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Description de la Mecque

G. Lucien Huard, 1884

Dictionnaire universel et illustré de la géographie et des voyages
par une société de gens de lettres de touristes et de savants
sous la direction de G Lucien Huard 1884

Dictionnaire universel
et illustré
de la géographie
et
des voyages
par une société de gens de lettres de touristes et de savants
sous la direction de G Lucien Huard
1884

MECQUE (la) (45,000 hab.), ville d’Arabie (Hedjaz), à 96 kil. de Djeddah et de la mer Rouge, capitale religieuse du monde musulman.

C’est une cité sans grande étendue, située dans un ouadi, à sec généralement, mais qui roule parfois aussi des torrents d’eau qui sapent et entraînent les maisons; en 1861, un tiers des maisons fut détruit ainsi par l’inondation; une digue protégeait jadis la cité sainte. Le renom de La Mecque comme lieu sacré est antérieur à la fondation de l’islamisme; auparavant, les Arabes idolâtres venaient déjà baiser la pierre noire, un aérolithe probablement, encastrée dans la Kaaba et accomplir le touaf autour du monument; c’est-à-dire en faire sept fois le tour. Mahomet, en prescrivant également la cérémonie, supprima seulement l’obligation de la nudité, qui était imposée avant lui.
Pour les musulmans, La Mecque est l’endroit où « nos premiers parents » reçurent le pardon de leurs fautes; Agar et Ismael s’y arrêtèrent et du sol jaillit pour eux la source miraculeuse qui les sauva de la mort. Abraham fit élever la Kaaba et on y plaça la pierre noire donnée par l'ange Gabriel à Ismael, le père des Karaïchites, tribu illustre dont Mahomet est issu; puis le fondateur de la foi musulmane y naquit, mettant ainsi le sceau à la réputation de la cité. Les Turcs ottomans s’en emparèrent en 1818; les Wahabites s’y établirent de 1803 à 1818 et la laissèrent en ruines; Méhémet-Ali la prit en 1818 et y tint garnison jusqu’en 1841. La Mecque est redevenue la capitale d’un chérifat relevant de la Porte.

Avec le temps, l’importance de La Mecque a quelque peu diminué; dans les premiers siècles, les fidèles observaient strictement le Coran, qui leur enjoignait d’aller, une fois dans leur existence, retremper leur foi au berceau de la religion; maintenant ceux qui ne peuvent y aller s’en abstiennent et les plus fortunés achètent, à prix d’or, les certificats de visite aux saints lieux. Les grands donnaient jadis l’exemple; les califes fondaient dans le désert des villes qui leur servaient d’étapes; la caravane du dernier calife abasside ne comprenait pas moins de 120,000 chameaux, escortés par une multitude de soldats; la prépondérance des Osmanlis fit du tort au pèlerinage et aucun sultan de Constantinople n’a fait le voyage autrement que par procuration. Les guerres des Wahabites contribuèrent aussi à diminuer le nombre des pèlerins; quoi qu’il en soit, ce nombre doit encore dépasser annuellement 100,000; la plupart, disons-le, le font autant par intérêt que par piété, car la ville et ses environs sont, dans le dernier mois de l’année musulmane, le théâtre d’une foire très considérable.
Maintenant les conditions du voyage sont améliorées par les nouveaux modes de transport; les bateaux à vapeur conduisent des milliers d’individus, qui, sans eux, formeraient, comme autrefois, d’interminables caravanes. Celle de la Mésopotamie, qui traverse la Nedjed, a seule subsisté, le périple de l’Arabie étant trop long et trop onéreux; mais les caravanes de Damas, du Yémen, de Mascate et celle d’Egypte qui traversaient la péninsule sinaïtique, ont, sinon disparu, du moins baissé considérablement d’importance. Les infidèles ne peuvent entrer dans La Mecque, ni même pénétrer dans le Hedoud-el-Haram, ou territoire sacré qui l’entoure; ceux qui l’ont vue y sont entrés avec Méhémet-Ali, ou déguisés en pèlerins.

