MAHOMET

Source : http://www.chez.com/rdj/portraits.htm

    La vie de Mahomet nous est connue par trois sources : le coran, la transcription  des révélations divines reçues pas le prophète, et les Hadiths, recueil de traditions se rapportant à Mahomet et à ses compagnons. La sira, l'ensemble de biographies redigé par des historiens musulmans dès le siècle qui suivit la mort du prophète. Ces chroniques se fondent sur le coran et les hadiths, mais elles prennent la forme d'un récit ordonné chronologiquement.

Mahomet est né a la Mecque, probablement en 571, de notre ère, dans une famille pratiquant le commerce caravanier. Nous n'avons pas de portrait authentique de lui, l'Islam refusant en principe la représentation humaine. Les images le concernant viennent des pays qui adoptèrent l'Islam tout en conservant leurs traditions culturelles, notamment la perse. Rapidement orphelin, Mahomet fut elevé par un grand- père puis par un oncle - le coran accorde une grande importance à la protection de l'orphelin.

    Au carrefour de plusieurs routes, la Mecque reliait l'Arabie à la Syrie et à la Mésopotamie. C'est aussi et déjà le lieu d'un pèlerinage annuel à la Ka'ba, cube de pierres alors à ciel ouvert et entouré d'idoles, dans un angle duquel était placée la Pierre Noire. Une ploutocratie contrôlait les pèlerinages et en tirait des profits lucratifs - elle s'opposa plus tard à Mahomet. Le sanctuaire abritait  un culte polythéiste où l'on honorait certains dieux d'un panthéon commun à tous les arabes. Mais ces cultes païens n'excluaient pas une relative présence du monothéisme.

L'Éthiopie avait embrassé le christianisme et des colonies juives prospères se trouvaient en Arabie, notamment dans la région de l'actuelle Médine. Enfin il existait dans la Péninsule une certaine attente messianique ; des croyants monothéistes se détournaient des idoles et se souvenait du Dieu unique attaché au nom d'Abraham. Mahomet eut l'idée géniale de ne pas abroger le pèlerinage (Hadj) à la Pierre Noire mais d'en faire le symbole du retour à la religion d'Abraham.

Le jeune Mahomet entra au service d'une riche veuve, plus âgée que lui, Khadîja. Il conduisit ses caravanes, devint son homme de confiance, puis son mari. Elle lui donna trois fils  morts en bas âge et quatre filles, dont Fatima qui, seule eut une postérité. Mahomet resta fidèle pendant plus de vingt ans à Kadîja ; elle sut le comprendre, l'encourager et le réconforter au cours des épreuves qui accompagnèrent  les révélations qui devinrent le coran. Après la mort de Kadîja, en 619, Mahomet eut un harem..

Vers 610, il prit l'habitude de se rendre sur le Mont Hira, proche de la Mecque, pour prier et méditer. C'est là dans une grotte, qu'il reçu le visage de l'ange Gabriel. Celui-ci tenant un rouleau d'étoffes couvert de signes, lui ordonna : - Lis ou plutôt récite, car Mahomet ne savait ni lire, ni écrire. " Récite au nom du Seigneur qui a crée... Récite ! Ton seigneur est le plus généreux. Il a enseigné à l'homme ce que celui-ci ignorait".

Ainsi commença la descente du livre dans le cœur du prophète. Mahomet s'habitua à recevoir des messages divins. Il les répétait à son entourage et les dictait. Cette transcription des révélations a constitué le coran (de l'arabe qui signifie lecture ou récitation). Elles durèrent tout le reste de sa vie. Les 114 sourates du coran, c'est à dire, les chapitres, ne sont pas classés par ordre chronologique. Les plus courtes dans le classement habituel sont les plus anciennes et elles prennent place à la fin du livre. Pendant trois ans, Mahomet ne parla de ses révélations qu'à quelques intimes. Puis il reçu de Dieu l'ordre d'une action publique.

