Le nom de l'initiateur de l'islam est Abû l-Qâsim Muhammad ben 'Abd Allâh ben 'Abd Al-Muttalib ben Hâshim ben& (la généalogie remonte ainsi jusqu'à Adam, par Abraham et Ismaël, tandis que celle de Jésus remonte à Adam et Abraham par Isaac et Jacob-Israël ).
Le nom de son père était donc 'Abd Allâh, celui de son grand-père 'Abd al-Muttalib, le nom de son arrière grand-père Hâshim. "Abû l-Qâsim" signifie "père d'al-Qâsim", car son fils premier-né s'appelait Qâsim. Muhammad (souvent francisé en Mohammed) signifie "celui qui est l'objet de louanges".
Dans la vie de Mohammed, seule deux dates sont assurées sa mort le lundi 8 juin 632 et son émigration de La Mecque à Médine en 622. Pour la période antérieure, nous sommes en difficulté. On part en général de ce verset du Coran (10.16) " Je suis demeuré une vie ('umr) parmi vous, avant cette Prédication [c-à-d avant la première révélation du Coran] ". Selon les commentateurs musulmans classiques, le terme arabe 'umr désigne une période de 40 ans. Comme l'on sait par ailleurs d'après la tradition biographique que Mohammed a prêché 10 ans à La Mecque, son apostolat débute donc en 612. Mohammed est alors âgé de 40 ans, si on admet l'interprétation de Coran 10.16. L'initiateur de l'islam serait donc né en 572 de notre ère.
Recoupements
Les données traditionnelles recueillies par Ibn Sa'd (m. en 843) nous apprennent que Mohammed serait mort à l'âge de 63 ou 65 ans, ce qui le ferait naître en 569 ou 567.
Selon d'autres sources arabes, Mohammed est né lors de l'Année de l'Eléphant, c-à-d l'année de l'expédition des Abyssins contre La Mecque, soit 571.
La fourchette pour la naissance de Mohammed est donc de 567 à 572. On retient généralement 570.
Par son père 'Abd Allâh, Mohammed faisait partie du clan hachémite de la tribu des Qoréichites.
Sa mère s'appelait Âmina. Mais son père meurt avant sa naissance. L'enfant est confié par sa mère à son grand-père 'Abd al-Muttalib. Âmina meurt à son tour , alors que Mohammed avait 6 ans. Après la mort de son grand-père, Mohammed fut recueilli par l'un de ses oncles Abû Tâlib, marchand aisé qui avait un fils nommé 'Alî (lequel épousera plus tard l'une des filles du Prophète, Fâtima).
Selon les récits traditionnels, son oncle l'employa à garder les troupeaux, besogne dénigrée par excellence. Abû Tâlib se rendait périodiquement dans la région de Damas avec la caravane qui partait de La Mecque. Mohammed a pu en faire partie l'une ou l'autre fois.
Une riche veuve nommée Khadîdja, dont la tradition fait une quadragénaire, engage Mohammed, comme fondé de pouvoir, dans son trafic caravanier avec la Syrie. A ce titre, Mohammed fait plusieurs voyages en Syrie, alors chrétienne. En cours de route, selon la biographie traditionnelle, Mohammed aurait rencontré un moine chrétien appelé Nestorius (ou Bahîra), qui lui aurait annoncé sa future mission prophétique parmi les Arabes.
Après ce mariage commence une période de 15 ans, sur laquelle notre information est extrêment déficiente.
De cette union naquirent sept enfants trois fils qui, tous, mourront en bas-âge, et quatre filles dont la plus jeune Fâtima, épousera 'Alî, cousin de Mohammed.
( 610 de l'ère chrétienne, -12 de l'hégire)
Mohammed mène maintenant une vie aisée et peut s'adonner régulièrement à des pratiques religieuses ascétiques.
Mohammed était alors âgé de 40 ans. C'est le solstice de la vie d'après C.-G. Jung. Cette vocation apparaît comme une brisure soudaine de sa vie. Aïcha, la plus jeune épouse du Prophète, rapporte
" Le début de la Révélation pour l'Envoyé de Dieu, ce fut la Vraie Vision et elle vint comme la déchirure de l'aube (falaq as-subh) ".
