rencontré un autre arabe
traînant une esclave par une corde attachée autour de sa
taille. Ces esclaves étaient arrivés avec la caravane. Un peu
plus loin, il y en avait dix ou douze accroupis autour d'un
puits ? J'allais vers eux pour les examiner… Ils étaient
réduits à l'état de squelettes et leurs membres longs et
minces, avec la taille apparemment anormale et proéminente de
leurs genoux, de leurs coudes, de leurs mains et de leurs
pieds leur donnait l'apparence la plus affreuse et la plus
repoussante qui soit. Je n'ai vu, de ma vie, spectacle si
révoltant...
Les
pauvres créatures qu'on amène à Djalo de l'intérieur ne
rapportent pas plus de dix à douze livres, et si une sur trois
arrive en vie à Djalo, le propriétaire fait encore un profit
qui le paie largement de tous les risques encourus, car, à
Ouaddaï, le prix d'un esclave commence à trois pièces de
Calicot.
Ces
êtres pitoyables parcourent 23 degrés de latitude à pieds,
nus, sous un soleil brûlant, avec une tasse d'eau et une
poignée de Maïs toutes les douze heures pour leur entretien.
Sur le trajet de Quatorze jours nécessaires pour aller de
Tukkru à Djahuda, on ne trouve pas une goutte d'eau, et la
caravane poursuit son épuisant voyage en dépendant, pour sa
survie des gourdes remplies aux puits de Tukkru. C'est en vain
que la faim et la soif diminue le nombre des Noirs épuisés, en
vain qu'ils se laissent tomber, lors de ce lugubre voyage,
fourbus et perdant connaissance, pour mourir d'une mort
affreuse dans le désert. Le marché de Djalo doit être
approvisionné, et approvisionné il est, mais à quel coût en
vies humaines... "
Le trajet
décrit précédemment ne couvre que 14 jours d'un voyage qui
pouvait durer trois à quatre mois avant que l'esclave ne
parvienne à sa destination finale. Une pratique courante, chez
les musulmans qui se rendaient à la Mecque, était de se
pourvoir de plusieurs esclaves qui étaient vendus au cours des
différentes étapes du voyage pour pourvoir aux besoins
pécuniaires du pèlerin - esclavagiste.
La faim et
la soif, n'étaient pas les seules souffrances infligées par
les esclavagistes du monde musulman à leurs captifs. D'autres
venaient s'y ajouter, communes à la traite des blancs et des
noirs. La mutilation génitale, en vue de fabriquer des
eunuques, était courante. Les victimes de cette sordide
pratique commerciale étaient des enfants de huit à dix ans. On
imagine sans difficulté les souffrances atroces infligées aux
petites victimes des esclavagistes.
Les
femmes, pour leur part, étaient systématiquement violées sur
le parcours, à dessein d'ailleurs, car il s'agissait de les
briser moralement et psychologiquement avant de les mettre en
vente. Elles étaient ensuite réduites à un état de dépendance
et de soumission totale vis à vis de leur propriétaire.
L'attribution du statut de concubine des esclaves par l'islam
n'était rien moins, somme toute, que la caution religieuse du
viol et de l'asservissement sexuel de ces femmes. Outre
qu'elles étaient soumises à ce droit de cuissage, les
malheureuses étaient également la proie sans défense du
ressentiment des épouses légitimes, dont elles devenaient
parfois les souffre douleurs. Souvent, elles finissaient leurs
existences confinées dans des harems, affectées à diverses
taches ménagères. Ce fait n'est pas sans soulever quelques
questions intéressantes. En effet, lorsqu'on sait que le
prophète Mahomet ne se privait pas de coucher avec ses
esclaves, on peut se demander à juste titre si ces femmes se
livraient de bon grè et librement aux avances sexuelles du "
prophète "…
Il
convient enfin de s'interroger sur la qualité de vie des
esclaves une fois devenus la propriété d'un maître. En effet,
si ceux-ci sont souvent décrit comme traité humainement, "
comme des membres de la famille " (mais des membres de la
famille qu'on aurait pu battre, violer, accabler des tâches
les plus dures ou émasculer) il faut néanmoins mentionner que
l'espérance de vie d'un esclave noir, en Egypte par exemple,
tombait à cinq ou six années après son déracinement de son
pays d'origine. Il y eut des révoltes d'esclaves en terre
d'islam et certains témoignages rapportent qu'en dehors des
milieux urbains, la condition des esclaves pouvaient être
particulièrement dures.
