L'islam des interdits
L'islam des interdits, recto L'islam des interdits, verso

"L'islam des interdits" a été publié en 2003 par Anne-Marie delcambre aux éditions Desclée de Brouwer.
ISBN 2-220-05415-2

Dans les débats actuels sur l’islam, la question des interdits et des blocages à l’égard de la modernité revient de manière permanente. Il est souvent de bon ton de distinguer un islam ouvert, pacifique et compatible avec la modernité, d’un islamisme intégriste, mettant en valeur une approche intolérante de la foi. Mais cette distinction est-elle pertinente ? Ne relève-t-elle pas d’abord d’une attitude « politiquement correcte », qui évacue tout débat de fond, au détriment des évolutions nécessaires ?
A travers un propos incisif, Anne-Marie Delcambre montre que nombre d’interdits ou de blocages actuels de la religion musulmane ne sont pas seulement des dérives intégristes mais font partie intégrante de l’islam lui-même. Bien des éléments de ces interdits se retrouvent en effet dans le Coran ou dans la tradition la plus établie. Ainsi du statut discriminatoire des juifs et des chrétiens, de l’appel à la guerre sainte voire au meurtre, de la place des femmes, du regard non critique et non historique sur les textes fondateurs, de la place assignée au Prophète…
Cet examen lucide est indispensable pour engager aujourd’hui un dialogue authentique avec l’Islam.
Docteur d’Etat en droit, docteur en civilisation islamique, Anne-Marie Delcambre a publié Mahomet, parole d’Allah (Gallimard), L’islam (La Découverte) et Mahomet (Desclée de Brouwer). Elle est conférencière islamologue et professeur d’arabe au lycée Louis-le-Grand à Paris.

Le Figaro Magazine, samedi 13 décembre 2003, page 94

Islam : droit d'inventaire

Que le Coran ne soit pas coupable en lui-même de l'islamisme, Anne-Marie Delcambre voudrait le croire. Mais cette universitaire n'est pas de ceux qui choisissent de ne voir, dans le livre sacré des musulmans, que les passages évoquant la tolérance et la paix. C'est en islamologue que l'auteur décortique les sourates. Au risque de choquer, elle en conclut que « l'intégrisme n'est pas la maladie de l'islam. Il est l'intégralité de l'islam. Il en est la lecture littérale, globale et totale de ses textes fondateurs. L'islam des intégristes, des islamistes, c'est tout simplement l'islam juridique qui colle à la norme ». Et c'est en cela que l'islam pose problème : il se trouve dans l'impossibilité d'échapper à ses textes fondateurs. En vingt-trois chapitres, courts et percutants, Anne-Marie Delcambre dresse l'inventaire des interdits qui pèsent sur les musulmans, et plus encore sur les musulmanes. On comprend mieux la gêne de Tariq Ramadan face à Nicolas Sarkozy à propos de la lapidation des femmes adultères, car les musulmans ne peuvent s'affranchir de ces coutumes barbares sans trahir le Coran. On en déduira que le dialogue avec l'islam ne pourra être qu'une affaire de dupes, en Occident, tant que les musulmans n'auront pas revisité une part de leur propre culture.
Raphaël stainville
Anne-Marie Delcambre, l'Islam des interdits, Désclée de Brouwer, 146p., 14 €.

Le Soir de Bruxelles, vendredi 19 décembre 2003, page 21.

"Ce ne sont pas les islamistes les coupables, mais les textes"

A bout portant
Anne-Marie Delcambre
Conférencière-islamologue et professeur d'arabe au lycée Louis-le-Grand à Paris

«Il y a une hypocrisie côté musulman et non musulman, une sorte de religieusement correct»

Vous venez de publier « L'islam des interdits ». Un livre noir, à la limité du réquisitoire voire du pamphlet. Sans concession envers l'islam, celui que vous qualifiez de juridique et que vous associez à l'islam sunnite, partagé par 90% de musulmans. Un islam aux « 70 interdits » (nourriture, sexualité, argent?) et où « celui qui veut s'en tenir à la lecture littérale du coran et de la summa (actes et paroles du prophète), peut trouver de quoi justifier une action guerrière ou terroriste ». Un islam, dont « au risque de choquer, il faut avoir le courage de dire que l'intégrisme n'en est pas la maladie. Il en est l'intégralité ». Qu'a motivé l'écriture de ce livre ?
C'est un souhait de personnes qui assistent à mes conférences et qui me demandaient d'expliquer pourquoi on leur disait que les événements actuelle n'avaient rien à voir avec l'islam, que l'islam ce n'était pas la guerre ou la violence, que c'était la paix, la tolérance.

C'est bien le mot « paix » (« salam ») qui est inscrit dans « islam » ?
Non, c'est « aslama ». Ce qui signifie « se soumettre ». Parce que j'enseigne l'arabe et que je côtoie le monde musulman depuis trente ans, j'ai décidé de ne plus laisser présenter un islam qui serait christianisé ou laïcisé mais qui n'a rien à voir avec l'islam juridique, celui de « l'odieux des interdits ». Je voulais que les gens sachent qu'il y avait là une complicité entre ceux qui disent « ce n'est pas ça l'islam » parce qu'ils voudraient que ce ne soit pas cela et les musulmans qui disent « il vaut mieux que l'on dise cela » plutôt que de remuer ce qui gène ! Je me suis appuyée sur les textes et la première biographie du prophète.