L'expression arabe falaq as-subh évoque une brisure soudaine, la nuit brusquement fendue par l'apparition de l'astre, sans aube, ni crépuscule.
Cf. Sainte Thérèse d'Avila
" l'âme est loin de s'attendre à avoir une vision. Elle n'en a même pas la moindre pensée, quand soudain l'image de notre Seigneur se montre complètement; elle bouleversa toute les puissances et les sens, et les remplit de crainte et de trouble pour les établir aussitôt dans une paix délicieuse. De même que, au moment où Saint Paul fut terrassé, il y eut une tempête, et une forte agitation dans l'air, de même dans ce monde intérieur dont nous parlons, il se produit d'abord une grande secousse, puis en un instant, comme je l'ai dit, tout rentre dans la paix".
Deux textes nous parlent de la vocation du Prophète
Le Coran (surtout sourate 53, mais aussi 81.23, 97.1 et 44.2)
La Sîra (ou biographie théologique du Prophète) d'Ibn Ishâq (704-768), abrégé par Ibn Hishâm (m.834).
Dieu seul est créateur (Coran 96.1-5, 80.17-22, 87 début)
Bonté de Dieu envers Mohammed et les hommes (93.3-8, 80.25-31)
Tout passe , mais Dieu seul est permanent (55.26)
Le Coran ne présente pas l'existence de Dieu comme ignorée, soit de Mohammed, soit de son auditoire. Il admet une vague croyance en Dieu et lui donne un contenu nouveau.
Il n'y a pas, au début, mention dans le Coran de l'unicité de Dieu. Cette doctrine viendra seulement dans un deuxième temps.
le Dieu juge et le Jugement Dernier (Coran 96.8, 74.8-10, 84.1-12; 101; 100).
La réponse de l'homme à la bonté de Dieu est l'ADORATION. D'où les divers ordres d'adoration adressés dans les plus anciens passages du Coran à Mohammed (" Ton Seigneur, glorifie-le ! Purifie tes vêtements ! ", 74.13) ou à la communauté tout entière (87.15).
L'adoration fut, dès le début, un trait distinctif de la communauté de Mohammed. Durant les premiers temps, les musulmans observaient même la vigile nocturne (sourate 73).
La solidarité sociale la gratitude envers Dieu pour Sa bonté ne conduit pas seulement au culte. Elle conduit aussi à certains modes d'activités éthiques conduite envers l'orphelin et le mendiant (93.9-11), condamnation des richesses qui ne sont pas redistribuées (104.1-3, 92.5-11; 111), d'où le titre du Prophète, "le Prophète des déshérités" (nabî l-mustad'afîn).
Les premiers convertis
Khadîja, épouse du prophère
'Alî b. Abî Tâlib, cousin et gendre du Prophète
Abû Bakr commerçant aisé de La Mecque, de deux ans l'aîné du Prophète. Il fut nommé as-siddîq (le très sincère). Sa fille Aïcha ('Â'isha) devint l'épouse préférée du Prophète. Il succéda au Prophète comme premier calife.
'Uthmân b. 'Affân, petit-fils de 'Abd al-Muttalib, également beau-père du Prophète (lequel épousa sa fille Hafsa)
Bilâl, esclave abyssin, premier muezzin de l'islam.
L'opposition se centre sur le problème du monothéisme. Mohammed fut tenté un instant d'accorder une certaine reconnaissance aux trois déesses de La Mecque Allât, al-'Uzzä et al-Manât (Coran 53.19-20). Mais il se rendit vite compte de son erreur et attribua ces versets à une inspiration satanique. Ils furent abrogés. C'est l'épisode des versets sataniques. Ce fut la rupture.
La rupture est marquée par la sourate 109. C'est à ce moment que commencèrent les persécutions. Vers 615, les plus musulmans les plus menacés émigrent vers l'Abyssinie chrétienne.
Les pressions concernent surtout les membres de la communauté qui n'avaient aucune relation avec un clan.
Bilâl fut exposé au soleil avec une pierre sur la poitrine.
Le capital d'Abû Bakr chuta de 40.000 à 5.000 dirhams, à cause de pressions économiques.