Esclavagisme
Source : http://groups.msn.com/moussaabdalnour1981/esclavagisme.msnw
Le Coran est le
seul livre sacré qui parle sans vergogne d'esclavage! Le musulman
peut épouser quatre femmes ; avec les femmes esclaves qu'il possède,
il n'a pas besoin de prendre de gants :
" ... Il est permis d'épouser deux,
trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent, mais, si
vous craignez de n'être pas justes avec celles-ci, alors une
seule, ou des esclaves que vous possédez. Cela afin de ne pas
faire d'injustice (ou afin de ne pas aggraver votre charge de
famille). " (4:3)
|
" Et quiconque parmi vous n'a pas les
moyens pour épouser des femmes libres (non esclaves)
croyantes, eh bien (il peut épouser) une femme parmi celles de
vos esclaves croyantes. Allah connaît mieux votre foi, car
vous êtes les uns des autres (de la même religion). Et
épousez-les avec l'autorisation de leurs maîtres (Waliy) et
donnez-leur un mahr convenable; (épousez-les) étant vertueuses
et non pas livrées à la débauche ni ayant des amants
clandestins. Si, une fois engagées dans le mariage, elles
commettent l'adultère, elles reçoivent la moitié du châtiment
qui revient aux femmes libres (non esclaves) mariées. Ceci est
autorisé à celui d'entre vous qui craint la débauche; mais ce
serait mieux pour vous d'être endurant. Et Allah est
Pardonneur et Miséricordieux . " (4:25)
|
Règles de conduite pour les
esclaves :
" Ô vous qui avez cru ! Que les
esclaves que vous possédez vous demandent permission avant
d'entrer, ainsi que ceux des vôtres qui n'ont pas encore
atteint la puberté, à trois moments : avant la salat de
l'aube, à midi quand vous enlevez vos vêtements, ainsi
qu'après la salat de la nuit ; trois occasions de vous
dévêtir. En dehors de moments, nul reproche ni à vous, ni à
eux d'aller et venir, les uns chez les autres. C'est ainsi
qu'Allah vous expose clairement Ses versets, et Allah est
Omniscient et Sage. " (24:58)
|
Dans le verset qui suit,
Allah déconseille même d'être généreux avec ses esclaves!
" Dieu a favorisé certains d'entre
vous, plus que d'autres, dans la répartition de ses dons. Que
ceux qui ont été favorisés ne reversent pas ce qui leur a été
accordé à leurs esclaves, au point que ceux-ci deviennent
leurs égaux. " (16:71)
|
Sur un plan historique, il
faut savoir que l'islam a diffusé dans le monde deux des pires
fléaux qui l'aient souillé : les guerres religieuses massives (qui
n'avaient pas avant que l'islam ne sorte d'Arabie par la force des
armes) et la traite des Noirs. La société abbasside reposait sur
l'esclavage ; on peut en dire de même de la société ottomane qui
enleva des milliers d'enfants européens (slaves entre autres) à
leurs parents. Les négriers arabes ont sévi en particulier sur la
côte orientale de l'Afrique (Somalie) et au Soudan.
On peut lire dans le Quid : " Du VIIe s. au
XXe s. traite opérée par les musulmans : plusieurs dizaines de
millions d'esclaves."
Voici un petit texte qui montre le sort des
esclaves noirs à l'époque abbasside (considérée comme l'apogée du
monde musulman) :
Beaucoup de ces esclaves, qui servent
comme domestiques dans les harems, sont castrés (ce sont les
eunuques) pour empêcher qu'ils ne fassent souche et parce que
le réapprovisionnement est facile et bon marché. Les Mille et
une Nuits ne tarissent pas de commentaires brutaux ou salaces
sur les relations entre Arabes et noirs.
|
De nombreux esclaves noirs,
appelés Zendj (d'un mot arabe qui désigne les Africains),
travaillent très durement comme manœuvres agricoles dans les zones
marécageuses du Chott al-Arab, au sud de l'Irak actuel.
