Mahomet

Source : http://gallica.bnf.fr/Catalogue/noticesInd/FRBNF33989145.htm

Titre : Histoire des differens peuples du monde contenant les ceremonies religieuses et civiles l origine des religions leurs sectes et superstitions et les moeurs et usages de chaque nation

Auteur : Contant d'Orville, André-Guillaume (1730?-....)

Editeur : Paris : Hérissant fils, 1770-1771

 

CHAPITRE V.
(Tome 6)

Mahomet

Ce fameux imposteur naquît à la Mecque dans l'Arabie pétrée, selon M. Gagnier , cinq cents soixante-dix-huit ans après Jésus-Christ , mais tous les auteurs ne conviennent pas de cette époque. En sortant du sein de sa mère, il fut annoncé à l'Arabie par une lumière extraordinaire qui éclaira les villes & les bourgades de cette grande contrée. A peine fut-il né qu'il se jetta à genoux, montra le ciel de sa main, & annonça en ces mots la religion qu'il venait prêcher aux hommes : « Dieu est grand, il n'y a point d'autre Dieu que Dieu seul, & je suis moi seul l'apôtre de Dieu ». Ajoutons à ces prodiges, que le lecteur veut bien nous permettre de lui rapporter, malgre leur absurdité, que le prophète vint au monde circoncis, pour prouver qu'il était fidèle, que satan & ses anges ( déjà précipités dans les enfers au moment de sa conception ) cessèrent de rendre des oracles; que le feu des mages s'éteignit, que les murailles du palais du roi de Perse se fendirent, & qu'un Arabe lui prédit la destruction de son empire. Le septième jour de sa naissance l'enfant prophète reçut le nom de Mohammet ou Mahomet, qui lignifie loué ou glorifié. Halima fut sa nourrice. Dans sa jeunesse, Dieu envoya deux anges, qui, l'ayant couché par terre, lui fendirent le ventre, & lui ouvrirent la poitrine, d'ou ils tirèrent une tache noire; puis l'ayant remplie de lumière, ils refermèrent la plaie, & il fut aussitôt guéri. Le frère de lait de Mahomet, témoin de cette céleste purification, courut en informer Halima, qui s'empressa d'en porter la nouvelle à son époux : mais celui-ci moins crédule qu'un enfant & une femme, apprenant que le petit nourrisson était resté quelques minutes les yeux fixés vers le ciel, en conclut qu'il avait eu une faible attaque d'épilepsie. C'est ici l'origine de la tradition qui a fait attribuer cette maladie au prophète des Musulmans, mais il n'y a pas d'apparence que Mahomet fût affligé de ce mal : le fanatisme, l'enthousiasme & la fourberie qu'il savait mettre en usage pour avancer ses projets, étaient ses véritables maladies.

Mahomet resta orphelin de très-bonne heure, sous la conduite de son oncle Abu-taleb. A vingt ans il porta les armes dans une guerre des Koraïshites ; à vingt-cinq il devint facteur d'une femme de la Mecque, nommée Cadischée, laquelle exerçait le négoce, qu'il épousa, & avec qui il vécut obscur & ignoré jusqu'à l'âge de quarante ans. Ce fut alors qu'il commença à déployer ces talents qui le rendaient supérieur à ses compatriotes. L'opinion commune parmi nous est qu'il composa l'alcoran avec le secours de Batyras, hérétique Jacobite, de Sergius, moine Nestorien & de quelques Juifs. Il déclara ( Alcoran » chap. 2, ) qu'il était le véritable restaurateur de l'ancienne & sainte religion professée par Abraham & les prophètes, & qu'il ne reconnaîtrait pour vrais croyans que ceux qui croiraient a ce livre par excellence.

Depuis longtemps Mahomet feignait de faire des retraites dans une caverne du mont Hora. Une nuit, que les Musulmans nomment la nuit du décret, l'ange Gabriel lui apparut, tenant à la main le commencement du quatre-vingt-seizième chapitre de l'alcoran, & lui dit : « Lis : » je ne sais pas lire, répondit Mahomet. Lis au nom de Dieu, reprit Gabriel, qui a crée l'homme ( c'est-à-dire la postérite d'Adam ) d'un peu de sang congelé. Lis ; car ton Seigneur est infiniment honorable, il a enseigné l'usage de la plume à l'homme, il lui a en enseigné ce qu'il ne favait pas ». En même-temps une voix du ciel se fit entendre, qui déclara à Mahomet qu'il était l'apôtre de Dieu , & que celui qui lui parlait ,était l'ange Gabriel, & il reçue aussitôt le don de prophétie avec la mission.