Mohammed fut l'objet de violentes attaques verbales et de mesures vexatoires. Abû Tâlib, le chef du clan de Mohammed, tint bon et refusa d'enlever sa protection à La Mecque. Les clans apparentés à Mohammed, ceux des Banû Hashîm (les Hachémites) et des Banû Muttalib furent l'ojet d'un boycott commercial et matrimonial. L'édit de boycott fut affiché sur la porte de La Ka'ba. Il dura deux ans, mais fut sans incidence notable sur les affaires des deux clans visés.
Le Coran est l'écho des débats de cette époque entre Mohammed et ses adversaires. Le débat religieux tourne autour de la question de la résurrection (Coran 37.13-17, 56.47-50), sur l'Heure Dernière (quand viendra-t-elle ? Coran 21.38-40). Dès cette époque, le Coran considère la création de l'homme par Dieu au cours des étapes de l'embryogenèse comme un signe qu'Il peut être capable de rendre la vie aux défunts. Si Dieu nous a créés une première fois, il peut aussi nous créer une deuxième fois, lors de la résurrection (Coran 36.77-83).
Autre point d'opposition le culte des idoles.
L'argument des adversaires de Mohammed était qu'ils ne voulaient pas renoncer à la religion de leurs pères. D'où les histoires des prophètes (Noé, Abraham&) qui jalonnent le Coran de cette époque et qui ont pour but d'enraciner les Arabes dans une lignée nouvelle, celle des prophètes d'Israël (Coran 71.1-20, 26.69-86).
Critiques vis-à-vis de Mohammed
On l'accuse d'être un possédé (69.38-43)
On accuse ses révélations d'être de fabrication purement humaine
Mohammed n'étant qu'une créature humaine, il ne peut être messager de Dieu. Certains opposants réclamaient des signes ou des miracles (Coran 17.90-96).
L'année 619 est une année cruciale pour le Prophète. Sa situation familiale s'aggrave brusquement. Il perd son oncle et protecteur Abû Tâlib et sa femme Khadîja. Jusque là le Prophète était monogame. Le successeur d'Abû Tâlib, Abû Lahab lui refuse sa protection. Le Coran (sourate 111) le maudit.
Le Prophète se rend alors à Tâ'if dans l'espoir de faire de nouveaux adeptes. Mais il est lapidé.
Les négociations avec Médine
En 620, 6 hommes de la tribu arabe des Khazradj de Médine se convertissent et au pèlerinage de 622, c'est un groupe de 73 hommes et de deux femmes qui vinrent à La Mecque prêter serment de nuit à 'Aqaba. C'est le serment de la guerre (bay'at al-harb), suivi de l'autorisation du djihâd (Coran 22.39-41, 2.193, versets qui montrent bien le caractère défensif du djihâd). Ces musulmans de Médine sont appelés Ansâr ("Auxiliaires"). Mohammed encourage alors les musulmans à se rendre à Médine. C'est l'hégire ou émigration, événement fondateur comparable à l'Exode des juifs. Le Prophète lui-même quitte La Mecque le 14 septembre 622, et arrive à Médine le 24 septembre 622.
Mais auparavant, en 621, il était monté au Ciel. C'est l'Ascension du Prophète.
Il faut distinguer le Voyage Nocturne (isrâ') de l'Ascension (mi'râdj)
Deux textes nous parlent du Voyage Nocturne Coran 17.1 et la Sîra.
Selon la Sîra, le Prophète a miraculeusement voyagé de nuit de La Mecque à Jérusalem. Là, sur l'esplanade du Temple il retrouve ses prédecesseurs Abraham, Moïse et Jésus, et prie avec eux. On lui apporte trois récipients le lait, le vin et l'eau
Je pris le récipient de lait et en bus. Gabriel dit tu es bien dirigé et ton peuple avec toi, ô Mohammed.
Puis c'est la visite de l'enfer et des cieux.
Le Prophète s'installe dans la banlieue à Qubâ.
Commence alors une nouvelle période pour la vie du Prophète que l'on peut diviser en deux parties
622-627 cette période s'achève avec l'échec des polythéistes meccois, lors de la bataille su Fossé en 627.
628-632 cette période est marquée par l'offensive de Mohammed contre La Mecque et le triomphe de l'islam dans toute la péninsule arabe
Où s'installer ?
Accepter l'hospitalité d'une famille médinoise, c'était susciter des jalousies et restreindre sa liberté de mouvement.
Mohammed choisit donc d'avoir son lieu de résidence propre.