En 869, n'en pouvant plus d'être mal traités,
les Zendj de basse-Mésopotamie s'insurgent. Ils ne sont écrasés
qu'en 883 au prix de 500.000 à 2,5 millions de victimes! Cette
révolte ébranle les fondations de l'empire arabe.
L'esclavage est du reste encore pratiqué
aujourd'hui en terre d'islam. Les Noirs du Sud-Soudan sont réduits
en esclavage par les islamistes arabes du Nord. La traite des Noirs
a été définitivement supprimée dans le monde en 1963, les derniers
états esclavagistes ayant été l'Arabie Saoudite et la Mauritanie
musulmane. En fait, dans la péninsule arabique, où la charia est
appliquée (et donc les préceptes esclavagistes de Mahomet), les
princes perpétuent l'esclavage ; périodiquement, des affaires
éclatent au grand jour et font scandale.
Un petit sommaire historique qui montre
l'origine musulmane de la traite des Noirs :
"En 745 le général Omar, le nouveau
gouverneur d’Egypte, intensifia la persécution des Chrétiens,
mais le roi Cyriacus de la Makuria réussit à stopper cette
nouvelle attaque (Williams 1974:142-145). En 831 le roi
Zakaria, le nouveau monarque de la Makuria s'inquiéta à cause
des chasseurs musulmans d’esclaves qui envahissaient son pays
(l’actuel Soudan). Il envoya une délégation internationale au
calife de Bagdad, de manière que ces violations du traité de
paix fussent arrêtées, mais il ne reçut aucune aide (Williams
1974:142-145).
|
Le sultan Balbar d’Egypte continua à
violer le traité de 651 (voire Sourate 9:1-4). Plus tard, en
1274, les Musulmans de l’Egypte subjuguée, commencèrent à
coloniser et à détruire l’Alwa, la Makuria et la Nobatia, les
3 royaumes antiques chrétiens en Afrique. Les peuples de ces
nations, autrefois indépendantes et rayonnantes, furent vendus
comme esclaves.
|
Alors que l'islam et la culture arabe
se répandaient en Afrique, se diffusaient également
l’esclavage et le génocide culturel. On commença à faire la
guerre pour avoir des esclaves africains. Kumbi Kumbi, la
capital du Ghana, fut détruite par les envahisseurs musulmans
en 1076. Le Mali avait une "mafia" musulmane qui
"encourageait" les rois africains du Mali à embrasser l’islam.
Cette "mafia" contrôlait les importants caravaniers et les
ports commerciaux de l’Afrique. Les musulmans réussirent à
s’emparer des places les plus importantes du gouvernement et
commencèrent à changer l’histoire antique du Mali de façon que
les évènements préislamiques furent effacés. Pour des raisons
de sécurité, le gouvernement du Ghana des Mossi, conscient du
pouvoir des commerçants musulmans, institua un département
gouvernemental pour contrôler l’espionnage musulman
(Davidson,Wills et Williams).
|
La traite islamique des esclaves se
déroulait également autour du Lac de Giad, dans les états
musulmans de Bagirmi, Wadai et Darfur (O’Fahley et Trimmingham
1962:218-219). Au Congo les négriers Jallaba commerçaient avec
les Kreish et avec les Azande, un peuple du nord (Barth et
Roome). Également fréquentée était la route qui suivait la
ligne de partage des eaux entre le Nil et le fleuve Congo, où
les négriers arabes-musulmans (par exemple Tippu Tip du
Zanzibar) arrivèrent des zones orientales de l’Afrique (Roome
1916, et Sanderson 1965).
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Dans l’Afrique orientale, les
promoteurs du commerce des esclaves étaient les peuples Yao,
Fipa, Sangu et Bungu, tous musulmans (Trimmingham 1969 et Gray
1961). Sur la rive du Lac Nyasa (appellé actuellement Lac du
Malawi) fut institué en 1846 le sultanat musulman du Jumbe
avec le but précis de favoriser le commerce des esclaves
(Barth 1857 et Trimmingham 1969). En 1894 le gouvernement
britanique évalua que le 30% de la population de Hausaland
étaient constitués d’ex-esclaves. Il en était ainsi aussi dans
l’Afrique occidentale française entre 1903 et 1905 (Mason
1973, Madall et Bennett, et Boutillier 1968). "
|
Coran, islam et esclavage : Chronologie
632 : Mort de Mahomet. Décompte par Al Tabari de 62 expéditions
guerrières au cours desquelles il a fait des milliers d'esclaves.