Le nouveau prophète ne manqua pas à son retour de débiter cette prétendue vision à sa femme, qui munie d'une vraie foi en répandit bientôt la nouvelle , ce qui lui fit quelques prosélites , mais ce ne fut que trois ans après cet événement qu'il manifesta ouvertement sa vocation, & les historiens se taisent sur ce qui se passa pendant ces trois années. Enfin au bout de ce temps, il eut une nouvelle vision, qui lui causa un tel effroi , qu'il descendit avec précipitation du mont Hora , en criant à ceux qu'il avait laissé au bas de la montagne ; « Enveloppez-moi », mais l'ange Gabriel le retint, & lui remit ces paroles du soixante quatorzième chapitre de l'alcoran : « 0 toi qui es enveloppé, lève-toi, va prêcher, glorifie le Seigneur, purifie ces vêtements, évite l'abomination, ( l'idolâtrie ) ne donne point dans l'espérance de recevoir beaucoup plus que tu n'as donné, mets ta confiance en Dieu ». Après cet ordre Mahomet ne craignit plus de prêcher ouvertement sa nouvelle doctrine, il rassembla quelques disciples, mais l'emportement de ses discours attira contre eux & contre lui la plus vive persécution de la part de ses compatriotes. Quelques-uns se retirèrent en Ethiopie, & l'intrépide prophète se réfugiat dans une maison de la colline de Safa, appellée depuis la maison du roseau, avec trente-neuf de ses prosélites. Ce fut de cette retraite qu'il augmenta considérablement le nombre des nouveaux fidèles.

En la douzième année de sa mission, on nous raconte que le faux prophète fut dans une nuit transporté de la Mecque à Jérusalem & ensuite au plus haut des cieux, compagné de l'ange Gabriel & monté sur la fameuse jument al-borack. Pendant ce fameux voyage, Mahomet entendit plusieurs voix qui le supplièrent de s'arrêter, mais l'Eternel avait décidé qu'il continuerait sa route sans leur répondre : arrivé à Jérusalem le prophète mit pied à terre. Il attacha la fidèle borack aux anneaux, où avant lui les prophètes avaient coutume d'attacher leur monture, & il entra dans la maison sainte. Là, il vit Abraham, Moïse & Jésus, qui vinrent au-devant de lui, & avec qui il fit sa prière, sans prétendre sur eux aucune supériorité. Ce fut alors que Gabriel expliqua au favori de Dieu quelles étaient ces voix qu'il avait entendues dans le chemin. « L'une, dit l'ange, etait celle d'un Juif qui t'invitait a embrasser le judaïsme, l'autre était celle d'un Chrétien; & si tu t'étais arrêté pour les écouter, ta nation se serait fait Juive ou Chrétienne, jusqu'à la résurrection : la troisième était celle d'une femme fardée & c'était le monde avec ses faux appas, qui, interrompant ta course, aurait fait choisir à ta nation, la jouissance de ses fausses richesses, au lieu du bonheur éternel ».

En sortant de la maison sainte, Mahomet rencontra un homme qui portait trois cruches, remplies d'eau, de vin & de lait. « Si Mahomet, dit une voix, boie de l'eau, il sera submergé, & sa nation sera submergée, s'il boit du lait, il sera dirigé dans la voie droite, après lui, jusqu'au jour de la résurrection ». L'ange Gabriel dit alors au prophète : « Choisis ce que tu voudras : & le prophète but un peu de lait ». Quelqu'un voyant cela dit : « Si Mahomet avait bu tout le lait, sa nation n'aurait jamais vu le feu de l'enfer ». Le fils d'Abdo'llah courut au lait, dans le dessein de n'en laisser aucune goutte dans la cruche, mais il n'était plus temps : « la plume qui écrivait vient de se sécher, lui dit l'ange Gabriel ».