Mais l'islam que vous présentez, celui de la charia (loi musulmane), celui du droit musulman qui, selon votre analyse, laisse peu de place aux droits de l'homme, est terrifiant !
L'islam juridique est terrifiant car issu d'un contexte tribal et guerrier.

Celui du prophète Mahomet à Médine (entre 622 et 632), un prophète que vous décrivez, alors, comme «davantage politique que religieux », davantage « chef tribal et intrigant »
Tout à fait ! L'erreur, c'est de dire que l'islam philosophique ou mystique a autant de poids que l'islam juridique. En fait, l'islam philosophique a été marginalisé. Quand aux mystiques musulmans, ils ont été crucifiés !

Il s'agit donc de dénoncer une imposture ?
Oui ! A la manière d'une lettre ouverte qui dirait « Il ne faut pas prendre les gens pour des idiots ». il y a une hypocrisie du côté musulman et non musulman, une sorte de politiquement correct qui fait que l'on ne dit pas la vérité des textes. Mon propos est cette vérité.

N'est-ce pas paradoxal de vouloir dénoncer ceux qui veulent la paix ?
Je la veux aussi ! Si je dénonce avec violence l'islam des interdits, c'est parce que je veux que cesse cette diabolisation d'hommes, comme Tariq Ramadan, qui n'ont commis pour seul crime que le fait de vouloir appliquer intégralement ce qu'ils connaissent des textes. Je ne veux pas que l'on diabolise les hommes mais les textes. En même temps, je m'adresse aux musulmans pour qu'ils se relèvent. Il y a dans ces textes des choses qui posent problème, mortifères, inacceptables.

Plus terrifiant, encore, selon vous, les seuls « vrais musulmans » sont les intégristes, parce qu'ils sont les seuls à suivre, à la lettre, les textes !
Terrifiant ? C'est la vérité... et puis ce n'est pas parce qu'on explique l'origine d'un acte qu'on le justifie, l'excuse ou l'accrédite. Je ne porte pas de jugement. Je présente un constat.

Un constat terrible pour une islamologue qui enseigne l'arabe, sans doute par amour ou par passion.
Ni par amour ni par admiration. Juste besoin de prendre du recul. Je ne peux pas tomber « amoureuse » d'une civilisation qui considère la femme comme une mineure perpétuelle. Et je n'aurais pas adhéré à ce point aux vertus de l'Occident si je n'avais pas été confrontée aux textes islamiques.

Quelle est l'issue ? Puisque même l'âge d'or de l'islam, celui d'Avicenne (Xe siècle) ou d'Averroès (XIIe siècle), n'est dû comme vous l'expliquez, qu'à des apports en terre d'islam de Byzantins, Persans ou chrétiens ayant traduit Aristote..
La balle est chez les musulmans. Qu'ils se lèvent et disent que ce ne sont pas les islamistes les coupables mais les textes qui leur permettent de l'être. Donc, il faut que les musulmans rouvrent la porte des interprétations et osent dire qu'ils n'acceptent pas certaines choses dans le coran.

Comment, puisqu'un musulman ne peut remettre en cause le coran ?
Dans les pays musulmans, à eux à régler leurs problèmes. En France, en Europe, le meilleur rempart ce n'est pas d'opposer une autre religion. C'est de dire « il y a un système que l'Occident a choisi, celui des droits de l'homme, et là, on sera intransigeant ». Et les musulmans devront s'adapter, comme les chrétiens et les juifs l'ont fait jadis en terre d'islam. Comme, plus tard, les catholiques et les juifs l'ont fait en terre républicaine.

Il faudra donc, qu'en Occident, les musulmans s'adaptent ?
Je le répète, ce sont les textes qui sont noirs, pas les musulmans. Eux, ont toujours eu une santé morale, intellectuelle et vitale pour surfer avec réalisme sur les textes. Comme les chrétiens : pour suivre l'exemple de Jésus j'en connais très peu qui ont vendu tout ce qu'ils possédaient !

La solution ?
Essayer de dire « non » . Dieu évolue dans le temps et l'espace. Pourquoi pas, dès lors, gommer les textes inégalitaires du coran et de la sunna ? Ou alors, que l'on rétablisse l'esclavage !

Un « nouveau » coran ?
On a bien « tordu » la bible? Mais je suis pessimiste. Sauf si l'on se réfugie derrière une laïcité intransigeante, une communauté de valeurs qui est celle des droits de l'homme et qui place la loi des hommes au dessus de la loi de Dieu. C'est la seule manière d'aboutir à un islam individuel.

L'islam moderne,occidental, qui permettra la « cohabitation » ?
Je le pense, je l'espère !

D'où l'importance d'une loi sur la laïcité en France, interdisant le voile à l'école ou la fonction publique ?
Bien sûr ! La loi permettra au faible de se défendre et remettra les choses au point par rapport aux principes de la République comme la neutralité, l'égalité homme-femme ou la mixité.