Le coran légitime la pratique coutumière arabe de l'esclavage et fixe le premier statut juridique des esclaves.
635 : esclavage des habitants de la ville de Maisan
642 : rapt de paysans égyptiens vendus comme esclaves à
Médine
643 : prise de Tripoli, pillage et réduction en esclavage
des femmes et enfants
650 : pillage en Isaurie; 5.000 esclaves
651 : accord avec les Nubiens sur la livraison annuelle d'esclaves
696 : première révolte d'esclaves en Irak
712 : massacre par Mohammed ben Kasim de 6.000 guerriers indiens
prisonniers; esclavage pour les survivants
715 : le chef turc Tchigan offre 100.000 esclaves à Qobaïta
chef des Arabes
715 : Samarkande doit livrer 3.000 esclaves par an
718 : prise de la ville de Dihistan; 14.000 Turcs sont tués;
butin d'or et d'esclaves
718 : 10.000 esclaves pris dans le Caucase
781 : attaque contre Ephèse, réduction en esclavage
des prisonniers
800 : début de conversions en Afrique sous menace de mise
en esclavage par Al Yakubi
801 : mort de la femme soufie Rabia al Adawiyya, deux fois réduite
à l'esclavage
810 : fondation de la ville de Zabid au Yémen comme marché
aux esclaves noirs
838 : prise d'Amorion par le calife Motassim; population réduite
en esclavage, garnison massacrée
853 : projet de l'émir de Cordoue Mohammed I de vendre
comme esclaves toutes les femmes chrétiennes pour éliminer
les chrétiens de sa ville; ses ministres le dissuadent
869 : révolte des esclaves Zandj dans le bas-Irak
871 : prise et pillage de Bassorah par les esclaves noirs révoltés
903 : raid sur Thessalonique et réduction en esclavage de
20.000 prisonniers
1019 : Mahmud de Ghazni rentre chez lui avec un butin
énorme après le pillage des temples indiens et 53.000
esclaves
1076 : destruction de la capitale de l'empire du Ghana Kumbi-Kumbi
et mise en place d'un système esclavagiste
1077 : des milliers de femmes berbères d'une tribu révoltée
sont mises en vente au marché aux esclaves du Caire
1197 : l'armée du sultan Aybak de Ghazni attaque le Gujarat : 50.000 morts et 20.000
esclaves
1297 : Ala Al Din attaque la ville assyrienne d'Amedia : massacre,
destruction d'églises et capture de 12.000 esclaves.
1315 : un prince musulman devient roi dans la Nubie
chrétienne; début des conversions et des rafles
d'esclaves vers l'Egypte
1324 : pélerinage à la Mecque du roi malien mansa
Musa, accompagné de 500 esclaves
1325 : début du règne du sultan indien Mohammed ibn
Tuglaq : l'historien al Umri dit de lui : "le sultan ne cessa
jamais de montrer un grand zèle à faire la guerre aux
infidèles... chaque jour, des milliers d'esclaves étaient
vendus, tant était grand le nombre de prisonniers"
1331 : Ibn Battuta visite les sultanants esclavagistes de Kilwa et
Mogadiscio
1351 : avènement du sultan de Delhi Firuz, dont on dit
qu'il possédait 180.000 esclaves pour son usage personnel
1398 : chaque guerrier de Tamerlan retire du sac de Delhi vingt
esclaves, selon le récit du conquérant lui-même
1406 : mort du grand historien Ibn Khaldoun; il avait écrit :
"Les seuls peuples à accepter l'esclavage sont les
nègres, en raison d'un stade inférieur d'humanité,
leur place étant plus proche du stade animal".
1446 : mort de l'écrivain égyptien al-Abshihi; il
avait écrit "Y a t-il plus vil que les esclaves noirs, de
moins bon et de plus mauvais?"