Enfin Mahomet arrive au septième ciel : il a parcouru sept distances d'un ciel à l'autre, qui exigeraient cinq cents années pour les traverser chacune. Un ange, blanc comme la neige , vétu de rouge, & suivi de soixante-dix mille anges , vient le baiser tendrement entre les deux yeux, le salue au nom du Dieu puissant & glorieux, & se charge de le conduire au pied du trône de l'Eternel.

« Ils percent ensemble soixante-dix mille voiles, cloisons, ou séparations faîtes d'hyacintes, pour arriver ensuite jusqu'à soixante-dix mille autres voiles d'étoffes très déliées, & de-là à soixante-dix mille voiles de ténèbres, qu'il fallait aussi percer. Il y avait de dislance encre chaque voile le chemin de cinq cents ans de voyage. Dé-là ils arrivèrent à pareil nombre de soixante-dix mille voiles, faits de feu, à soixante-dix mille voiles, faits de neige, à soixante-dix mille voiles, faits d'eau ; à soixante-dix mille voiles faits d'air ; à soixante-dix mille voiles faits de vide & de chaos, après quoi, ils ne cessèrent de percer, & se firent jour au travers du voile de la beauté, du voile de la perfection, du voile de la souveraine puissance, du voile de la singularité, du voile de la séparation, du voile de l'immensité, du voile de l'unité , & ce dernier voile est celui de Dieu très-grand & très-immense.

Mahomet s'approche du trône de I'Eternel : il s'entretient familièrement avec lui. Dieu lui demande ce qu'il souhaite : « Je souhaite , répond le prophète, de bien dîner, de bien souper, & de bien dormir, quand les hommes dorment » Après une assez longue conversation avec Dieu, Mahomet se retire, visite le paradis, & revient sur la terre , toujours monté sur la jument borak.

Quelques commentateurs de l'alcoran, ont avancé que ce voyage n'était qu'une fiction allégorique ; mais les dévots Musulmans le prennent pour une réalité, & il paraît assez certain que ce faux prophète prétendait qu'on le crût réel.

Cependant les dogmes que prêchait Mahomet, lui avaient fait beaucoup de sectateurs à Médine , & la treizième année de sa mission, il s'y retira pour se dérober aux embûches qu'on lui avait dressées à la Mecque pour le faire périr. Il y fil bâtir une mosquée, &, la même année , il prit les armes , & commença la guerre contre ses compatriotes les Mecquois, ou Koraïshites. Il se donna une sanglante bataille entre les deux partis. Pendant le combat, Mahomet, en beaucoup de circonstances, presque toujours le singe de Moïse [note : imitant Moïse comme un singe] , priait l'Eternel de favoriser les fidèles Musulmans. Ils furent victorieux ; tous les Koraïshites périrent avec leur chef, & les amis du prophète qui restèrent sur le champ de bataille, furent mis au nombre des martyrs.

Jusqu'à ce temps l'apôtre imposteur avait été l'ami des Juifs ; il se brouilla alors avec eux , & fit une guerre sanglante à ceux qui habitaient l'Arabie. Tous ceux qui tombèrent entre ses mains furent impitoyablement égorgés : sans doute pour imiter le traitement que les ancêtres des Juifs avaient l'ait aux Chananéens, au moins est-ce qu'insinuent ces paroles de l'alcoran , sans doute copiées du deuteronome , ( chap. XXXIII. ) « Vous avez fait mourir une partie des Koraïshites, vous avez fait le reste captifs & esclaves. Dieu vous a donné leur pays en héritage avec leurs maisons & leurs richesses. Il vous a donné un pays dans lequel vous n'étiez Jamais entrés, &c. » Vers ce temps qu'on rapporte à la sixième année de l'hégire, Mahomet fit quelques tentatives pour engager les Chrétiens à embrasser sa nouvelle religion, mais les missionnaires qu'il leur adressa firent peu de conversions. Il dût aisément s'en consoler par la paix qu'il fit alors avec les Koraïshites, & par la soumission religieuse que son peuple lui témoignait dans toutes les occasions : « J'ai vu, disait aux Koraïshites , un cercain Arwa qu'ils avaient député vers Mahomet, j'ai vu les Kosroés de Perse, les Césars de Rome, les Négus d'Ethiopie avec toute leur magnificence; mais je n'ai jamais vu de roi au milieu de ses sujets, semblable à Mahomet au milieu de ses compagnons. Outre cela j'ai vu un peuple qui ne le trahira jamais, de quelque manière que les choses puissent aller. Ainsi pensez à ce que vous avez à faire » Mahomet était un habile imposteur, & les Arabes étaient bien crédules. Le gros du peuple était réellement persuadé ; mais ceux qui avaient encore les yeux ouverts sur les fourberies du prophète, attachés intimement à des intérêts, paraissàient les plus enthousiastes.