Propos recueillis par ALAIN GERARD

Source : La Libre belgique, 2004, http://www.lalibre.be/article.phtml?id=11&subid=118&art_id=159235

Il est de bon ton de distinguer un Islam ouvert et pacifique d'un islamisme intégriste. Et si les interdits et les blocages de la religion musulmane faisaient partie intégrante de l'Islam?
Anne-Marie DELCAMBRE, Docteur d’Etat en civilisation islamique, islamologue et professeur d'arabe

Q: Dans votre livre, vous vous attachez à démontrer que l'islamisme trouve ses racines - ou en tout cas de quoi l'alimenter - dans les textes de l'Islam?
Je persiste et signe. Ce que je trouve surprenant c'est que l'on dise que l'islamisme serait sorti comme ça, d'une pochette surprise. Les textes auxquels se réfèrent lesdits islamistes - qui sont pour moi des musulmans maximalistes - se trouvent tout simplement dans le Coran, dans la Sunna, dans le droit musulman. On assiste aujourd'hui à une espèce de cécité générale, à une complicité entre non-musulmans et musulmans qui voudraient que l'Islam soit mieux présenté devant les Occidentaux.
On veut nous faire croire à une espèce d'Islam «laïcisable» et l'on évacue complètement l'Islam juridique, celui-là même qui édicte les interdits pratiqués par 80pc des musulmans. Je pense que se sont surtout les musulmans «éclairés» qui escamotent cette réalité. Ils se disent: moins on en sait, moins on en dit, moins on excite la haine religieuse.Les catholiques français participent aussi à cette contre-vérité qui clament que toutes les religions sont équivalentes.
C'est délirant. Les catholiques font de l'angélisme. Alors qu'ils ont été très loin pendant le Moyen-Age en propageant la légende noire de Mahomet, aujourd'hui qu'il n'y a plus de dogme, ni de Christ à défendre, on répugne à faire des distinctions entre les religions. Soyons clairs: il ne faut pas craindre les musulmans, mais bien les textes de l'Islam.

Q: Certains vous rétorqueront que vous faites une exégèse des textes très personnelle...
Au contraire, je m'en tiens strictement à ce qui est écrit. C'est au pied de la lettre que le Coran justifie la violence et le recours à la force. Je ne fais aucune interprétation circonstancielle liée au contexte historico-politique de Médine, comme cela arrange certains. Comme le plus puriste des musulmans: je prends le texte au pied de la lettre. Selon la tradition musulmane, ce texte est intouchable puisqu'il vient du Ciel. Ainsi du statut discriminatoire des juifs et des chrétiens, de l'appel à la guerre sainte voire au meurtre, de la place des femmes, du regard non critique et non historique sur les textes fondateurs, de la place assignée au Prophète... Pour un musulman, l'imitation du Prophète est vitale. Or, le Prophète a été violent, a tué, a fait lapider.

Q: ... et fait l'apologie du terrorisme?
Il faut poser la question à l'Islam: pourquoi la tentation terroriste est-elle partagée par un si grand nombre de musulmans qui viennent de différents peuples? Les racines de ce terrorisme islamique existent bien dans les textes fondateurs. C'est ce qui explique sa force d'attraction dans le monde musulman. Ses chances de survie dans les années qui viennent sont réelles.
Le recours à l'Islam violent, justicier, est une grande tentation pour certains musulmans, pour pouvoir se faire entendre par la terreur comme l'avait fait le Prophète à Médine. Le Coran comporte un grand nombre de sourates «fulminantes» et de versets «colériques».

Q: La Bible contient aussi des passages qui pourraient être interprétés comme des incitations à la violence et le catholicisme n'est pas exempt d'excès...
C'est vrai, mais l'Evangile et le Coran ne peuvent pas être mis sur le même pied car ils n'ont pas les mêmes conséquences pour la société. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut exonérer le catholicisme de ses sanglants dérapages, que l'on songe seulement à l'Inquisition. Mais, c'est dans la pérennité que les conséquences varient. Dans le Coran, on établit une différence entre les êtres humains, alors que dans l'Evangile tous sont sur pied d'égalité. Par ailleurs, et surtout, entre les deux religions le statut du texte n'est pas le même. Chez les chrétiens, Dieu s'est fait homme, on parle d'incarnation et Jésus est un modèle. Chez les musulmans, Dieu s'est fait verbe, on parle d'«inverbation», c'est le texte qui est le modèle. Les musulmans sont victimes du poids de leurs textes qui ne peuvent plus être modifiés. C'est ce que Derrida a appelé la «clôture des textes».

Q: Vu ce que vous pensez des textes fondateurs de l'Islam, faire de la critique historique pour les musulmans ne risque pas de donner du grain à moudre aux plus intégristes?
Il existe un principe chiite qui n'est pas sans intérêt: la restriction mentale. Les musulmans peuvent en effet avoir recours à cette pratique dès lors qu'ils se trouvent en territoire infidèle. Autrement dit: dans cette circonstance, ils disposent d'une latitude à ne pas révéler les choses, à tricher avec les textes en quelque sorte quand le contexte le commande. Cela se vérifie d'ailleurs dans la vie de tous les jours. Les textes commandent que le pèlerinage du «Hadj» en Arabie saoudite se fasse à pied, aujourd'hui tout le monde s'y rend en avion.