1456 : Kanhadde Prabandha décrit les scènes de
pillage par les musulmans en Inde : "l'armée conquérante
brulait les villages, dévastait le pays, pillant la richesse
des gens, emporta les Brahmanes, les femmes et les enfants en
esclavage, les frappait avec des lanières de cuir, les
emmenait en prison et les convertissaient en Turcs obéissants"
1520 : le sultanat d'Adal lance un djihad contre l'Ethiopie et
ramasse des milliers d'esclaves
1527 : mort du théologien Ahmad Baba, qui édictait :
"la raison de l'esclavage infligé aux Soudanais (="Noirs") est leur
refus de croire... (c'est pourquoi) il est légal de s'emparer de
quiconque est capturé comme infidèle... Mahomet le
prophète réduisait en esclavage les personnes, parce
qu'elles étaient infidèles... C'est alors légal
de posséder des Ethiopiens."
1550 : selon léon l'Africain, au Maroc, une esclave vaut 15
dinars, un homme 20 et un eunuque 40.
1591 : les Marocains détruisent l'empire du Songhaï,
et réduisent les prisonniers à l'esclavage
1600 : de 622 à 1600, de 7 à 10 millions d'esclaves
ont été transférés dans le monde musulman
depuis l'Afrique Noire
1607 : l'Allemand Johann Vild, esclave d'un Persan, visite la Mecque dont il fait une description horrifiée
1610 : le voyageur anglais Finch décrit les chasses en
Afrique destinées aux sultans moghols, pour les approvisionner
en animaux et en esclaves
1610c : l'anglais William Finch, voyageur à la cour des
Moghols, décrit la chasse aux esclaves hindous par les
musulmans, "comme des proies animales".
1620c : le juriste Ahmed Baba de Tombouctou estime qu'il est
juste de faire des infidèles des esclaves
1655 : le voyageur Peter Mundy rencontre en Mer rouge un navire :
"les marchands étaient arabes, la marchandise composée
d'esclaves, environ 300..."
1680 : l'Anglais Joseph Pitts, esclave converti de force, visite
la Mecque; il y rencontre un Irlandais réduit à
l'esclavage comme lui.
1683 : pillage de l'Autriche par l'armée ottomane de Kara
Mustafa; destruction d'églises, massacres, réduction à
l'esclavage
1776 : le français JV Morice décrit le commerce en
Afrique de l'Est : "en mars et en avril, les Maures et les Arabes
se rendent dans le royaume de Kilwa pour s'y fournir en esclaves, car
kilwa est le grand centre de rassemblement de tous les esclaves venus
de l'intérieur du continent"
1803 : répression d'une révolte en Serbie; entre
autres, 1800 femmes et enfants pris comme esclaves
1805 : une caravane de 2.000 esclaves africains meurt de soif sur
la route Teghazza-Tombouctou
1811 : le marin britannique Smee note que de nombreux marchands
arabes de Zanzibar possèdent jusqu'à 800 ou 900
esclaves; il estime leur nombre total à 200.000
1813 : répression de la révolte des Serbes; massacre
et réduction en esclavage : des milliers de femmes sont vendues
à Belgrade.
1813 : le voyageur suisse J.L. Burkhart visite en Egypte des
centres de chirurgie spécialisés dans la castration des
esclaves; l'activité est protégée par le
gouvernement
1820 : le khédive Mehmet Ali d'Egypte attaque et annexe la
Nubie; 30.000 esclaves sont pris; les prisonniers sans valeur sont
éliminés
1820 : le khédive d'Egypte Mehmet Ali réclame 20.000
esclaves pour son armée
1822 : traité de contrôle de la traite des esclaves
par les Britanniques sur le sultanat d'Oman, qui ne sera jamais
respecté
1822 : massacre de Chio par les Turcs : 25.000 morts; 40.000
esclaves?
1823 : le sultan de Mandara annule un raid destiné à
s'approvisionner en esclave parce que les tribus païennes visées
étaient en train de se convertir
1823 : Mehmet Ali réclame que le nombre d'esclaves dans son
armée soit de 30.000
1829 : la conquête du Caucase par les Russes interrompt le
trafic des esclaves circassiennes "blanches"
1839 : abolition de l'esclavage des Noubas du Soudan vers
l'Egypte, sous pression anglaise; 200.000 personnes en auraient été
victimes
1839 : fondation de la Société Anti-esclavagiste à
Londres, qui a pour but de démanteler le trafic transsaharien
des esclaves
1842 : le résident britannique de Bouchir décompte 4
à 5.000 esclaves traversant chaque année le golfe
persique
1842 : tentative de génocide des chrétiens assyriens
par l'émir kurde d'Hakkari Badr Khan Bey : 10.000 morts,
esclavage des femmes et des enfants. Les Ottomans n'interviennent
pas.
