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Interview : Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, évoque les convergences et les divergences entre le Coran et la Bible.

( Les [textes en italique entre crochets] sont des ajouts.) numéro spécial sur la Bible, hebdomadaire Le Point n°1631-1632, 19-26 décembre 2003.

« le Coran est une authentification du message biblique »

Le Point n°1631-1632, 19-26 décembre 2003, page 169.
PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÔME CORDELIER

Le Point : le Coran ne cite jamais expressément de versets bibliques...
Dalil Boubakeur : II ne dit pas nommément que, dans telle partie de la Bible, il est dit que... Mais il y fait référence. Quand Moïse, par exemple, dit à son peuple « Quiconque tue une vie humaine tue toute l'humanité, quiconque sauve une vie humaine sauve toute l'humanité », ce verset se réfère à la Bible.

[Cette citation est particulièrment manipulatoire : sans doute pensez-vous que le Coran enseigne aux musulmans la même chose que ce que Moïse à dit dans la Bible, or il suffit de lire le Coran pour s'apercevoir que ce n'est pas du tout le cas. Voici le verset COMPLET cité par Dalil Boubakeur (35, sourate V) :
35. C'est pourquoi nous avons donné ce précepte aux enfants d'Israël : Celui qui aura tué un homme sans que celui-ci ait commis un meurtre, ou exercé des brigandages dans le pays, sera regardé comme le meurtrier du genre humain ; et celui qui aura rendu la vie à un homme sera regardé comme s'il avait rendu la vie à tout le genre humain.
En fait, le commandement cité par Dalil Boubakeur s'adresse uniquement aux Juifs !
Pour les musulmans, les préceptes du Coran en ce qui concerne le meurtre sont totalement différents, comme en témoignent les versets 91 et suivants de la sourate IV :
91. Ils (les non-musulmans) ont voulu vous rendre infidèles comme eux, afin que vous soyez tous égaux. Ne formez point de liaisons avec eux jusqu'à ce qu'ils aient quitté leur pays pour la cause du Seigneur. S'ils retournaient à l'infidélité, saisissez-les et mettez-les à mort partout où vous les trouverez. Ne cherchez parmi eux ni protecteur ni ami ;
92. Excepté ceux qui chercheraient un asile chez vos alliés, et ceux qui sont forcés de vous faire la guerre ou de la faire à leur propre tribu. Si Dieu avait voulu, il leur aurait donné l'avantage sur vous, et ils vous combattraient sans cesse. S'ils cessent de porter les armes contre vous, et s'ils vous offrent la paix. Dieu vous défend de les attaquer.
93. Vous en trouverez d'autres qui chercheront à gagner également votre confiance et celle de leur nation. Chaque fois qu'ils tremperont dans la sédition, ils seront défaits. S'ils ne se mettent pas à l'écart, s'ils ne vous offrent pas la paix et ne s'abstiennent pas de vous combattre, saisissez-les et mettez-les à mort partout où vous les trouverez. Nous vous donnons sur eux un pouvoir absolu.
94. Pourquoi un croyant tuerait-il un autre croyant si ce n'est involontairement ? Celui qui le tuera involontairement sera tenu d'affranchir un esclave croyant, et de payer à la famille du mort le prix du sang fixé par la loi, à moins qu'elle ne fasse convertir cette somme en aumône. Pour la mort d'un croyant d'une nation ennemie, on donnera la liberté à un esclave croyant. Pour la mort d'un individu d'une nation alliée, on affranchira un esclave croy­ant, et on paiera la somme prescrite à la famille du mort. Celui qui ne trouvera pas d'esclave à racheter jeûnera deux mois de suite. Voilà les expiations établies par Dieu le savant et sage.
95. Celui qui tuera un croyant volontairement aura l'enfer pour récompense ; il y demeurera éternellement. Dieu irrité contre lui le maudira et le condamnera à un supplice terrible.
96. 0 croyants ! lorsque vous marchez pour la guerre sainte, pesez vos démarches. (etc...)
sourate 6, 152. Dis-leur : Venez, et je vais vous lire ce que votre Seigneur vous a défendu : (...) ne tuez point les hommes, car Dieu vous l'a défendu, excepté si la justice l'exige.
sourate 17, 35. Ne tuez point l'homme, car Dieu vous l'a défendu, sauf pour une juste cause ;