En vérité, l'Islam progressiste existe, mais il ne pourra se développer qu'en dehors des textes.[Note du webmaster : l'Islam progressiste ne sera plus l'islam et ses adeptes ne seront plus des musulmans, tout comme les protestants ne sont pas des "catholiques progressistes". Ces pseudo-musulmans seront des traitres au véritable islam, des apostats, donc passibles de la peine de mort prévue par le véritable islam.] Cela dit, cette évolution est inéluctable. Les musulmans ne peuvent plus éviter la civilisation de l'image - alors que celle-ci est pourtant interdite par le Coran - leur religion n'y résistera pas.

Q: Tout part des textes selon vous, mais les conflits géopolitiques ne sont-ils pas aussi de nature à alimenter les extrémismes?
Bien sûr, mais de nouveau cet extrémisme ira puiser sa raison d'être et sa justification dans les textes. Vous savez, les juifs et les musulmans sont par les textes plus proches entre eux que des chrétiens. Leurs textes contiennent des propos mortifères et de nombreux interdits... On ne peut pas faire abstraction des textes fondateurs et on ne peut pas non plus nier leur différence.
Dans l'Evangile, Jésus a pardonné à la femme adultère, dans la Sunna elle est condamnée à la lapidation. Certains argueront qu'il s'agit d'un droit virtuel, que certains mystiques musulmans comme les Soufis sont parvenus à se décoller de cette interprétation littérale. Reste qu'à observer la vie dans certains pays islamiques, on se dit que les textes ont encore de beaux jours devant eux.

Q: L'expansionnisme des codes de conduite occidentaux - notamment grâce aux images - n'est-il pas de nature à affaiblir l'influence de ces textes?
Oui et non. Il est vrai que les codes occidentaux - comme la séparation des pouvoirs temporels et séculiers, par exemple - deviennent petit à petit la norme dans les pays musulmans. Mais, il n'en demeure pas moins que certaines pratiques religieuses persistent bien plus que dans d'autres confessions.
Il est très difficile pour un musulman de se détacher de sa culture religieuse islamique car il s'agit d'une culture complexe qui régit la vie des individus dans les moindres détails, mêmes les plus intimes comme la manière de faire l'amour. L'évolution est bien sûr quelque peu différente dans nos contrées. La laïcité obligatoire a pour conséquence d'opérer une distanciation. A titre d'exemple, les prescrits de l'Islam interdisent aux femmes de s'habiller en hommes. Aujourd'hui, la plupart de mes étudiantes d'origine musulmane sont habillées en pantalon. Il est clair que l'on assiste à la naissance d'une culture concurrente à l'Islam, même si issue de cet Islam matriciel.

Sommaire et extraits :
 
introduction
[…] Au risque de choquer, il faut avoir le courage de dire que l'intégrisme n'est pas la maladie de l'islam. […] L'Islam des intégristes, des islamistes, c'est tout simplement l'Islam juridique qui colle à la norme. […]

