Mahomet

Dictionnaire universel des noms propres Le petit robert 2, 1974

dictionnaire universel des noms propres Petit Robert 2, 1974

La partie Histoire de l'art et civilisation islamique a été rédigée par Abdelwahab MEDDEB

fac-similé définition mahomet dictionnaire universel des noms propres Petit Robert 2, 1974 MAHOMET. (Altération du nom de MUHAMMAD qui a succédé à la forme mahom, courante en ancien et en moyen français ; une autre translittération a donné mohammed [Abu al-Qâsim Muhammad ibn ‘Abdulluh tbn -Abd al-Muiialib ibn Hâshim}.) • Prophète de l’Islam (La Mecque, 570? - Médine, 632). Parmi les fondateurs des grandes religions universalistes, Muhammad (« le loué ») est le mieux connu historiquement. La religion qu’il prêche (V. Islam) compte de nos jours environ un demi-milliard d’adeptes. Homme profondément religieux, il fut aussi un grand chef politique et militaire qui sut imposer aux tribus de la péninsule arabique un pouvoir unique doté d’un système juridique original. Les sources biographiques dont on dispose sont abondantes, mais comportent des détails suspects. Les biographies classiques connues les plus anciennes datent du déb. du IXème siècle : le Kitâb Sîrat Rasûl Allah (« Vie de l’Envoyé de Dieu ») d’Ibn* Hishâm ([mort] v. 834) est l’adaptation de l’enseignement de son maître Ibn Ishâq ([mort] v. 767). L’ouvrage de Waqidi ([mort] 823) se limite à relater les campagnes du Prophète. La biographie de l’historien Tabari* ([mort] 923) n’utilise aucune source originale. À ces écrits s’ajoutent le Coran* et les recueils de hadith*. - Originaire de la grande famille mecquoise de Hâshim, issue de la tribu de Quraych, Muhammad, orphelin dés l’enfance, fut adopté par son grand-père ‘Abd al-Muttalib, puis par son oncle paternel Abu Tâlib, père de ‘Ali*. Tout jeune, il aurait été berger. Plus tard, il fut embauché par Khadija, riche veuve commerçante qui organisait des caravanes qu’il aurait accompagnées jusqu’en Syrie. Devenu son homme de confiance, il accepta le mariage qu’elle lui proposa. De cette union, ils eurent quatre filles dont Fâtima*, future femme de ‘Ali. Jusqu’à l’âge de quarante ans, il mena une vie tranquille et prospère, entrecoupée de retraites où il pratiquait l’ascétisme dans une caverne d’une montagne proche de La Mecque. Là, il reçut sa première révélation (v. 610) : selon la tradition, il vit l’archange Gabriel (Jibraîl, en ar.) qui lui transmettait des paroles de Dieu. Le long silence qui s’ensuivit le troubla. Les révélations ne reprirent que v. 613. Il en relata le contenu à ses proches qui constituèrent le premier noyau de musulmans (de l’ar. Musli-mûn, pl. De muslim : « celui qui remet [son âme à Allah] »). Au début, aucune opposition ne se manifesta. Mais quand le cercle des adeptes commença à s’élargir et que leur critique de la religion en cours (polythéisme déjà influencé par les religions monothéistes, juive et chrétienne) se fit de plus en plus radicale, l’oligarchie mercantile de La Mecque réagit fermement afin de préserver les intérêts économiques qu’elle tirait, entre autres, des pèlerinages. L’opposition à l’apostolat de Muhammad s’exprima, en un premier temps, par des moqueries et des polémiques. Mais, en 615, une persécution très violente amena quelques-uns des premiers musulmans à se réfugier en Ethiopie chrétienne. Après la mort de Khadija et de Abu Tâlib, ce dernier fut remplacé à la tête des Hâshim par son frère Abu Lahab (619), adversaire du prophète. Mahomet [Muhammad], se trouvant alors sans protection, chercha un refuge à Yathrib, oasis située à 350 km au N.