1846 : libération officielle des esclaves de Tunisie
1846 : malgré l'interdiction de l'esclavage par le Bey de
Tunis, l'importation d'esclaves soudanais se poursuit
1846 : fondation du sultanat du Jumbe en Afrique Orientale pour
favoriser la capture des esclaves.
1848 : arrivée dans la ville de berbera d'une caravane de
700 esclaves enfants.
1849 : 100.000 esclaves vivent à Zanzibar.
1853 : description du marché aux esclaves de la Mecque par
l'aventurier Burton
1854 : l'ambassadeur britannique en Turquie prévient que
les militaires ottomans combattant en Crimée avec les Alliés
en profitent pour reprendre le trafic d'esclaves circassiennes
"blanches"
1854 : tentative d'interdiction du trafic d'esclaves entre Soudan
et Egypte, totalement contournée par les marchands arabes
1855 : lettre de protestation des marchands d'esclaves de Jeddah
contre l'abolition
1855 : fatwa du chef des oulemas de la Mecque contre l'abolition
de l'esclavage et imprécation contre les Turcs, considérés
comme infidèles
1855 : de nombreux convois d'esclaves sont repérés
entre la Libye, la Crête et les îles grecques par la
marine britannique
1856 : mort de l'imam Seyyid, grand responsable de la traite de
esclaves noirs en Afrique de l'est, pendant 40 ans
1857 : interdiction de l'esclavage des Africains par les
musulmans, sauf au Hedjaz, sous pression britannique
1857 : interdiction de l'esclavage dans tout l'empire ottoman sous
pression occidentale
1867 : les autorités égyptiennes estiment que malgré
les contrôles, 10 à 30.000 esclaves sont prélevés
au Soudan par an
1870 : selon l'explorateur Denham, les marchands d'esclaves du
nord de l'Afrique accusent leurs victimes d'apostasie pour ensuite
les vendre
1874 : le voyageur écossais décrit la traite
pratiquée par les négriers arabes en tanzanie : "le
commerce des esclaves est en train de s'étendre à
l'intérieur du pays et continuera de le faire... à moins
qu'il ne meure de façon naturelle par la disparition totale de
la population"
1875 : le Bey de Tunis signe un traité avec les
Britanniques qui interdisent formellement le trafic des esclaves
1877 : l'Anglais Fryer Kean visite la Mecque et y découvre
une Anglaise capturée dix ans auparavant, réduite à
l'esclavage puis mariée de force à un chef bédouin
1879 : depuis 4 ans, 80 à 100.000 esclaves ont été
capturés au Soudan, selon Gordon Pacha
1880 : démission de Gordon Pacha devant l'échec de
sa politique anti esclavagiste au Soudan
1880 : pendant 10 ans, le marchand arabe Muhammad Ibn Hamid
implante une sorte d'Etat esclavagiste et pillard dans le Haut Congo,
qui sera détruit les Belges
1881 : l'impôt de la région militaire de Fachoda,
contrôlée par l'Egypte, se fait en têtes
d'esclaves
1882 : le trafic d'esclaves est illégal en Perse après
un accord avec les Anglais, mais la possession d'esclaves est légale
1884 : recrudescence de la traite des esclaves au Kenya après
une famine
1884 : fondation à Khartoum de l'Etat islamiste inspiré
par le Mahdi; développement de la traite des esclaves,
favorisée par le régime
1885 : victoire du Mahdi à Khartoum : redémarrage
spectaculaire de l'esclavage en Afrique de l'est.