  1. Mahomet, le beau modèle ?
    […] Le meurtre politique est considéré comme une campagne militaire. […]
  2. L'Islam et la guerre ?
    […] Il y a deux sens au mot djihâd, mais on ne peut nier que dans l'histoire de l'Islam, c'est le sens matériel et guerrier qui l'a largement emporté […]
  3. L'Islam et l'assassinat politique ?
    […] Ce qu'on n'ose pas dire c'est que l'assassinat et le martyre sont justifiés et justifiables à partir des seuls textes fondateurs de l'Islam, le Coran et la Sunna […]
  4. L'Islam et le terrorisme ?
    […] Il faut faire peur pour s'imposer. Mahomet l'avait compris à Médine et les divers courants de l'Islam n'ont fait, au cours de l'histoire, que suivre l'exemple de leur prophète. […]
  5. L'Islam et la femme ?
    […] La femme en tant que telle ne vaut rien […]
  6. L'Islam et les Juifs ?
    S'agissant des Juifs, c'est le terme diatribe qu'il faudrait employer pour décrire le style du Coran à leur égard. Mais le mot paraît encore trop faible. Il faudrait ajouter « imprécation », « exécration », « anathème ». […] pourquoi pleurer sur ces traîtres perfides qui incarnent le pire de l'humanité ! […]
  7. L'Islam et les chrétiens ?
    […] Pour les juristes musulmans, les textes les plus militants, les plus « durs » abrogent les dispositions antérieures autorisant une attitude expectante envers les polythéistes, les juifs, les chrétiens, les sabéens et les zoroastriens […]
  8. L'Islam et les animaux ?
    […] dans les pays d'Europe, il n'est pas rare de voir un petit chien traité comme un prince […] cette attitude répugne les musulmans […]
  9. L'Islam et les images ?
    Plusieurs versets coraniques condamnent les idoles et dans la sunna on trouve l'interdiction de la représentation figuré […] Mahomet détruisait les croix, les images, les instruments de musique […]
  10. L'Islam et la science ?
    […] l'« esprit scientifique » qui aurait jadis rayonné dans les cités musulmanes, il relève en grande partie du mythe. Il caractérisait surtout un très petite élite qui n'avaient que le mot d'Aristote à la bouche et étaient traités d'hérétiques et vomis par le peuple et par les théologiens juristes […]
  11. L'Islam et la sexualité ?
    […] les musulmans sont purs et purifiés alors que les infidèles ne sont qu'impureté. […]
  12. L'Islam et l'argent ?
    […] le commerce est vu avec faveur par le Coran et la tradition, contrairement à l'agriculture qui, elle, est méprisée. […]
  13. L'Islam comme communauté ?
    […] Tout musulman est responsable de son frère et il a le devoir de le remettre sur le droit chemin. Ce droit d'intervention que justifie la religion va être élargi lorsque le musulman se trouve en territoire ennemi, sur le sol Européen par exemple. […]
  14. L'Islam et la loi ?
    […] Du berceau jusqu'a la tombe, le musulman est ligoté dans un réseau de prescriptions dont il ne saurait se libérer. […]
  15. L'Islam et la politique ?
    […] Si Mahomet fut entendu, c'est à cause du bruit des armes, de ses razzias réussies, de ses calculs politiques. Sa religion ne fut acceptée que parce qu'il s'était fait craindre militairement. Le rôle de Mahomet dans sa société d'origine semble donc s'être inscrit d'abord bien plus en politique qu'en quelque forme de croyance. […]
  16. L'Islam et le mysticisme ?
    […] Ceux qui sont mystiques répandent le mensonge sur la terre. Leur rétribution sera la mort et la crucifixion. Le Coran le dit clairement […]
  17. L'Islam et les droits de l'homme ?
    […] L'homme n'est pas, par lui même, sujet de droits […] C'est le fait d'être croyant musulman qui lui donne le droit d'être respecté, pas le fait qu'il soit homme. […]
  18. L'Islam et l'Occident ?
    […] C'est la famille musulmane nombreuse qui finira par redonner aux pays musulmans leur force, tandis que l'Occident décadent et stérile s'enlisera avec sa population vieillissante, parquée dans des asiles […]
  19. L'Islam et la laïcité ?
    […] ouvrir des brèches dans la laïcité pour faciliter l'émergence d'un islam communautaire, c'est justifier toutes les contraintes et tous les obscurantismes, surtout pour la femme. […]
  20. L'Islam et la démocratie ?
    […] la démocratie, souveraineté exercée par le peuple, est un concept étranger à l'Islam. […] la démocratie avec les mots Liberté,, Egalité, Fraternité, va à l'encontre de la philosophie qui sous-tend l'Islam. […]
  21. Islam contre islamisme ?
    […] dans la plupart des pays musulmans se développe ce que certains continuent d'appeler « islamisme » […] alors qu'il s'agit purement et simplement d'application intégrale et rigide de l'Islam des textes, laquelle est demandée par une partie du peuple, y compris la jeunesse […]
  22. L'Islam et la modernité ?
    […] S'agissant de la philosophie, il est impossible de conclure que l'Islam est moderne […] en ce qui concerne la technique, les sciences modernes, l'Islam a « accepté » la modernité […]
  23. Le Coran intouchable ?
    […] Même les plus modérés des musulmans considèrent le Coran sacré dans sa totalité. Pourtant certaines prescriptions coraniques parlent de l'esclavage ! […]
Conclusion
[…] « Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques et les mosquées nos casernes »
 
bibliographie

Quelques éléments de la biographie de Mahomet...
Mahomet, le beau modèle ? (pages 17-18-19)
Il est surprenant de constater la différence qui existe entre l'image négative du prophète Mahomet chez les non-musulmans et l'image plus que positive du même prophète chez les fidèles de l'Islam. Saint Jean Damascène, célèbre théologien syrien du VIIIe siècle, considère Mahomet comme un faux prophète : « II alla disant qu'une Ecriture lui était tombée du ciel. » Si Mahomet, en Occident chrétien, est qualifié de fourbe, barbare, démoniaque, pillard, sanguinaire, stupide, bestial, arrogant, c'est certes à cause de ses très nombreux mariages mais aussi en raison de ses expéditions militaires où il a été amené à verser le sang, à s'attribuer des captives de guerre, à partager le butin. Martine Gozian, dans son livre sur l'islamisme (Martine Gozian, Pour comprendre l'intégrisme islamiste, Albin Michel, « Espaces libres », 1995.), ne craint pas de dire qu'il y a deux Mahomet. Un Mahomet fasciné par l'exemple de Jésus, attiré par la prière, sensible à la tendresse et à la douceur, et un Mahomet, celui de Médine, qui va se montrer parfois rancunier, cruel, conquérant : « Aucune grille d'explication de l'Islam ne peut passer sous silence cette dualité. » Le prophète aux deux visages. Or les musulmans honorent particulièrement le Mahomet de Médine. D'après un hadîth : « L'Islam est attaché à Médine comme le serpent à son trou. » II est vrai aussi que c'est bien à Médine que le culte musulman s'organise. C'est là surtout que Mahomet apparaît comme une figure politique et militaire triomphante. Toute la construction de l'Islam politique, avec le califat, toute l'organisation juridique et pratique de la communauté dans les différents aspects de la vie quotidienne, prennent comme modèle la période de Médine entre 622 et 632. Si certains musulmans s'autorisent à « liquider » les impies, c'est que non seulement le Coran a des versets extrêmement durs pour les ennemis d'Allah, mais le Prophète lui-même a montré l'exemple en incitant parfois ses partisans à commettre des assassinats pour le bien de la communauté. La biographie de Mahomet d'Ibn Ishâq relate nombre d'épisodes où l'on constate, que la sensiblerie n'était pas de mise quand il s'agissait de lutter contre les ennemis de l'Islam. Le meurtre politique est considéré comme une campagne militaire. Ces premières biographies du Prophète, celle d'Ibn Ishâq ou d'Ibn Hicham, ne se sentaient nullement gênées de rapporter les épisodes où le Prophète avait fait couler le sang. Mais les biographies « islamiques » modernes, ceci depuis 1950 avec des Egyptiens comme Haykai, 'Aqqad, sont conscientes du regard occidental, les biographes étant eux-mêmes des intellectuels musulmans occidentalisés. Alors ces derniers cherchent à justifier le comportement politique du Prophète, reprenant à chaque fois le jugement de Lamartine qui place Mahomet au-dessus des grands hommes de l'humanité. Même des biographes musulmans qui écrivent au XXIe siècle, comme le Libanais Salah Stétié, se sentent encore obligés de présenter une biographie acceptable pour un regard occidental, en gommant ou en atténuant les assassinats politiques ordonnés ou du moins encouragés par leur prophète ! Mahomet se heurte, dans l'inconscient collectif non musulman, à Jésus, chaste et non violent. L'imaginaire occidental est dans l'impossibilité d'associer la spiritualité à des images de violence, de vengeance, de sensualité. Un prophète qui avoue aimer par-dessus tout les femmes et les parfums, qui laisse opérer des massacres - même s'il aime aussi beaucoup la prière - a peu de chance d'emporter l'adhésion d'une mentalité façonnée par des siècles de tradition évangélique. L'exemple d'un Mahatma Gandhi ou celui d'un Dalaï Lama sont valorisés par l'Occident parce qu'ils incarnent une spiritualité universelle qui privilégie la non-violence et la compassion. Mahomet aura toujours beaucoup de mal à être considéré par les non-musulmans comme un authentique homme de Dieu.