En deux mois, et dans l'allégresse générale, fut construite la première mosquée de l'islam, un édifice très fruste (54 mètres sur 54) un sol parsemé de sable ou de gravier qui servait pour la réception et la réception des étrangers; sur un côté donnait directement les pièces où logeaient Mohammed, ses filles nées de Khadîdja, et sa femme Sawdâ'. D'autres pièces s'ajoutèrent par la suite.
C'est à cette époque qu'il signe la charte d'alliance avec les juifs de Médine (qui formaient la moitié de la population), c'est la fameuse charte de Médine. Elle accorde à chacune des deux parties la liberté de culte et l'entraide en cas de guerre. Pour éviter de choquer les juifs, on s'abstint d'employer l'expression Envoyé de Dieu pour désigner Mohammed. Mohammed se présente simplement comme l'intermédiaire de Dieu pour apaiser les litiges et les querelles "Si quelque chose vous divise, quel qu'en soit l'objet, référez-vous à Dieu et à Mohammed ".
Mohammed n'avait aucune prévention à l'égard des Juifs. Bien au contraire, il pensait que le contenu du message qu'il annonçait substantiellement identique à celui que les Juifs avaient reçu depuis longtemps au Sinaï. Quand il prit la décision de partir pour Médine, il semble bien avoir compté sur l'appui complet des monothéistes du cru. Il a dû penser que les juifs et musulmans formeraient un ensemble cohérent face au paganisme qoréichite.
Les émigrés ne disposaient d'aucune ressource propre et ne pouvaient longtemps vivre aux crochés des musulmans de Médine. Toutes les terres arables étant aux mains des tribus juives, la seule solution fut la razzia contre les caravanes de l'ennemi mecquois.
Raid de Nakhla (déc. 623) ce premier coup de main eut lieu durant la trêve sacrée du mois de Radjab (Coran 2.217). Les Mecquois eurent un tué et un prisonnier.
Le raid de Badr (mars 624). Les effectifs engagés furent plus importants 300 musulmans. Mohammed perdit 14 hommes, les Mecquois 70 hommes et 40 prisonniers. Ce fut une victoire éclatante. Les musulmans l'attribuèrent à l'aide de Dieu (8.17). Elle fut considérée comme une grande délivrance, comparable à celle que dieu avait réalisée pour les Israëlites à la Mer Rouge.
La bataille d'Uhud [Ohod] (printemps 625 ) effectifs engagés 1000 hommes pour les musulmans, 3000 pour les Mecquois. Ce fut une bataille confuse, au cours de laquelle Mohammed fut blessé. Si Badr était un signe de Dieu, Uhud ne l'était-il pas aussi. Il fallait expliquer comment Dieu, sans vraiment abandonner les musulmans, pouvait permettre que de tels malheurs tombent sur eux. Doù la révélation de Coran 3.152-153 les malheurs des musulmans furent permis par Dieu, en partie comme punition pour leurs désobéissances, en partie pour éprouver leur constance.
Polygamie
La mort de nombreux musulmans à la bataille d'Uhud créa de nombreux problèmes sociaux, notamment un déséquilibre démographique les femmes étaient maintenant plus nombreuses que les hommes il fallait pourvoir aux besoins des femmes devenues veuves et des filles devenues orphelines, d'où la révélation de Coran 4.3. Le sens primitif de ces versets semblent être le suivant si les musulmans avaient plus de femmes, il serait possible aux veuves de se remarier, car il y avait un excédent de femmes par rapport aux hommes, et aux orphelines de se marier plus facilement.
La campagne du Fossé (mars 627)
Au mois de mars 627, les Meccois décidèrent d'en finir avec Mohammed, et dans ce but levèrent une imposante armée de 4000 fantassins et de 300 cavaliers (selon la Sîra). Elle était dirigée par Abû Sufyân en personne, le chef de La Mecque. Mohammed, sur les conseils d'un esclave persan, fit creuser une tranchée (khandaq). Les Juifs Banû Qurayza refusèrent de se coaliser avec Mohammed. Finalement les Mecquois se retirèrent. Mais en représailles de l'attitude douteuse de cette tribu juive, tous les hommes de celle-ci furent massacrés, les femmes et les enfants vendus comme esclaves.