1887 : le consul britannique à Jeddah note que le trafic
des esclaves n'a jamais été aussi actif en Mer Rouge
1889 : les bureaux d'affranchissement créés par les
Britanniques en Egypte ont libéré 18.000 esclaves en 6
ans
1890 : les Britanniques tentent de réduire l'esclavage à
Zanzibar; échec devant la protestation des marchands arabes
1895 : succès final de la politique anti-esclavagiste des
Britanniques en Egypte
1902 : des médecins européens calculent que 20% des
pélerins pour la Mecque meurent pendant le voyage et 5% sont
réduits à l'esclavage
1905 : mort de Hamid Mohomad, surnommé Tippu Tip, le plus
célèbre négrier du XIXème siècle,
qui vendait jusqu'à 30.000 esclaves par an, selon lui
1906 : le gouverneur de Tadoli (Soudan) est assassiné pour
avoir tenté d'abolir l'esclavage
1906 : révolte des trafiquants arabes de la région
de Kordofan (Soudan) après la libération de 120 femmes
et enfants par les Anglais
1907 : abolition de l'esclavage au Kenya par les Britanniques
1907 : Zanzibar compte, sous domination anglaise : 200 européens,
4.000 Arabes, 27.000 affranchis et 140.000 esclaves
1909 : commentaire du vice consul britannique de Mossoul :
"L'attitude des musulmans envers les chrétiens et les
juifs est celle d'un maître envers ses esclaves."
1911 : fin définitive de l'esclavage en Libye avec
l'occupation italienne
1912 : fin de l'esclavage au Maroc, avec l'occupation française
1924 : la commission temporaire sur l'esclavage de la SDN écrit :
"la traite des esclaves est ouvertement pratiquée dans
plusieurs Etats musulmans, dans la péninsule arabique en
particulier, et surtout dans le Hedjaz"
1926 : mise en évidence d'un important trafic d'esclaves au
Soudan du sud
1929 : passage de la dernière caravane d'esclave noirs à
travers le Sahara
1930 : élimination des derniers trafiquants d'esclaves du
Maroc par l'armée française
1933 : l'orientaliste anglais Rutter écrit : "dans
toute l'Arabie, à l'exception d'Aden, l'esclavage existe en
tant qu'institution parfaitement normale"
1936 : le théologien indien Maulavi Zafar Ali Khan déclare
à Lahore : "Si les musulmans, au cours de leurs périondes
de gouvernement et de domination, ont levé l'épée
pour étendre leurs territoires et pour réduire à
l'esclavage les autres peuples, cela n'a rien à voir avec le
jihad"
1937 : l'esclavage reste légal au Koweit, au Qatar, en
Arabie, à Oman, au Yémen
1941 : un marché aux esclaves fonctionne toujours à
la Mecque
1943 : reprise du trafic d'esclaves en Arabie saoudite, après
la levée de la surveillance de la marine britannique
1947 : mort de Joséphine Bakhita Soudanaise originaire du
Darfour, vendue comme esclave à plusieurs reprises et
torturée; racheté par un consul italien et canonisée
par le pape en 2001
1949 : abolition de l'esclavage au Koweit
1953 : note de l'ambassadeur français en Arabie saoudite,
qui signale l'activité de raccolage de missionnaires saoudiens
d'origine sénégalaise, qui prélèvent
toujours de jeunes garçons vendus ensuite comme esclaves
à Jeddah ou à
la Mecque"
1960 : vente en Arabie saoudite d'esclaves à des Touaregs,
pour les rembourser du prix de leurs voyages
1961 : selon un article d'un journal nigérian, des jeunes
enfants sont retrouvés en Arabie comme esclaves
1962 : abolition officielle de l'esclavage en Arabie Saoudite; le
phénomène devient plus discret
1962 : il y avait entre 100 et 250.000 esclaves en Arabie saoudite
avant l'abolition officielle
1964 : la conférence des pays arabes de Mogadiscio condamne
l'esclavage des hommes, mais ne mentionne pas les femmes dans le
texte
1964 : fin réelle de la traite des esclaves à
Zanzibar.
1965 : malgré l'interdiction officielle de l'esclavage,
l'Arabie Saoudite importe encore des castrats pour la garde des lieux
saints.
1980 : juillet : la Mauritanie abolit officiellement l'esclavage;
aucune disposition légale n'est prise contre les
contrevenants, et aucune mesure d'aide envers les victimes.
1982 : abolition de l'esclavage en Mauritanie; mais le phénomène
persiste
1986 : décembre : déclaration du chef du système
judiciaire iranien : "votre femme est votre possession, en fait,
votre esclave".
1992 : le Soudan est condamné par toutes les organisations
internationales pour violations des droits de l'Homme et pratique de
l'esclavage
1992 : août : lettre de condamnation de Boutros Ghali
concernant la destruction des langues et cultures africaines par
l'arabisation du Soudan; il rappelle aussi la pratique de
l'enlèvement des enfants et l'esclavage comme pratique
génocidaire.