Bref, comme on peut le constater, la citation de Dalil Boubakeur n'est pas tout à fait représentative des préceptes du Coran ! ]

le Coran évoque les Dix Commandements, la vie des prophètes, Abraham, Moïse, Pharaon, l'Exode... Il y a des références tellement fortes à la Bible dans le Coran que celui-ci devient une authentification, un « imprimatur » des messages bibliques et évangéliques.

[ un « imprimatur » ? une authentification ? Est ce que à l'école un devoir similaire à celui d'un autre élève est un « imprimatur » et une authentification ? Non, c'est la preuve que l'un des deux élèves a copié sur l'autre ! Il en est de même ici. Qui a copié ? En général c'est l'élève le moins doué et on trouve plus de fautes dans le devoir copié par le mauvais élève que dans le devoir d'origine du bon élève. Il en est de même avec la Bible et le Coran. Le Coran dit par exemple que Jésus/Issa naît sous un palmier, sourate 19:23 alors que selon la Bible il nait dans une étable. Bonjour l'authentification ! La Bible étant un texte plus ancien que le Coran, et le Coran comportant des incohérences par rapport à la Bible, c'est le Coran qui est une copie de la Bible, faite par le mauvais élève Mahomet, et non pas, comme le croient les musulmans contre toute logique historique, le Coran qui serait une « correction » de la Bible !]

Comme si l'on attendait la confirmation coranique pour dire combien ces livres sont des textes de vérités et de prières et que les hommes ont eu tort de ne pas les suivre, et même parfois de s'en éloigner. Ces Ecritures doivent être replacées dans leur contexte sémitique de naissance. On ne peut pas comprendre le Coran si l'on n'a pas présent à l'esprit que le christianisme de l'époque n'avait pas les mêmes visions que celui d'aujourd'hui.

Le Point : C'est-à-dire ?
Dalil Boubakeur : Dans le Coran, la Crucifixion n'est qu'une vision du peuple, « un faux-semblant » (sourate IV, versets 157-158) qui a consisté en l'élévation de Jésus vers Dieu.

[ Ah, vraiment ?! Voici ce que dit exactement le Coran à propos de la Crucifixion du Christ, il suffit de LIRE la sourate donnée en référence par Dalil Boubakeur :
156. Ils disent : Nous avons mis à mort le Messie, Jésus fils de Marie, l'Apôtre de Dieu. Non, ils ne l'ont point tué, ils ne l'ont point crucifié ; un autre individu qui lui ressemblait lui fut substitué, et ceux qui disputaient à son sujet ont été eux-mêmes dans le doute. Ils n'en avaient pas de connaissance précise, ce n'était qu'une supposition. Ils ne l'ont point tué réellement. Dieu l'a élevé à lui, et Dieu est puissant et sage.
La Crucifixion n'est donc pas DU TOUT une vision du peuple, ni « un faux-semblant ». Selon le Coran la Crucifixion n'a PAS SEULEMENT consisté en l'élévation de Jésus vers Dieu : il y a bien eu un individu crucifié mais, toujours selon le Coran, c'était une « doublure », un « cascadeur » (qui n'avait sans doute pas bien lu les clauses en petits caractères au bas de son contrat...) Un gars qui se fait clouer sur deux bouts de bois à la place de jésus ce n'est pas « une élévation de Jésus vers Dieu » comme tente de nous le faire croire Dalil Boubakeur quand il parle de vision du peuple et de « faux-semblant » !