La septième année de l'hégire, Mahomed détermina de faire son al-kadha, c'est-à-dire le pèlerinage de la Mecque. Il le mit en marche avec tout l'appareil d'un législateur. Arrivé près de la ville sainte, avec ses fidèles Musulmans, il leur fait déposer leurs armes, & marche à leur tête vers la ca'aba, donc il embrase & baise dévotieusement la pierre noire : ensuite avec eux il fait sept fois le tour du temple, en présence des Koraishites, qui ne pouvaient comprendre comment des gens, fatigués d'un si long voyage, pouvaient conserver autant de vigueur : « Mahomet, nous dit-on , fit les trois premiers tours en courant légèrement, & d'un pas leste & ferré, par bonds & par sauts, en secouant les épaules : les quatre autres en marchant gravement d'un pas ordinaire ». Telle est l'origine des cérémonies qui s'observent encore aujourd'hui dans le fameux pèlerinage de la Mecque. Après les sept tours, le prophète fit proclamer la prière ; ensuite monté sur son chameau, il courut sept fois entre les deux collines ou les Koraïshites avaient placé deux de leurs idoles , ce qui se pratique toujours , & est autorisé par un passage du deuxième chapitre de l'alcoran. Le dernier acte de cette dévotion fut le sacrifice de soixante-dix chameaux , à moins qu'on ne veuille compter l'acte de la consommation du mariage du prophète avec une nouvelle femme, qui termina toutes les cérémonies.

On place dans l'année huit de l'hégire, le commencement de la guerre contre les Romains , sous le nom desquels on comprenait alors tous les sujets de l'empire Grec. Cette même année Mahomet décida de s'emparer de la Mecque , & sous de légers prétextes déclara la guerre aux Koraïshites qu'il détestait dans le fond de l'âme, qui l'aimaient pas plus, & dont il cherchait a se venger. II les vainquit en bataille rangée, entra triomphant dans la ville saite , brisa toutes les idoles qui entouraient le temple, déclara aux vaincus que par droit de conquêtes , ils étaient ses esclaves &, par un trait politique de générosité, bien digne de cet imposteur, leur annonça sur le champ qu'il les affranchissait.

Depuis cette victoire, tout réussit au faux prophète, & sa religion fut successivement embrassée par toutes les tribus des Arabes. Ali sut prêcher la fui Musulmane dâns l'Yémen ; il battit les Arabes idolâtres, & par conséquent il les convertit. Une autre raison de la prompte prospériré des armes spirituelles & temporelles de Mahomet, fut la révocation des édits & privilèges accordés aux Idolâtres dans quelques passages de l'alcoran. Ali déclara au nom au prophète ; « Qu'aucun infidèle n'entrerait jamais dans le paradis, & que, sous peine de mort, les Idolâtres ne pourraient visiter la maison de Dieu».

Mahomet était au plus haut point de sa gloire, lorsque la onzième année de l'hégire, il fut atteint de la maladie qui le précipita dans le tombeau, & qui sans doute fut la suite funeste d'un poison qui lui avait été donné trois ans auparavant. Au milieu de l'accès d'une fièvre brûlante, il se fit verser sur le corps une prodigieuse quantité d'eau froide, afin que ce rafraîchissement extraordinaire rappellant ses esprits , il pût parler pour la dernière fois à ses fidèles Musulmans. En cet état on le porta à la mosquée, où, après avoir récité la formule des vrais croyants, & demandé pardon à Dieu ; « Que celui à qui j'ai fait violence & injuftice » dit-il, paraisse, & je suis prêt de lui faire réparation ». Un homme se leva & lui redemanda quelqu'argent ; Mahomet le lui fit donner sur le champ, & expira quelques heures après. Dans les derniers moments, il recommanda à son peuple, 1°d'employer tous leurs efforts pour chasser les Idolâtres de l'Arabie : 2° de laisser jouir les prosélites des privilèges qu'il leur avait accordés : 3° d'être constants & assidus à la prière. On peut citer dans ce même endroit le dernier témoignage qu'il donna de sa haine contre les juifs ; « Que Dieu,dit-il, maudisse les Juifs, car ils ont changé en temple les sépulcres de leurs prophètes ». Il mourut à l'âge de soixante-trois ans & demi, & voulut que ces derniers momens parussent ceux d'un héros & d'un juste. Il exerça son prétendu apostolat pendant vingt-trois ans.