(pages 26 à 34)
De plus, d'après le comportement du Prophète à Médine, l'assassinat politique est tout à fait licite. Il suffit de se référer à la chronique de Tabari ou à la biographie du Prophète pour le constater. Voici comment Tabari raconte quelques-uns de ces assassinats, au retour de la bataille de Badr, une merveilleuse victoire pour les musulmans mais qui semble n'avoir été qu'un coup de main réussi (Cf. Notre livre sur Mahomet, Desclée de Brouwer, 2003.)

« II y avait une femme du nom d'Asmâ bint Marwan. Elle faisait des vers particulièrement insultants pour le prophète de l'Islam. Quand ces vers furent rapportés à Mahomet, il dit tout haut : "Est-ce que personne ne me débarrassera de la fille de Marwan ?" Il y avait là un homme du clan de la poétesse, Omayr Ibn 'Adi. II n'avait pas été à Badr. Bonne raison pour faire preuve de zèle. Le soir même il s'introduisait chez elle. Elle dormait au milieu de ses enfants. Le dernier, encore au sein, sommeillait sur sa poitrine. Il la transperça de son épée et le lendemain alla trouver l'Envoyé de Dieu. Il dit : "Envoyé de Dieu je l'ai tuée !" "Tu as secouru Allah et son Envoyé ô Omayr", répondit celui-ci. Omayr demanda :

"Est-ce que je supporterai quelque chose à cause d'elle. Envoyé d'Allah ?" Il dit : "Deux chèvres ne choqueront pas leurs cornes pour elle !" Omayr retourna alors dans son clan où ce jour-là, il y avait une grosse émotion au sujet de la fille de Marwan. Elle avait cinq fils et la vengeance pouvait être demandée. Omayr s'adressa à son clan : « 0 Banû Khatma ! J'ai tué la fille de Marwan. Tramez quelque chose contre moi mais ne me faites pas attendre. [Cette phrase est une citation du Coran.] Personne ne bougea. » L'annaliste poursuit : « Ce jour-là fut le premier où l'Islam se montra puissant chez les Banû Khatma. » Le coup avait réussi. L'exploit de Omayr est classé par les chroniqueurs musulmans parmi « les expéditions du Prophète ».

Le mois suivant, le poète centenaire Abou 'Afak fut tué pendant son sommeil, à cause de quatre vers contre Mahomet. Le Prophète avait prononcé négligemment : « Qui me fera justice de cette crapule ? » Quelqu'un se chargea de l'opération.

Mais l'assassinat politique le plus connu est celui de Kaab Ibn Achraf. C'était un poète de Médine, juif par sa mère, qui n'avait cessé de tourner le prophète de l'Islam en dérision. Lorsqu'il apprit le succès de Badr, il se rendit à La Mecque pour inciter les Mecquois à la vengeance. Et là, Mahomet, excédé, ordonne son assassinat, mais de manière détournée, comme un parrain qui lance un contrat sur quelqu'un : « Qui veut me délivrer de Kaab Ibn Achraf ? » La plus ancienne biographie de Mahomet, celle d'Ibn Ishâq (Publiée en français aux Editions Al-Bouraq, à Beyrouth en juin 2001), traite longuement des campagnes et expéditions des musulmans à l'époque du prophète. Et parmi les expéditions, on trouve « Les assassinats politiques ». Le premier assassinat perpétré sur l'ordre de Mahomet est ce que le traducteur, Abdul Rahman Badawi, intitule « Le meurtre de Kaab b. Al-Ashraf (15. Tome II, p. 18.)». Kaab b. Al-Ashraf était un homme de la tribu de Tayy et sa mère était des Banû al-Nadîr. C'était un poète. Il détestait Mahomet et ne comprenait pas que le réfugié de La Mecque ait fait tuer à Badr des nobles Quraychites. Il ne cessait d'exciter les Mecquois à la vengeance. Il composait des poèmes érotiques visant à détruire la réputation des femmes musulmanes. Alors l'Envoyé d'Allah dit : « Qui me débarrasserait d'Ibn Al-Ashraf? » Muhammad b. Masiamah répondit :