-O. De La Mecque et habitée par deux tribus rivales, les Aws et les Khazraj, ainsi que par trois tribus juives qui décidèrent de mettre fin à leurs conflits en faisant appel à l’arbitrage d’un étranger, rôle qu’assuma Mahomet après des négociations secrètes qui aboutirent au pacte d'Akaba (622). Les Mecquois, alarmés, décidèrent de l’assassiner, mais il parvint à s’échapper le 16 juillet 622, an 1 de l’ère musulmane ou héjire (de l’ar. Hijra : « émigration »). Après l’installation de Mahomet [Muhammad] à Yathrib, cette oasis fut appelée Madinât al-Nabî (« ville du prophète ») V. Médine. Le prêcheur se transforma en homme politique, en législateur et plus tard en chef militaire. Il organisa les musulmans en deux catégories égales en droit : al-Muhâjirûn (« les émigrés » : les Mecquois qui l’avaient suivi) et al-Ansar (« les auxiliaires », disciples médinois). Voulant gagner à sa cause les juifs de la ville, il leur assura la liberté du culte et introduisit certains de leurs rites en Islam : à l’instar des juifs, les musulmans se tournaient vers Jérusalem en priant et jeûnaient le « jour de l’expiation ». Mais les juifs, tout en acceptant la nouvelle autorité politique de Muhammad, lui refusèrent la reconnaissance prophétique en raison des incohérences de ses références bibliques. Deux ans plus tard, Mahomet rompit avec les juifs et l’Islam se particularisa : désormais, la prière fut dirigée vers la Ka’ba*, temple cubique de La Mecque, attribué à Ibrâhîm (Abraham*) à qui le prophète rattacha sa religion nouvelle afin de lui donner une origine monothéiste plus ancienne que la judaïque et la chrétienne. La période de jeûne fut déplacée et le mois de ramadhân fut situé en fonction de la date anniversaire de la première grande victoire de l’armée musulmane sur les troupes mecquoises qui escortaient les caravanes convoitées par Mahomet (victoire de Badr*, printemps 624). Après la cinglante défaite des musulmans à Uhud, Mahomet parvint à repousser l’attaque d’une alliance de tribus arabes dirigées par les Mecquois en creusant un fossé autour de Médine, tactique étrangère au rituel guerrier de cette région et qui surprit l’adversaire (627). Ainsi, « la bataille du fossé » redonna au Prophète l’initiative. Il chassa les juifs de Médine. Malgré le pacte de Hudaibiya (mars 628) qui, entre autres clauses, stipulait une trêve de dix ans, l’armée musulmane occupa La Mecque presque sans opposition et les derniers réticents adhérèrent à l’islam (630). Mahomet pénétra dans le sanctuaire, renversa les statues des divinités païennes et décréta une amnistie générale. Les années 630-631 consacrèrent l’autorité de Muhammad sur la péninsule arabique. Il réorganisa son administration et fixa le relèvement des taxes. La nouvelle législation religieuse se substitua définitivement à l’ordre tribal et classique et le paganisme fut mis hors la loi. Pendant le « pèlerinage de l’adieu », Mahomet institua le rituel du hajj (pèlerinage), retourna ensuite à Médine où, après une courte maladie, il mourut (8 juin 632). Outre Khadija, sa première femme, il avait eu quatorze épouses. Deux d’entre elles devaient jouer un rôle politique important : l’hostilité du groupe, constitué par deux co-épouses et leurs pères Abu Bakr* et ‘Umar* envers le noyau formé par sa fille Fâtima* et ‘Ali* qui lui donneront deux petit-fils, Hassan* et Hussaïn*, aura de graves conséquences plus tard (V. Shi'isme). La glorification de Mahomet, après sa mort, s’amplifia. Si les sunnites* le considèrent comme un élu de Dieu, homme exemplaire et modèle de conduite terrestre, les shi’îtes lui attribuent des charismes éminents et certaines sectes vont jusqu’à le diviniser.
MAHOMET ou MAHMET (dans les noms turcs). • V. Mehmet.
Mahomet ou le Fanatisme. • Tragédie de Voltaire* (1741). Tyran sanguinaire, Mahomet fait assassiner Zopire, champion de la liberté. Dirigée contre le fanatisme, la pièce fut dédiée par son auteur au pape Benoît XIV qui lui envoya sa bénédiction.

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