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A propos de la « Ka’ba » et de sa « pierre noire »…

La « ka’ba » (ou kaaba, ka'aba... littéralement : « le cube »), petit édifice cubique au centre de la mosquée de La Mecque, en arabie Saoudite, constitue le « Saint des Saints » de l’islam.

Le « ka’ba », petit édifice cubique au centre de la mosquée de la mecque, en arabie Saoudite

Or, ce sanctuaire n’a rien de spécifiquement musulman puisqu’il s’agit d’un temple érigé bien avant l’invention du culte musulman par Mahomet.

Il existe d’ailleurs toute une série de légendes qui se rattachent à la ka’ba.
- L’une d’elle prétend que dieu aurait ordonné à ses anges, tournant autour d’une maison bâtie sous son trône, d’aller construire sur la terre une demeure similaire afin que ses « créatures » puissent aussi en faire le tour.
- Une autre affirme que dieu aurait ordonné à Adam de faire le pèlerinage à La Mekke, endroit où il aurait retrouvé Eve, très précisément sur le mont Arafat voisin.
- Une troisième légende avance que l’arche de Noé aurait tourné, quarante jours durant, autour de l’emplacement de la ka’ba avant d’aller échouer sur le mont Arafat.
- Enfin, une quatrième version veut que Dieu, sous forme d'un nuage, aurait conduit Abraham à l'emplacement où il aurait construit la première Ka'ba avec son fils Ismaël.

Evidemment, il n’y a rien de censé dans toutes ces faribolles. Le coran, pour sa part, énonce qu’Abraham et son fils Ismaël auraient entrepris, après le Déluge, la construction de la ka’ba sur l’emplacement de la « maison de dieu ». L'édifice gagnant en hauteur, Abraham aurait été obligé de monter sur une grosse pierre pour poursuivre son « œuvre ». C’est cette pierre, nommée « station d’Abraham », qui se trouve sous une petite coupole située face à la ka’ba. Abraham ordonna le pèlerinage à la ka’ba et chargea son fils Ismaël, ancêtre mythique des Arabes, de veiller sur le temple. Ils creusèrent ensemble un puit pour que les pèlerins y déposent leurs offrandes.

On voit que l’explication du coran est toute aussi biscornue que les trois autres. Rien d'historique dans tout cela.

La ka’ba n’en demeure pas moins un temple païen qui perpétue le culte des pierres et de la lune qui fut jadis en faveur auprès des bédouins d’Arabie. La pierre noire n’a rien de « divin » et son culte relève de l’idolâtrie, tout comme celui de cette autre pierre qu’est la « station d’Abraham ».

Le pèlerinage musulman ne se limite d’ailleurs pas à la visite de la mosquée de La Mekke. C’est un rite relativement compliqué, avec toute sa cohorte d’ « obligations » et d’ « interdictions ». C’est ainsi que le pèlerin doit se débarrasser de ses vêtements habituels pour arborer l’ « irham » (ne pas confondre avec Hiram, personnage mythique cher aux Francs-Maçons), un vêtement blanc fait d’une seule pièce de tissu. Il doit, à partir de ce moment là, s’abstenir de se couper les cheveux et les ongles, de pratiquer la chasse, de se marier, d’avoir des rapports sexuels,etc… Le grand rituel du hajj commence par un rassemblement des pèlerins au mont Arafat, le 9 Dhu el Hijja (avant-dernier mois de l’année islamique). Après avoir campé la nuit à Muzdalifa, le cortège se dirige vers Mina pour la circumambulation. Avant de pénétrer dans les « lieux saints », le pèlerin fait ses ablutions (il se lave complètement le corps) et il implore le pardon d’Allah. Il ira alors tourner sept fois (chiffre magique des Hébreux et des Arabes) autour de la Ka’ba, soit sept fois un parcours de 33 mètres (autre nombre magique que l’on retrouve aussi chez les chrétiens). Puis il se prosterne deux fois et récite les prières rituelles.

Mais ce n’est pas fini. Il doit encore se rendre à Cafa d’où il se retourne vers la ka’ba pour exprimer le souhait de pouvoir encore en faire sept fois le tour. Puis il gagne la butte Marwa en faisant une partie du trajet au pas de course ( ?). Le rituel du hajj veut que le pèlerin aille quatre fois de Cafa à Marwa et trois fois de Marwa à Cafa (encore le chiffre 7). Enfin, c’est le retour à Mina où les pèlerins séjournent généralement deux ou trois jours avant de rentrer chez eux.

Notons qu’il existe un autre pèlerinage nommé « omra ». Il s’accomplit à titre individuel à n’importe quelle période de l’année (tandis que le hajj se déroule obligatoire lors de la « fête du sacrifice » : « Eid el-Adha »). Le rituel de l’omra se limite à la circumambulation et aux parcours entre Cafa et Marwa. Il n’exempte pas du « grand pèlerinage ».

Il existe différentes explications pour justifier ce rituel compliqué qui relève tout autant de la superstition et de la magie que de la religion. On trouvera ces explications dans un ouvrage intitulé« Les Pèlerins » (de Mohamed Hamidullah qui se réfère essentiellement à l’auteur classique Al-Ghazali – Editions du Seuil 1960).