Au début d'avril 628, Mohammed avisa ses adeptes d'avoir à se préparer pour accomplir le pèlerinage à La Mecque. 1.500 personnes marchèrent donc en direction de la ville. Les Mecquois bloquèrent le défilé qui mène à leur ville. Les musulmans campèrent donc à quelques lieues de là, à Hudaybiyya. Un pacte fut signé, appelé le pacte de Hudaybiyya. Par celui, Mohammed s'engage à retourner à Médine sans accomplir le pèlerinage. En revanche les Mecquois s'engagent à ne plus prendre les armes contre les musulmans et de les autoriser à accomplir l'année suivante le pèlerinage mineur. La guerre devait cesser pendant dix ans. Durant cette période, les Qoréichites qui iraient chez Mohammed sans la permission de leur tuteur légal seraient extradés vers La Mecque, mais les musulmans qui rejoindraient La Mecque ne le seraient pas. Pour la première fois, Mohammed était traité d'égal à égal par l'aristocratie mecquoise.
Enfin, Mohammed supprima un dernier foyer de résistance, constitué par l'oasis juive de Khaybar, à 150 km au nord de Médine. Les juifs de Khaybar furent vaincus et réduits à l'état de métayers. Le butin amassé devint l'embryon du trésor public musulman.
En mars 629, conformément aux stipulations de la convention de Hudaybiyya, Mohammed et les musulmans accomplirent le pèlerinage mineur. Pour plus de sécurité, la ville de La Mecque fut évacuée, trois jours durant, par ses habitants.
Mohammed est à présent chef d'Etat. A côté des textes organisant le statut des personnes, de la communauté et du culte, on trouve donc dans le Coran des dispositions réglant les rapports sociaux, condamnant la sexualité hors mariage (zinâ), la consommation de boissons fermentées, la prostitution des esclaves, les conflits armés entre les croyants.
A la fin de 629, profitant d'un différend entre deux tribus soutenues l'une par les Mecquois, l'autre par lui-même, Mohammed déclare caduque la trêve de Hudaybiyya et marche sur La Mecque à la tête d'une véritable armée (10.000 hommes). L'entrée du Prophète eut lieu presque sans coup férir. Le vainqueur sut dominer son triomphe. Une trêve de quatre mois garantissant leur immunité fut accordée aux polythéistes. Tout privilège sacerdotal fut retirée aux adeptes de la religion traditionnelle. Imitant l'exemple d'Abraham détruisant les idoles d'Our, Mohammed donna l'ordre de détruire les idoles à La Mecque et dans les sanctuaires d'alentour. Puis il se fit donner la clé de La Ka'ba et y rentra, en prononçant les fameux mots "La Vérité est venue, le Mensonge a péri". Il fit effacer toutes les fresques de La Ka'ba, sauf une représentant Abraham, Jésus et la Vierge Marie.
Abû Sufyân et toute la population se convertit.
Selon La Sîra, Mohammed reçut, début 631, une délégation de chrétiens de Najrân (Yémen). Une discussion théologique s'ensuivit, d'autant plus difficile que les chrétiens de Najrân étaient monophysites, c-à-d reconnaissaient au Christ une seule nature, la nature divine, doctrine évidemment inacceptable pour Mohammed qui donne une place de choix à Jésus dans l'histoire du salut, mais uniquement comme prophète. Les chrétiens firent leur soumission à l'égard de l'Etat musulman, en contrepartie Mohammed leur accorda la liberté de culte et de transmission de leur foi. D'où les mots aimables du Coran sur les chrétiens 5.82.-84. Mais Jésus n'est ni le Rédempteur, ni le Fils de Dieu (4.1). Plus tard, l'attitude de Mohammed envers le christianisme fut encore plus critique 5.72-73, 5.51.
Le Prophète n'y assista pas en personne, car tous les Mecquois n'étaient pas encore convertis à l'islam. Il ne voulait pas être mêlé à des polythéistes. C'est Abû Bakr qui dirigea la troupe des 300 pélerins musulmans. Il prononça la khutba (prédication) avant la telbiya, tandis que 'Alî prit la parole au moment de la lapidation de Satan à Minà, en récitant Coran 9.1-30 ou 1-40. Les polythéistes furent mis hors la loi (Coran 9.3-12). L'exclusion des polythéistes préparait la présence du Prophète en personne lors du pèlerinage majeur de 632.