Le peuple juif est donc lavé de tout déicide. Les Actes de Jean numéros 99 et 101 expriment la même thèse.

[Il n'y a que 21 actes à l'évangile selon Saint Jean, 28 à l'évangile selon Saint Mathieu, 16 à l'évangile selon Saint Marc et 24 à l'évangile selon Saint Luc. Quant aux actes des Apôtres, il n'y en a que 28. Aucun de ces actes ne comporte 99 versets. De même pour tous les Epitres et y compris pour l'Apocalypse. Comment donc Dalil Boubakeur peut-il comparer le Coran et la Bible s'il ne peut pas donner de bonnes références dans la Bible ?

Dans la Bible, il est dit : « Voici mon fils, obéissez-lui ! » Dans le Coran, c'est Jésus qui parle et dit : « Je suis le serviteur de Dieu. » On trouve la même donnée dans l'Evangile apocryphe de Barnabé : Dieu présente Jésus non comme son fils mais comme son serviteur au moment de la Transfiguration.

Le Point : Pour la Bible, « l'homme est créé à l'image de Dieu », pour le Coran, «Allah est fondateur des deux et de la terre... Rien n'est semblable à lui... »
Dalil Boubakeur : Et surtout l'homme est crée comme « vicaire » de Dieu. Le Coran a donné à l'homme « la prime nature », ce qui le prédispose, par volonté divine, à être porteur de la foi, de la connaissance de « tous les noms de toutes choses », et à poursuivre l'oeuvre créatrice de Dieu.

[ Exemple d'oeuvre créatrice divine poursuivie par les musulmans :
Sourate 24, verset 2. Vous infligerez à l'homme et à la femme adultères cent coups de fouet à chacun. Que la compassion ne vous entrave pas dans l'accomplissement de ce précepte de Dieu, si vous croyez en Dieu et au jour dernier. Que le supplice ait lieu en présence d'un certain nombre de croyants.
Merci l'oeuvre créatrice de Dieu... ]

Le Point : Si l'on retient une différence entre le Coran et la Bible, quelle est-elle ?
Dalil Boubakeur : Le péché originel. Dieu a pardonné à Adam (sourate II, verset 37). La vie de l'homme n'a pas pour but de racheter un péché pardonné, mais de mériter à nouveau un paradis qui lui avait été donné sans conditions, de toute éternité. Il doit le reconquérir par son travail, sa peine, sa souffrance, et connaître la mort physique. Mais il n'est pas grevé du péché originel.

Le Point : Ce qui entraîne une différence fondamentale dans la conception de l'homme...
Dalil Boubakeur : Oui. L'homme dans l'islam est entièrement responsable de ses actes, il ne peut pas se réfugier derrière une espèce de prédestination.

[ Pas de prédestination, en Islam ?
sourate 10, verset 107. Si Dieu te visite d'un mal, nul autre que lui ne peut t'en délivrer ; s'il te destine quelque bonheur, nul ne saurait t'en priver.
Sourate 16, verset 38. Nous avons envoyé des apôtres vers chaque peuple en disant : Adorez Dieu et évitez le Thaghout. Il y en eut parmi eux que Dieu a dirigés : il y en eut d'autres qui ont été destinés à l'égarement.
etc... etc... ]

Pour l'islam, Jésus n'est pas venu sauver une humanité pécheresse. L'homme de l'islam est un homme libre, pardonné, à qui les révélations successives vont sans cesse rappeler son devoir primordial d'adoration de Dieu.