L’étymologie du mot « ka’ba » est typique de l’Arabie du Sud. Elle est très certainement yéménite. Ce terme désigne un temple mais, de façon plus générale, un édifice cubique et même une maison ou une chambre de forme carrée. Une ka’ba était, le plus souvent, une chambre haute de forme carrée et ce n’est que par la suite que ce mot pris le sens restrictif de « temple ». Il est curieux de noter que ce mot ressemble fort à « kaahba », un terme arabe contemporain qui désigne une femme qui se donne à tous les hommes, autrement dit une… putain ! Quand un Arabe part de chez lui pour aller faire le tour de la ka’ba, on peut se demander s’il ne va pas plus tôt tourner autour de la kaahba du coin !

Nous ignorons, par ailleurs, s’il existe une relation entre les mots ka’ba et caba…ret ou encore avec le panier que nos ménagères utilisent pour faire leurs courses. Plus sérieusement, il pourrait exister une certaine relation entre le mot ka’ba et le mot « kabbale ».

schéma explicatif de la kaaba

Quoi qu’il en soit, la ka’ba se présente sous l’aspect d’un petit édifice cubique situé au centre du « Masjid al-Haram », la grande mosquée de La Mekke. A proximité de l’unique porte d’accès, on trouve la pierre noire qui a été enchâssée dans l’un des angles. A l’intérieur, la pièce est vide. Le plafond est supporté par trois piliers de bois et les murs sont recouverts de sourates. Dans un angle, un escalier étroit permet d’accéder à la terrasse. On l’emprunte une fois par an pour changer la « kiswa », ce voile de soie noire qui recouvre les murs extérieurs et confère à la ka’ba son aspect sinistre. La porte de la ka’ba s’ouvre trois fois par an pour permettre de laver le plancher avec de l’eau puisée à la source de Zamzam (celle qui est supposée avoir été découverte par le grand-père de Mahomet). L’espace d’environ un mètre séparant la porte de la pierre noire est nommé « multazam ». Les quatre coins du temple portent aussi des noms ; angle de la pierre, angle de l’Iraq, angle de Syrie et angle du Yémen.

La Mekke à la fin du XIXe siècle – Dessin de Tomaskiewizc – 1886
La Mekke à la fin du XIXe siècle – Dessin de Tomaskiewizc – 1886.

On distingue la Ka’ba à l’avant-plan. A l’époque, elle était curieusement entourée de petits bâtiments et de palissades de facture extrême orientale (genre pagode). A l’arrière, la ville de La Mekke et le vieux fortin implanté sur une colline voisine. Une photo (vers 1920) confirme cette gravure.

Vers 1800, lorsque les wahhabites reprirent La Mekke aux forces ottomanes, ils saccagèrent la ka’ba et foulèrent la pierre noire de leurs pieds. Les mêmes wahhabites – qui dirigent aujourd’hui l’Arabie saoudite et se posent en « protecteurs des lieux saints de l’islam » – avaient aussi profané et détruit le tombeau de Mahomet à Médine ainsi que les « lieux saints » chiites de Kerbala.

ka'ba (vue aérienne)
Vue aérienne de la grande mosquée de La Mekke.
On distingue nettement la ka’ba, tendue de noir, au centre de la cour.

Dans les oasis du Nedjd, patrie des Séoud et du wahhabisme, on avait adoré l’idole des Benou Rabia avant que Mahomet ne se mette à prôner le monothéisme. D’abord adorée dans le temple de Rodha, cette idole des bédouins du Nedjd avait ensuite été transportée dans la ka’ba de La Mekke.

Un peu partout, dans les pays islamisés, on trouve trace des anciennes pratiques religieuses pour peu que l’on soit observateur. Outre la ka’ba et sa pierre noire, on observe que les Touaregs ont conservé de nombreuses superstitions préislamiques. Comme la plupart des Arabes et des Maghrébins, ils croient aux « mauvais génies » mais, pour les conjurer, ils ont recours à des fétiches, tout comme les habitants de l’Afrique noire. Au début du XXe siècle, les Massalis d’Afrique centrale, bien que théoriquement islamisés, pratiquaient encore le cannibalisme rituel. A Java, les pratiques animistes préislamiques sont encore vivaces. C’est ainsi que les musulmans de Java continuent à vénérer des arbres fétiches et des représentations de la figure humaine selon la mode hindouiste. En Inde, des musulmans honorent les vaches sacrées et divers autres animaux, comme les Hindous.

L’islam a, par ailleurs, assimilé de nombreux mythes païens : le culte antique du tonnerre et des éclairs se retrouve dans la légende chiite d’Ali, le mythe solaire greco-romain se retrouve dans la légende d’Hossein, fils d’Ali, etc...

La Kaaba, centre du monde musulman, montre surtout que la copie et l'appropriation sont au coeur de la religion musulmane : copie du judaïsme via Abraham, appropriation des éléments cultuels et culturels propres aux religions « idolâtres » via le fétiche de la « Pierre Noire ».

La
grande mosquée de La Mekke et la ka’ba vers 1920
La grande mosquée de La Mekke et la ka’ba vers 1920.
Voir aussi l'article paru en octobre 1924 dans « Le patriote Illustré ».

billet Iranien de 2000 rials illustré avec la ka’ba
Billet de 2000 rials de la République Islamique d'Iran
illustré de la ka’ba et d'une portion de la grande mosquée de La Mekke.
A gauche, la petite coupole abrite le rocher dénommé la « station d’Abraham »