A la fin de février 632, le Prophète décida de diriger lui-même le pèlerinage à La Mecque. C'est le pèlerinage d'adieu. Les gestes de Mohammed furent soigneusement notés et constituent encore aujourd'hui le pèlerinage majeur (hajj), par opposition au pèlerinage mineur ('umra), lequel peut être accompli à n'importe quel moment de l'année et se limite à La Ka'ba et aux collines de Safâ et Marwa.
Le Prophète était déjà malade, sa voix était affaiblie par la maladie. Bilâl fut donc à ses côtés pour répéter d'une voix puissante les paroles du Prophète. C'est le Discours d'Adieu (khutbat al-wadâ').
Au printemps 632, le Prophète pria au cimetière de Bâqi' à La Mecque sur les tombes de ses compagnons morts au djihâd. Voici, d'après La Sîra, les paroles qu'a prononcées Mohammed
Paix soit sur vous, ô peuple des tombes ! Réjouissez-vous de ne plus être où sont les vivants. ! Comme les lambeaux sombres de la nuit, les tentations approchent, les unes après les autres, la dernière pire que la prière&Les clés des trésors de ce monde m'ont été offertes, ainsi que l'ascension au Paradis après une longue vie, et j'ai été placé devant le choix de me décider dès maintenant pour cela ou pour la rencontre avec mon seigneur, et l'entrée au Paradis&Je me suis décidé de rencontrer dès à présent mon Seigneur et d'entrer au Paradis.
Puis il pria pour le pardon des morts, et, après avoir quitté le cimetière, sa maladie commença.
De retour à Médine, Mohammed ressentit plusieurs malaises. Dans les derniers jours de mai 632, il tomba sérieusement malade. Le vendredi 5 juin, il fut incapable de diriger la prière et en confia le soin à Abû Bakr, le père de sa femme bien-aimée Aïcha. Mohammed transmit donc en termes techniques l'imamat de la prière à Abû Bakr.
Le lundi 8 juin 632, sentant venir la mort, Mohammed confessa à la prière du matin ses fautes devant la communauté
Je loue pour vous Dieu ! Voici qu'approche pour moi le moment où chacun devra rendre son dû à celui qui le suit. Si j'ai déchiré le dos de quelqu'un [= si j'ai nui à qui que ce soit], voici mon dos; qu'il prenne son dû. Si j'ai insulté l'honneur de quelqu'un, voici mon honneur qu'il prenne son dû ! La haine ne fut ni de ma nature, ni de mon fait. J'aimerai celui de vous tous qui reprendra son dû, s'il en a, ou qui m'en libèrera. Alors je me trouverai en présence de Dieu, l'âme sereine.
Puis le prophète invita l'assemblée à confesser, elle aussi, ses péchés.
Voici les derniers instants du Prophète, selon le récit de Aïcha, tel qu'il est rapporté par La Sîra
Ce jour là [c-à-d le lundi8 juin 632], le Prophète revint de la mosquée et posa sa tête sur mon giron. Alors entra un homme de la famille d'Abû Bakr. Dans sa main il portait un cure-dent vert. Et quand le regard du prophète me fit deviner qu'il le désirait, je lui demandai -Désires-tu le cure-dent ? Il répondit par l'affirmative. Je pris le cure-dent, le mâchai pour lui et le lui donnai. Il se nettoya soigneusement les dents& et le mit de côté. Alors je remarquai comment sa tête s'appesantit sur mon ventre, et, quand je le regardai dans les yeux, je m'aperçus que son regard s'était figé. Il dit - Oui ! le compagnon suprême (ar-rafîq al-a'là) est celui du Paradis !
Ce furent les derniers mots du Prophète.
Mohammed avait refusé par avance tout cortège funèbre. Il fut enterré sur place, comme un chef tombé au front du djihâd suprême, sous la pièce où il est mort, la chambre d'Aïcha (là où il eut l'extase du mi'radj), où il repose encore aujourd'hui, près de ses deux lieutenants Abû Bakr et 'Umar.
Selon la Tradition, Mohammed y est bercé dans sa tombe par les anges, en attendant comme tout être humain la résurrection.
La chambre où le Prophète est enterré s'appelle la Rawda.
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