1993 : février : publication du rapport Barbier à la
Commission des Droits de l'Homme de l'ONU, sur les massacres des
tribus nouba au Soudan : déportation, islamisation forcée,
esclavage pour plus de 20.000 enfants.
1994 : rapport de l'ONU sur la persistance de l'esclavage au
Soudan
1998 : une organisation chrétienne suisse exige que le
régime soudanais fasse libérer les milliers d'esclaves
(femmes et enfants) capturés par le Front National Islamique
1998 : février : condamnation à 13 mois de prison par
un tribunal mauritanien de 4 militants anti-esclavagiste
1999 : l'UNICEF demande officiellement au gouvernement soudanais
de faire cesser l'esclavage
1999 : sous la pression internationale, le gouvernement de
Khartoum crée un comité contre les enlèvements
de femmes et d'enfants (sans prononcer le mot "esclavage")
2000 : 300 personnes sont capturées et vendues comme
esclaves par les Forces Populaires de Défense du régime
de Khartoum dans la province d'Aweil-Est
2000 : selon l'UNICEF, 16.000 personnes sont esclaves au Soudan;
selon l'organisation Christian Solidarity International, environ
100.000, surtout des femmes et des enfants
2000 : en Europe, les principaux cas d'esclavage moderne sont signalés au domicile de diplomates ressortissants de pays arabo-musulmans couverts par leur immunité diplomatique.
L'esclavage arabe en 1927
(extrait de « Lettres à sa mère », lettre 89 du 24 juillet 1927)
Saint Exupéry a 27 ans et est chef d'aéroplace à Cap Juby, au Maroc. Il écrit :
« Je vais bien. La vie est peu compliquée et peu fertile en récits. Pourtant çà prend un peu d'animation parce que les Maures [Arabes] d'ici craignent une attaque d'autres tribus Maures et que l'on se prépare à la guerre. Le fort ne se trouble guère plus qu'un lion débonnaire, mais pendant la nuit, on lance des fusées toutes les cinq minutes, qui éclairent merveilleusement le désert d'une lumière d'opéra. Çà se terminera comme toutes ces grandes manifestations Maures, par le vol de quatre chameaux et de trois femmes. Nous employons comme manœuvres des Maures et un esclave. Ce malheureux est un Noir volé il y a quatre ans à Marrakech où il a sa femme et ses enfants. Ici l'esclavage étant toléré il travaille pour le compte du Maure qui l'a acheté et lui remet sa paie chaque semaine. Quand il sera trop fatigué pour travailler, on le laissera mourir, c'est la coutume. Comme c'est dissident*, les Espagnols n'y peuvent rien. Je l'embarquerais bien en fraude sur un avion pour Agadir mais nous nous ferions tous assassiner. Il vaut 2000 francs. Si vous connaissez quelqu'un que révolterait cette situation et qui me les enverrait, je le rachèterais** et l'expédierais vers sa femme et ses enfants. »
* il s'agit de territoires qui ne sont pas sous administration espagnole.
** Il parvint à rassembler la somme, racheta l'esclave et assura son rapatriement dans sa famille.
Saint Exupéry parle également de l'esclavage dans cette région dans un passage de « Terre des Hommes », chap 6, séq 6.
« Parfois l'esclave noir, s'accroupissant devant la porte, goûte le vent du soir. Dans ce corps, pesant de captif, les souvenirs ne remontent plus. A peine se souvient-il de l'heure du rapt, de ces coups, de ces cris, de ces bras d'homme qui l'ont renversé dans sa nuit présente (…) Un jour pourtant, on le délivrera. Quand il sera trop vieux pour valoir ou sa nourriture ou ses vêtements, on lui accordera une liberté démesurée. Pendant trois jours, il se proposera en vain de tente en tente, chaque jour plus faible, et vers la fin du troisième jour, toujours sagement, il se couchera sur le sable. J'en ai vu ainsi à Juby [Cap Juby, sud maroc], mourir nus. Les Maures coudoyaient leur longue agonie, mais sans cruauté, et les petits des Maures jouaient près de l'épave sombre, et, à chaque aube, couraient voir si elle remuait encore, mais sans rire du vieux serviteur. Cela était dans l'ordre naturel (…) Il se mêlait peu à peu à la terre. Séché par le soleil et reçu par la terre. »
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