Si l'on en croie les Musulmans, leur faux prophète était doué de toutes les qualités recommandables du corps & de l'elprit. Il surpassait tous les hommes en intelligence, en raison, en mémoire, en pénétration, en bonté & en vertu ; il est au moins certain que Mahomet était supérieur à tes compatriotes par sa science & par ses talents. Il était souple, adroit, affable, & maître de tous ses mouvements. La justice & la vérité semblaient régler toutes ses actions. Il fut ennemi du faste, sobre, & d'une libéralité qui ne lui permit pas de rien conserver chez lui, au-delà de ce qui lui paraissait néccessaire pour sa subsitance à celle de ses femmes. On ne peut guères le justifier sur son incontinence, qui fut sans bornes, mais on sait qu'il eut l'audace de faire intervenir Dieu même, pour sauver une partie de l'horreur que devait exciter son infatigable lubricité. Telle est la permission illimitée qu'il se donne à ce sujet dans le trente-troisième chapitre de l'alcoran.

« 0 prophète , nous te permettons ces femmes que tu as dotées , & aussi les esclaves que ta main droite possède & qui sont une partie du butin que Dieu t'a accordé, & les filles de ton oncle & les filles de ta tante, du côré paccmel & du côté maternel, qui t'ont suivi dans ta fuite de la Mecque, & toute autre femme croyante qui se donnera au prophète, supposé qu'il veuille la prendre pour femme : c'est un privilège particulier qui t'es donné à l'exclusion du reste des vrais croyants : nous savons ce que nous avons réglé concernant leurs femmes & les esclaves que possèdent leurs mains droites, & ne voulons pas qu'on regarde comme un crime en toi de faire usage de la permission qui t'es accordée : car Dieu est indulgent & miséricordieux. Tu pourras appeller à ton lit celles de tes femmes qui te plaira, que ce soit leur tour ou non, tu pourras aussi prendre celle que tu voudras, & celle que ton coeur désirera parmi celles que tu avais répudiées précédemment , & ce ne sera point un crime en toi ; par ce moyen il te sera plus facile de les contenter, d'empêcher qu'elles ne prennent de l'humeur, & elles seront satisfaites de ce que tu leur donneras. 0 vrais croyants, gardez-vous d'entrer dans la maison du prophète, sans prendre les moments qui lui conviennent, à moins qu'il ne vous ait permis de venir partager son repas... & quand vous avez à demander quelque chose aux femmes du prophète, qu'il y ait un rideau entr'elles & vous : cette manière est plus chaste, & pour leur cur & pour les vôtres. Il ne convient pas que vous donniez de l'inquiétude à l'apôtre de Dieu, ni que vous épousiez jamais ses femmes après lui, ce serait une chose très-criminelle aux yeux de Dieu ».

Mahomet, avec l'apparence des vertus, fut un grand homme, s'il est permis de se servir de ce terme pour désigner un grand politique, un fourbe hardi, enthousiaste peut-être, & presque toujours heureux [Note : chanceux]. Il voulait s'arroger l'autorité supréme, & il sentit que pour y parvenir, il n'avait pas d'autre rôle a jouer que celui de prophète. Instrtuit dans ses voyages en Egypte & même en Arabie par quelques Chrétiens réfugiés pour cause de religion & par des Juifs, il appuie sa prétendue révélation sur celle de Moïse & de Jésus-Christ, & donne la nouvelle religion qu'il prêche pour le complément du judaïsme & du christianisme ; car vainement on voudrait avancer, comme le font cependant quelques auteurs, qu'il n'a rien emprunté des Juifs & des Chrétiens :
mille endroits de l'alcoran attestent le contraire, & à chaque pas on reconnaît les notions qu'il a prises dans nos saints livres, quelque soin qu'il se donne pour les défigurer, par l'emploi ridicule qu'il en fait.

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