« Moi, ô Envoyé d'Allah, je m'en chargerai, je le tuerai. » L'Envoyé de Dieu lui dit : « Fais-le si tu peux. » Ibn Masiamah dit : « 0 Envoyé d'Allah ! Nous serons obligés de dire des paroles trompeuses. » L'Envoyé d'Allah répondit : « Dites ce que vous voulez : cela vous est permis. » Et l'assassinat se prépare. L'épisode largement développé par Ibn Ishâq est ici résumé tant les détails sont insoutenables par leur inconsciente cruauté. « Plusieurs hommes s'étaient associés pour tuer Kaab. La nuit ils se promenèrent avec le poète. Un poète Abu Nâ'ilah se montrait fort gentil avec Kaab. Il introduisait sa main dans ses cheveux en disant : "Je n'ai jamais senti un meilleur parfum." Ils marchaient pendant plusieurs heures, ceci pour mettre en confiance le poète juif. Puis soudain Abu Nâ'ilah saisit les cheveux de la tête de Kaab en disant : "Frappez cet ennemi de Dieu !" Ils le frappèrent et leurs épées qui se croisaient sur Kaab ne pouvaient cependant l'achever. Muhammad b. Masiamah dit : "Quand je vis que nos épées ne serviraient à rien, je me suis souvenu d'un couteau attaché à mon épée. Je le pris et l'enfonçai dans son bas-ventre et je me pressai sur lui jusqu'à ce que j'atteigne le pubis. Alors Kaab tomba par terre." » L'assassinat du poète juif est largement traité sur sept longues pages (p. 18 à 25) et le récit de cet acte est justifié par Ibn Ishâq qui cite les vers de Hassan b. Thâbit : « Ils cherchaient la victoire pour la religion de leur prophète regardant comme peu de chose tout acte inique. »

Les cas de meurtre recensés par Ibn Ishâq sont nombreux et ils occupent une partie importante du deuxième volume. C'est le cas par exemple de l'assassinat du juif Satam b. Abî Al-Huqayq qui se trouvait dans la ville de Khaybar. La tribu arabe médinoise des Aws avant la bataille de Uhud, avait tué Kaab Ibn Al-Ashraf. La tribu médinoise arabe des Khazraj, qui ne veut pas être en reste, demande à Mahomet la permission de tuer un juif qui comme Kaab était un ennemi de Mahomet. L'envoyé d'Allah leur en donna la permission. Là encore, l'assassinat fut collectif et perpétré par ruse : cinq hommes de la tribu des Khazraj allèrent à Khaybar pour exécuter le plan. Ils se font passer pour des acheteurs. « La femme d'Al-Huqayq demanda : "Qui êtes-vous ?" Ils répliquèrent : "Nous sommes des Arabes et nous cherchons de l'approvisionnement en grains." La femme dit : "Voilà votre homme, entrez chez lui." Quand ils entrèrent ils fermèrent la porte et avec leurs épées ils l'attaquèrent alors qu'il était sur son lit. L'ayant déjà poignardé, Abd Allah b. 'Unays lui enfonça encore son épée dans le ventre de telle sorte qu'elle ressortit de l'autre côté. Ils retournèrent à Médine. Ils entrèrent chez Mahomet et l'informèrent de la mort du juif. Mais chacun prétendait l'avoir tué. Alors l'Envoyé d'Allah dit :

"Apportez-moi vos épées." Ils les lui apportèrent. Il regarda et se référant à l'épée de 'Abd Allah b. Unays il dit : "Celle-ci l'a tué car j'y vois la trace de la nourriture." »

Mais il est un autre assassinat politique que l'on ne saurait oublier. Il s'agit de celui de Kinânah b. al-Rabî, un juif important de Khaybar. Chez lui était censé se trouver le trésor des banû al-Nadîr, la tribu juive chassée de Médine. L'envoyé d'Allah lui demanda où était ce trésor. Kinânah refusait de répondre. Après avoir trouvé une partie du trésor des Juifs, le prophète demanda à Kinânah où se trouvait le reste. Mais ce dernier refusa de l'indiquer. L'Envoyé d'Allah ordonna alors à Al-Zubayr de le torturer : « Al-Zubayr se mit à brûler avec un briquet sa poitrine, jusqu'à ce que Kinânah fût sur le point de mourir. Puis l'Envoyé d'Allah le livra à Muhammad b. Masiamah ; celui-ci lui coupa le cou, pour venger son frère Mahmûd b. Masiamah. » C'est la femme de Kinânah, Safiyya, que le Prophète prit comme épouse. Il n'eut pas la patience d'attendre le retour à Médine pour consommer le mariage. Un partisan de Mahomet, resté toute la nuit de noces a veiller, avec son épée, près de leur tente, dira au Prophète : « Je craignais la réaction de cette femme à ton égard. C'est une femme dont tu as tué le père, le mari et le peuple. » L'assassinat politique n'est pas sans troubler des musulmans contemporains comme Philippe Aziz, écrivain et journaliste de l'hebdomadaire Le Point (De son vrai nom Azîz Mahjoub, d'une famille tunisienne pieuse, qui a écrit Mahomet, le glaive, l'amour et la foi. Editions Ramsay, 1997.) qui parle de l'assassinat de Kaab Ibn Ashraf.