La ville a des rues plus spacieuses que celles des autres cités arabes; c’est en vue de faciliter la circulation des pèlerins. Toutes convergent vers la place centrale où se dresse la mosquée sainte ou Mesjid-el-Haram.

La Grande Mosquée est un édifice sans caractère, assez bas, avec des minarets et des coupoles; elle renferme une grande cour carrée, entourée de colonnades et dans laquelle on pénètre par 49 portes. Au milieu se dresse le Cube, la Kaaba, d’une hauteur de 12 mètres environ, que recouvre un voile de soie noire, offert chaque année par le padischah de Constantinople et portant, brodée en lettres d’or, l’inscription : « Dieu seul est Dieu et Mahomet est son prophète » Quatre oratoires ornent les angles de la Kaaba, consacrés chacun à une des sectes orthodoxes : les Chantes de la Syrie et de la Mésopotamie ; les Hanéfites de la Boukharie, de l’Afghanistan, du Béloucbistan et de la Turquie; les Malékites d’Afrique et les Hanbalitcs arabes. Le Zemzem, fontaine d’Ismaël, jaillit dans une chapelle et son eau, panacée universelle, est payée un prix très élevé par les riches mahométans; elle est pourtant d’une remarquable impureté.

La fontaine du puit de Zem Zem, de nos jours.
La fontaine du puit de Zem Zem, de nos jours

Huit mille individus se pressent parfois dans cette cour; parmi eux se trouvent des femmes, l’obligation du pèlerinage existant aussi pour elles; les veuves ont le droit de prendre, pour le temps de leur séjour à La Mecque, un... époux choisi parmi les habitants. Si les pèlerins ne sont plus nus comme avant Mahomet. Ils sont pourtant très légèrement vêtus, n’ayant qu’une simple chemise, ihvam ou mohram, pour s’abriter des intempéries pendant plusieurs jours. Avant les mesures prises par les gouvernements européens, qui ont installé une commission sanitaire internationale chargée de veiller à l’observation des lois hygiéniques les plus essentielles, cette immense agglomération d’hommes, venus de tous les points du monde musulman, était souvent le foyer de maladies épidémiques qui ravageaient la terre.

La visite à la pierre noire encastrée dans le mur de la Kaaba, près de la porte d’argent qui ne s’ouvre que trois fois par an, pierre qui doit témoigner en faveur des vrais croyants au jour du dernier jugement, ne suffit pas pour acquérir le titre de hadji. Il faut encore aller prier Allah sur les pentes de la montagne d’Arafat, distante de quelques kil. de La Mecque. Elle est granitique, avec une hauteur relative de 60 mètres seulement et une circonférence de base de plusieurs milliers de mètres. Il en jaillit une source abondante, dont la femme d’Haroun-al-Raschid avait fait passer les eaux dans un canal, presque détruit maintenant, et qui devait alimenter la ville.
Toute la foule se presse sur les pentes du mont, priant, levant les bras au ciel, se frappant la poitrine, rappelant par ses cris son aveugle foi en Dieu.

Toute la foule se presse sur les pentes du mont Arafat

En redescendant, on jette, dans un défilé, des pierres au bas d’un rocher pour simuler la future lapidation du démon; les débris forment des amas gigantesques; au pied de la montagne, on sacrifie des animaux, que les Bédouins ont amenés pour les vendre aux fidèles, et le sang coule à flots pour la plus grande joie des vautours à l’affût.

on sacrifie des animaux, que les Bédouins ont amenés pour les vendre aux fidèles, et le sang coule à flots

On visite encore, aux alentours, la vallée de Minol et la grotte du mont Hira, où Mahomet allait se recueillir et où l'ange Gabriel lui apparut pour la première fois.

Le mont Hira La grotte du mont Hira, où Mahomet allait se recueillir et où l'ange Gabriel lui apparut pour la première fois.
Le Mont Hira et l'entrée de la grotte

Le fameux baume dit de La Mecque vient de l’intérieur de la péninsule, et nullement de la ville.

La Mecque