[ Devoir primordial d'adoration ? :
Sourate 2, verset 98. 0 vous qui croyez ! (...) Obéissez à cet ordre. Un châtiment douloureux attend les infidèles.
Sourate 3, verset 29. Dis-leur : (...) Obéissez à Dieu et à son prophète
verset 44. (...) Je viens avec des signes de la part de votre Seigneur. Craignez-le et obéissez-moi.
verset 126. Craignez le feu préparé aux infidèles ; obéissez à Dieu et au prophète, afin d'obtenir la miséricorde de Dieu.

etc... etc... ]

Le Point : Libre mais entièrement soumis à Dieu...
Dalil Boubakeur : II est soumis à la volonté de Dieu exprimée par les prophètes. Dieu, dans le Coran, ne se reconnaît qu'une fonction : donner sa grâce et sa miséricorde.

[ Exemple de grâce et de miséricorde du Dieu du Coran :
Sourate 2, verset 6. Dieu a apposé un sceau sur leurs cœurs et sur leurs oreilles (aux non-musulmans) ; leurs yeux sont couverts d'un bandeau, et le châtiment cruel les attend.
Sourate 3, verset 49. Je punirai les infidèles d'un châtiment cruel dans ce monde et dans l'autre. Ils ne trouveront nulle part de secours.
Sourate 4, verset 59. Ceux qui refuseront de croire à nos signes, nous les approcherons du feu ardent. Aussitôt que leur peau sera brûlée, nous les revêtirons d'une autre, pour leur faire éprouver un supplice cruel. Dieu est puissant et sage.

etc... etc... ]

Et nous, les hommes, nous devons nous comporter comme si nous devions la mériter, par nos oeuvres, notre adoration, notre soumission. La mort n'est pas un passage, mais le moment du bilan.

Le Point : Quelles sont les autres grandes divergences entre les deux textes ?
Dalil Boubakeur : Surtout, la querelle du Paraclet, l'antique pomme de discorde de la polémique islamo-chrétienne. Pour les chrétiens, ce Paraclet, c'est le Jésus de la Résurrection. Pour nous, le Paraclet, c'est l'homme attendu, le « Loué », c'est-à-dire Mahomet. Nos divergences avec les chrétiens portent essentiellement sur des points de doctrine : même si l'islam accepte Marie (sourate XIX), sa virginité, Jésus, l'Esprit saint... nous refusons la Trinité.

[ Il semblerait qu'il y ait une légère divergence fondamentale plus importante que le paraclet à savoir l'utilisation du meurtre et de la violence :
Les dix commandements, extrait :
tu ne tueras point.
Le Coran : sourate 9 (entre autres), verset 5. (...) tuez les idolâtres partout où vous les trouverez, faites-les prisonniers, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade ;
Le christ : abolition de la loi du talion, ne pas utiliser la violence.
Le Coran : sourate 2, verset 190. (...) S'ils vous attaquent dans l'enceinte sacrée, agissez de même par droit du talion. Quiconque agira violemment contre vous, agissez de même à son égard. (...)
Il semblerait que ce soit là tout de même une divergence plus grande que la querelle du paraclet.
A moins que l'utilisation du meurtre et de la violence ne soient que des détails pour les musulmans ? ]

Avec le judaïsme, l'écart est davantage de nature historique et politique. N'oublions pas que le judaïsme n'a pas accepté Mahomet comme Prophète.

Le Point : le Coran et la Bible sont des textes rivaux ?
Dalil Boubakeur : Mohamed Abdou, un illustre maître de l'islam, a écrit que « la Bible, l'Evangile et le Coran sont trois livres concordants. [...] Je prévois le jour prochain où luira parmi les hommes la connaissance parfaite et où se dissiperont les ténèbres de l'ignorance. Alors, les deux grandes religions, le christianisme et l'islam, s'apprécieront mutuellement et se tendront la main »

[ A chaque fois que Mahomet a tendu la main vers les non-musulmans, chrétiens ou pas, le genre de chose qu'il tenait à la main n'était pas spécialement destiné à permettre une appréciation mutuelle. Or le beau modèle pour les musulmans, c'est Mahomet, donc tant que Mahomet sera leur modèle, avoir un bouclier pour serrer la main tendue des musulmans sera une simple question de survie. ]