Salah Stétié, déjà cité, dans son livre sur Mahomet (Aux Editions Pygmalion, en l'an 2000.), a choisi, lui, d'occulter totalement tous les assassinats politiques commis à Médine. Son objectif est de présenter un Islam acceptable pour la mentalité occidentale. Roger Caratini, dans son Mahomet, parle bien du meurtre politique (p. 409). L'auteur de la fameuse Encyclopédie Bordas ne pouvait passer sous silence ce que toutes les biographies du prophète de l'époque abbasside relatent sans aucune gêne. Mais il sait qu'il écrit pour les Occidentaux et cet auteur du Génie de l'Islamisme (Aux Éditions Michel Lafon, 1996.), paraît justifier ce meurtre politique. « A ceux de nos lecteurs que ce récit scandaliserait il est à peine besoin de rappeler... qu'en Gaule depuis la mort de Clovis, en 511, le meurtre politique fleurissait chez les Francs au rythme de plusieurs assassinats par an ! La différence fondamentale entre ces actions sanglantes est importante. Le meurtre mérovingien est une sorte de meurtre successoral, par lequel on écarte un prétendant ou un rival. Le meurtre musulman est stratégique. » En d'autres termes pour Caratini, ce n'est pas Kaab Ibn Ashraf que condamne Mahomet, « c'est un rouage important du système, en l'occurrence un agent de communication et de propagande ». La mort de Kaab fit du bruit, raconte Caratini, et Muhammad ben Masiama l'exécuteur des hautes oeuvres se vanta d'avoir semé la terreur parmi les Juifs de Médine. Le prophète proclama devant ses fidèles :

« tuez tout juif qui tombera en votre pouvoir. »

Dans son livre sur Mahomet (Mahomet, aux Editions du Seuil, 1961), Rodinson parle des assassinats politiques. Ainsi au retour de Badr la rancune du Prophète se déchaîna contre deux prisonniers mecquois qui avaient dirigé contre lui des attaques intellectuelles. Ils s'étaient informés à des sources juives et iraniennes, lui avaient posé des questions difficiles. Ils s'étaient moqués de lui et de ses messages divins. Mahomet ordonna de les exécuter. L'un d'eux lui dit : « Et qui s'occupera de mes garçons Muhammad ? » II répondit : « L'Enfer » ! En fait l'assassinat fait partie des moyens utilisés par Mahomet pour émerger dans cette politique tribale et arriver à être suffisamment puissant pour qu'on ne songe pas à tirer vengeance de lui et de ses fidèles. Des partisans fanatiques entourent le prophète, prêts à exécuter les basses besognes. Mais c'est Mahomet qui « lance le contrat ». Faire peur, si peur que personne n'osera plus rien tenter contre lui, c'est la stratégie du prophète de l'Islam. Mais faire peur seulement quand il faut. Ainsi on lui rapporta des propos insultants tenus par Ibn Ubayy, le chef noble de la tribu arabe des Khazraj, le converti du bout des lèvres qui déteste Mahomet qui n'est pour lui qu'un vil, Omar lui dit : « Ordonne à Abbad Ibn Bishr de le tuer ! » Mahomet répondit :

« Comment cela Omar ? Et les gens diront que Mahomet tue ses compagnons ! » Ibn Ubayy, là-dessus, vint tout nier avec serment à l'appui. Les Médinois le soutinrent et Mahomet passa l'éponge. Plus tard Ibn Ubayy se comporta de telle façon que les Médinois le désapprouvèrent. Alors Mahomet dit à Omar : « Qu'en dis-tu, si je l'avais tué, par Allah, le jour où tu me l'as conseillé, les chefs médinois en auraient tremblé de rage et maintenant si je leur ordonnais de le tuer, ils le tueraient. »

Alors comment s'étonner des assassinats politiques au nom de l'Islam ? Le 29 juin 1992, le président algérien Mohammed Boudiafest assassiné à Annaba par un jeune officier de sa garde de sécurité. Déjà en octobre 1981, il y avait eu l'assassinat d'Anouar al-Sadate. Les deux assassins étaient de jeunes officiers d'élite gagnés aux idées islamistes. L'assassin égyptien s'appelle Khalid al-Istambuli ; l'assassin algérien Lembarek Boumaarafi. L'exemple égyptien a nourri l'imaginaire des militants, d'Alger à Téhéran et d'Istanbul à Djakarta. Khalid al-Istambuli a ses boulevards dans la république islamique d'Iran. Son frère est un orateur très demandé dans les milieux religieux. En 1992, l'essayiste laïque Farag Foda a fini par être assassiné au printemps. Mais en gardant à l'esprit l'exemple du Prophète, on n'est pas surpris par le comportement de ces musulmans qui débarrassent la communauté de ses corrupteurs.

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