Mahomet n'eut d'abord autour de lui que quelques disciples : Khadîja d'abord, son ami le commerçant Abu Bakr et son oncle. Puis il se mit à prêcher publiquement devant les habitants de la Mecque. Ses premières prédications adjuraient les riches marchands de se soumettre au Dieu unique, de se montrer humbles et justes, de donner une part de leurs biens aux pauvres et aux orphelins, et de redouter le jugement dernier et la fin du monde. Il opéra quelques conversions dans des familles influentes. En revanche, il suscita l'hostilité grandissante de la plupart des tribus dirigeantes de la Mecque.

De fait, sa morale sociale et sa lutte contre les idoles païennes bouleversaient l'équilibre des clans et le mécantilisme mecquois. Aussi, en 615, conseilla t-il à ses fidèles les muslins, "ceux qui remettent leur âme à Dieu" (les musulmans) de se réfugier dans l'Abbyssinie  chrétienne. La situation personnelle de Mahomet s'aggrava en 619 par la mort de Khadîja et celle d'Abbu Talib. Il songea désormais à quitter la Mecque. Lors du pèlerinage à la Ka'ba de 620, il prit contact avec les arabes de Yathrib, ville oasis située à 340 km au Nord Est de la Mecque, et provoqua chez eux un mouvement de conversion. Bientôt il prit la décision de s'en aller à Yathrib, où des hommes influents voulaient s'appuyer sur son autorité morale. Après avoir échappé à un attentat, Mahomet accompagné de 70 personnes, partit pour Yathrib le 16 juillet 622.

Cette migration, l'Hégire, est devenue le début de l'ère islamique. Commença alors la période médinoise de la vie de Mahomet. Yathrib devint Médine, la "ville du prophète", qui y assit son pouvoir à la fois comme chef religieux et comme arbitre des factions. La première mosquée y fut construite au centre de la ville.

Les sourates mecquoises du coran portaient essentiellement sur la doctrine et la morale. Celles de la période médinoise ont trait davantage aux problèmes politiques et juridiques lorsque la communauté religieuse des origines se transforma en un état musulman. Médine et sa région comptait plusieurs tribus juives et arabes judaïsés ; celles ci jugèrent bientôt Mahomet dangereux et s'opposèrent à lui. Alors qu'il avait commencé par chercher leur appui, il rompit désormais avec elles et proclama bien haut qu'il lui incombait de continuer l'œuvre d'Abraham, père de la Hanif, "la religion pure". Il fit décider que dorénavant les croyants se tourneraient  pour la prière non plus vers Jérusalem, mais vers  la Ka'ba de la Mecque. Jérusalem resta toutefois la deuxième ville sainte de l'Islam, où sera construite plus tard la mosquée du rocher d'Omar.

    Maître de Médine, Mahomet dut mener 74 expéditions et razzias pour lutter contre les mecquois, pour se rallier les  nomades et pour unifier les arabes. Les mecquois furent vaincus en 624, mais vainqueurs l'année suivante. En 627, ils entreprirent le siège de Médine, où ils échouèrent  Dès lors, ils se divisèrent et ils se soumirent. En 630, l'armée musulmane entra dans la Mecque. Mahomet devint le chef d'une sorte de confédération arabe. En 632, avec 90 000 croyants, il se rendit au pèlerinage de la Ka'ba. Bien que déjà très malade,  il se fit transporter sur la montagne voisine d'Arafat et y donna un sermon qui, pour les musulmans représente un message d'adieu : il y résumait les obligations du croyant. Rentré à Médine, il y mourut le 8 juin 632. Il y est enterré.

Mahomet avait appelé Islam, c'est à dire soumission à Dieu la religion qu'il prêchait, les musulmans étant ceux qui acceptaient la révélation finale de Dieu faite à l'humanité par l'intermédiaire du prophète. Celui-ci prêcha un monothéisme rigoureux et enseigna que la souveraineté appartient à Dieu seul. Toutes choses doivent lui être soumises au spirituel comme au temporel. Le chef de la communauté  - le calife, c'est à dire le lieutenant ou successeur du prophète, a pour mission d'appliquer la volonté divine, avec l'aide des fidèles qui doivent étendre le respect de Dieu à l'humanité entière.